CIVISME ET POLITIQUE

Le Civisme de Jésus

"Il allait de lieu en lieu, faisant du bien à tous."

  Civisme et politique 
vus du point de vue biblique

 à la lumière de Jésus

et de son évangile.


11 accélération de l'histoire

13 Voici l'homme

15-devoir de désobeissance

16 Jesus notre seul avenir

17-BABEL orgueil des hommes

18-92ans evolution

19 Dieu-la religion-l'Eglise

21-accueil-l'imminence de la fin

22-conduite-a-adopter

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24000-accueil-jerusalem.


Le Civisme de Jésus

1010 Définitions et remarques.

1020 Une "politique tirée de l'écriture sainte" ?

1030 Politique tirée de l'écriture sainte.

1040 Dieu ou César.

1050 Double citoyenneté de Jésus.

1060 Liberté et résistance.

1070 Soumission et obéissance.

1080 Morale d'anticipation.

 REFUS DU POUVOIR PAR JÉSUS.

 1090 Le refus du pouvoir par Jésus.

1100 Voici deux épées.

1110 Remets ton épée à sa place.

1120 Rendez à Dieu ce qui est à Dieu.

L'APPROBATION DIVINE

1130 Impatience et endurance.

1140 Approbation divine.

1150 Conclusion.

 


 

 

 

 
 La double "citoyenneté "de Jésus

Quelle était la citoyenneté de Jésus ? De quel pays était-il le citoyen ? Ces termes modernes ne sont guère utilisables pour préciser quelle était la situation juridique de cet habitant de Nazareth ( Galilée ) né à Betléem ( Judée ). Evidemment, en son temps, Jésus n'était pas un citoyen au sens que nous donnons à ce mot dans nos démocraties occidentales! Il ne possédait pas une nationalité au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Disons qu'il était plutôt un "sujet" relevant de plusieurs Pouvoirs politiques en même temps.

En tant que "juif" et comme tous les juifs résidant au pays d'Israël ou ailleurs, Jésus relevait de l'autorité politico-religieuse du Sanhédrin, ce grand conseil qui siégeait au Temple de Jérusalem et devant lequel il a comparu pour être jugé. Mais, par ailleurs, en tant qu'habitant de la Galilée, il était ressortissant du pouvoir politique du roi Hérode mis en place par l'"imperium", le Pouvoir politique suprême de l'Empereur romain. Toutes ces régions, en effet, étaient sous la domination de César, de ses légats et de ses légions. C'est devant Pilate, le gouverneur romain que s'est terminé le procès de ce " Jésus de Nazareth, roi des Juifs".

" Quand Pilate apprit que l'enseignement de Jésus avait commencé en Galilée, il demanda si cet homme était galiléen. Ayant appris qu'il relevait de l'autorité d'Hérode, Pilate l'envoya à Hérode qui se trouvait aussi à Jérusalem ces jours-là"

( Luc 23. 1à 12 ).

Inutile de dire que c'est par force, et non par choix, que Jésus se trouvait sous la domination de ces différents pouvoirs. A leur égard il se sentait et se voulait totalement libre. Il n'hésitait pas à qualifier Hérode de "renard". Il disait fièrement à Pilate: " Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir si ce pouvoir ne t'avait été donné d'en-haut". Quand aux chefs religieux de Jérusalem chacun de nous sait quelle avalanche de " malheurs" il prophétisa à leur sujet ( voir Matthieu 23 )

Il est d'autant plus important de noter que Jésus, loin de prêcher ou d'organiser la révolte contre ces diverses autorité politiques, établies de fait, les a toujours respectées et reconnues. Ce qui ne veut pas dire qu'il les ait sacralisées ! Ni qu'il les ait servies ! Pour employer un terme moderne ( l'État ) disons qu'il n'a été ni rebelle contre l'État ni un collaborateur de l'État.

En réalité, et en profondeur, le prophète de Nazareth était serviteur d'Adonaï, le Seigneur d'Israël. Uniquement de Lui! Il se voulait le "ressortissant" du Royaume d'IHWH et le " citoyen" de la Cité de Dieu, ce seul et unique Roi de Sion, d'Israël et de toute la terre. Et, pour lui, cette " citoyenneté-là" était absolument prioritaire et sacrée. Autant il se tenait à distance d'Hérode et de césar, autant il se donnait totalement à son "Père" et ne servait que Lui seul, son unique " Seigneur". En conséquence il n'est pas rigoureusement exact de dire que Jésus avait une double citoyenneté. Ne vaudrait-il pas mieux dire qu'au fond il n'avait qu'une seule citoyenneté, celle du royaume de Dieu qui arrivait en Israël et dont la " théocratie" remplirait un jour toute la terre?

 "La Théocratie", dit le dictionnaire " est le mode de gouvernement dans lequel l'autorité est censée émaner directement de la divinité et est exercée par une caste sacerdotale ou par un souverain considéré comme le représentant de Dieu sur la terre". ( Petit Robert ). C'était le cas en Israël: c'est au Temple du Seigneur, à Jérusalem, que Dieu régnait sur son peuple. Il le faisait par l'autorité des prêtres qui exerçaient en son nom un pouvoir religieux et politique. Ce pouvoir établi s'exprimait, par exemple à travers le prélèvement de l'impôt pour le Temple, la didrachme que tout juif devait payer. Jésus et ses apôtres payaient cette redevance, en loyaux ressortissants de la cité de Dieu et de son Temple. Ce n'était pourtant pas sans problème de conscience et un épisode relaté par l'évangile illustre bien les deux aspects du comportement civique de Jésus: d'une part la "soumission" à l'autorité ( même si elle est impie et dévoyée), d'autre part la distance contestataire prise à l'égard de ce pouvoir de droit divin:

 

"Lorsqu'ils arrivèrent à Capharnaüm, ceux qui percevaient les didrachmes s'adressèrent à Pierre, et lui dirent: Votre maître ne paie-t-il pas les didrachmes?Oui, dit-il. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus le prévint, et dit: Quel est ton avis Simon? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils des tributs ou des impôts? de leurs fils, ou des étrangers? Il lui dit: Des étrangers. Et Jésus lui répondit: Les fils en sont donc exempts. Mais, pour ne pas les scandaliser, va à la mer, jette l'hameçon, et tire le premier poisson qui viendra; ouvre-lui la bouche, et tu trouveras un statère. Prends-le, et donne-le-leur pour moi et pour toi. "

( Matthieu 17.24 à 27 )

Sans entrer dans l'examen détaillé de ce récit, notons seulement ici, comme dans tout l'Évangile, le double caractère de la morale civique de Jésus: d'un coté la liberté totale vis à vis des Pouvoirs établis dont il ne veut pas être le " sujet" sagement et prudemment soumis;de l'autre coté la volonté constante de rester subordonné aux autorités et à ses règles dans la mesure où le civisme ( plein d'amour et d'humour comme ici) n'oblige pas à désobéir à Dieu. D'une part une sainte liberté qui n'est pas celle d'un rebelle ou d'un " libertaire"; d'autre part une sainte " soumission" qui n'est pas celle d'un vassal des autorités ni d'un inconditionnel de l'obéissance à tout prix, au mépris de la volonté de Dieu.

Jésus savait désobéir quand il le fallait. Jésus n'a jamais été disponible pour prendre les armes ou se préparer à tuer. L'obéissance au Père est son " éthique".

Suite

 

Georges SIGUIER  1920--2016
 (Pasteur, Église réformée de France)  


  

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