CIVISME ET POLITIQUE

Le Civisme de Jésus

"Il allait de lieu en lieu, faisant du bien à tous."

 Civisme et politique 

vus du point de vue biblique

 à la lumière de Jésus 

et de son évangile.


11 accélération de l'histoire

13 Voici l'homme

15-devoir de désobeissance

16 Jesus notre seul avenir

17-BABEL orgueil des hommes

18-92ans evolution

19 Dieu-la religion-l'Eglise

22-conduite-a-adopter

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Le Civisme de Jésus

 1010 Définitions et remarques.

1020 Une "politique tirée de l'écriture sainte" ?

1030 Politique tirée de l'écriture sainte.

1040 Dieu ou César.

1050 Double citoyenneté de Jésus.

1060 Liberté et résistance.

1070 Soumission et obéissance.

1080 Morale d'anticipation.

LE REFUS DU POUVOIR 

PAR JÉSUS.

 1090 Le refus du pouvoir par Jésus.

1100 Voici deux épées.

1110 Remets ton épée à sa place.

1120 Rendez à Dieu ce qui est à Dieu.

L'APPROBATION DIVINE

1130 Impatience et endurance.

1140 Approbation divine.

1150 Conclusion.

 

 


 

 

 Liberté et Résistance

Au sujet de la relation entre César et Dieu il y a la fameuse parole de Jésus qui est devenue une locution proverbiale, du moins pour la première partie de la phrase: " Rendez à César ce qui est à César...." ( rendez à chacun son dû).

Nous retrouvons ce texte dans un épisode que nous rapportent les évangiles synoptiques: Marc 12. 13 à 17, Matthieu 22 . 15 à 22 et Luc 20. 19 à 26 . 

" Les maîtres de la loi et les chefs des prêtres cherchèrent à mettre la main sur Jésus à l'heure même, mais ils craignirent le peuple. Ils avaient compris que c'était pour eux que Jésus avait dit cette parabole.

Ils se mirent à observer Jésus; et ils envoyèrent des gens qui feignaient d'être justes, pour lui tendre des pièges et saisir de lui quelque parole, afin de le livrer au magistrat et à l'autorité du gouverneur.

Ces gens lui posèrent cette question: Maître, nous savons que tu parles et enseignes droitement, et que tu ne regardes pas à l'apparence, mais que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité. Nous est-il permis, ou non, de payer le tribut à César?

Jésus, apercevant leur ruse, leur répondit: Montrez-moi un denier. De qui porte-t-il l'effigie et l'inscription? De César, répondirent-ils. Alors il leur dit: Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Ils ne purent rien reprendre dans ses paroles devant le peuple; mais, étonnés de sa réponse, ils gardèrent le silence."

 Nous voilà, n'est-ce pas, en plein dans le politique, au coeur du domaine " politique, là où la position "civique" adoptée met en jeu la vie ou la mort. Jésus y est en plein milieu. Il est déjà un condamné à mort, il le sait bien. Les chefs d'Israël ont décidé son arrestation et la question qu'ils lui font poser par leurs émissaires n'a pas d'autre but que d'étoffer le dossier de son inculpation. la réponse de Jésus ne sera donc pas une prédication sur les " relations de l'État et de l'Église" ( vieux thème de spéculations théologiques!) mais, avant tout l'art, plein de sagesse inspirée, de déjouer un traquenard.

"Le piège est fort habile; répondre non, c'est risquer la dénonciation, auprès des autorités romaines, comme partisan de la thèse des zélotes pour qui le refus de l'impôt est un devoir religieux, ( voir Luc 23.2 )....En revanche, si Jésus avait répondu oui, on aurait eu beau jeu de le faire passer pour "collaborateur" et lui attirer ainsi la colère du peuple qui haïssait ce tribut, signe de sa servitude politique....mais Jésus retourne le piège contre ses auteurs." ( L'Eplattenier, évangile de Luc, page 226 ).

Comment fait-il pour déjouer ce piège ? Je suivrai ici Eugène Drewermann, qui selon son habitude, s'attache à montrer la pleine humanité du jeune prophète juif, "à quel point " (dans son civisme !) " Jésus apparaît chaleureux, proche, attachant" ( page 305 et suivantes de son commentaire de Marc:" La parole et l'angoisse"..) "Au piège mortel qu'on lui tend, il répond avec une ironie brillante:" apportez-moi un denier, que je le voie": un denier, une piécette de quelques francs, mais romaine. N'en aurait-il jamais vu ? Si, bien sur ! Et il sait donc qu'on y lit à coup sûr l'inscription: " Tibère César, fils auguste du divin Auguste"; expression blasphématoire aux yeux des juifs, puisqu'elle symbolise le pouvoir de l'empereur et le culte divin qu'on lui rend. " On lui tendit alors un denier". Bien que pharisiens et hérodiens ne l'aient pas encore compris, ils sont en train de donner eux-même la réponse à leur question: car cette monnaie, au sujet de laquelle ils font tant d'histoire, ils en possèdent !"

Ils en possèdent !! Les voilà, eux pris au piège. Les deniers de César qu'ils manipulent et dont ils profitent, eux les détenteurs du pouvoir établi, sont la preuve irréfutable qu'ils sont les serviteurs, les valets de l'Empereur étranger. Ah ! malgré toutes vos explications théologiques, vous trouvez normal de tirer profit de votre collaboration avec l'idole exécrable et de vos silences complaisants; eh bien ! Si César vous réclame de lui payer son impôt, cet argent qui lui appartient, quoi de plus normal que de lui payer son dû, de lui rendre ce qui est à lui et de lui restituer ces pièces fabriquées à son effigie ! Si vous appartenez à César " rendez donc à César ce qui est à César", remboursez !

Mais lui, Jésus, ne possède pas de tels deniers: la petite caisse commune de sa communauté ( d'ailleurs tenue par Judas le traître, selon Jean 13.29 ) se contente des pièces de cuivre utilisées pour l'usage banal des achats quotidiens. Est-il faux de dire que Jésus n'a rien à faire avec César, qu'il ne lui " appartient" nullement et qu'il ne peut subir son joug démoniaque, jusqu'à en mourir supplicié ?

Ne soulignons pas ici sa divinité, soulignons plutôt sa merveilleuse humanité de rabbi juif totalement engagé, parla foi, dans le débat politico-religieux de son temps." Dans sa réponse, Jésus fait preuve d'une incroyable mesure de liberté intérieure et d'indépendance, face à des gens incapables de réfléchir à Dieu autrement qu'en termes d'administration, de pouvoir ou d'opportunisme politique: Ils sont entièrement déterminés par la tradition, le consensus du groupe ou la rigidité dogmatique." ( page 305 - 311 " la Parole et l'angoisse").

Oui, Jésus est libre et indépendant, en position permanente de résistance à toutes les séductions du pouvoir et de l'argent comme à toutes les intimidations des violents, romains ou juifs. Son civisme à lui est cette souveraine liberté de dire ce qu'il a à dire, aussi bien aux gens " hauts placés" qu'aux petites gens. Même à la table du pharisien qui l'a invité, il se permet de donner à son hôte une leçon de civilité en même temps qu'un grand enseignement sur le pardon ( Luc 7. 36 à50 ).

Car son mode d'action civique, au service de son peuple, c'est sa parole, c'est le témoignage, c'est l'enseignement et la prophétie: armes "spirituelles", je veux dire" armes données par le Saint esprit". Et son inspiration, c'est l'amour avec cette "option préférentielle pour les pauvres, les petits,les étrangers,les exclus, les femmes et les enfants.  Rien n'exprime mieux un tel civisme que ces promesses solennelles qu'on a l'habitude d'appeler les " Béatitudes". Je citerai la version qu'en donne Luc: 6. 20 à26 .

"Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit:

Heureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous!

Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés!

Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie!

Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme!

Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.

Mais, malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation!

Malheur à vous qui êtes rassasiés, car vous aurez faim!

Malheur à vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et dans les larmes!

Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous, car c'est ainsi qu'agissaient leurs pères à l'égard des faux prophètes!"

 Après des paroles aussi subversives et provocantes comment pourrait-on dire de Jésus qu'il est un non violent mou, passif, désengagé et résigné ?

En réalité, oui , Jésus de Nazareth a voulu être et a été totalement un non-violent radical, à la fois par amour pour ses ennemis et pour son Dieu. A celui-ci il laissait l'activité de punir les méchants et de réprimer le mal (=l'oeuvre de "colère" selon le sens théologique de ce mot dans la bible). Quant à lui il se bornait à annoncer les " jours de la colère" et à proclamer le jugement mérité par les adversaires de Dieu, par exemple dans la longue série des "Malheur sur vous scribes et pharisiens hypocrites....." ( Matthieu 23 et 24 ). Mais il s'interdisait toute violence à l'égard des hommes quels qu'ils soient ( par exemple Luc 9. 51 à 56 ). Car c'est sur lui même, volontairement, qu'il a pris et porté sur la croix toute la violence humaine à l'oeuvre dans le monde: le "bouc émissaire" innocent dont parle si fortement le philosophe René Girard (" Celui par qui le scandale arrive" éditions D.D.B. )

Dans son acceptation de la croix, Jésus a mis le comble à son civisme d'amour et à sa non-violence radicale:

" Père, pardonne leur car ils ne savent pas ce qu'ils font" ( Luc 23.34 )
Suite

 

 Georges SIGUIER  1920--2016
 (Pasteur, Église réformée de France)  


 

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