CIVISME ET POLITIQUE

Le Civisme de Jésus

 
 Civisme et politique 

vus du point de vue biblique

 à la lumière de Jésus

et de son évangile.


11 accélération de l'histoire

13 Voici l'homme

15-devoir de désobeissance

16 Jesus notre seul avenir

17-BABEL orgueil des hommes

18-92ans evolution

19 Dieu-la religion-l'Eglise


 

CIVISME PRATIQUE PAR JÉSUS.

 1010 Définitions et remarques.

1020 Une "politique tirée de l'écriture sainte" ?

1030 Politique tirée de l'écriture sainte.

1040 Dieu ou César.

1050 Double citoyenneté de Jésus.

1060 Liberté et résistance.

1070 Soumission et obéissance.

1080 Morale d'anticipation.

 REFUS DU POUVOIR PAR JÉSUS.

 1090 Le refus du pouvoir par Jésus.

1100 Voici deux épées.

1110 Remets ton épée à sa place.

1120 Rendez à Dieu ce qui est à Dieu.

L'APPROBATION DIVINE

1130 Impatience et endurance.

1140 Approbation divine.

1150 Conclusion.

 


 

 

 

 Voici deux épées !

" C'est bien assez" !! " répondit Jésus. Pour l'usage qui doit être fait c'est plus que suffisant, leur précise-t-il,non sans une ironie tragique mais pleine de bienveillance. Mais citons l'épisode, selon le témoignage de l'évangéliste Luc:

"Il leur dit encore: Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans sac, et sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose? Ils répondirent: De rien. Et il leur dit: Maintenant, au contraire, que celui qui a une bourse la prenne et que celui qui a un sac le prenne également, que celui qui n'a point d'épée vende son vêtement et achète une épée. Car, je vous le dis, il faut que cette parole qui est écrite s'accomplisse en moi: Il a été mis au nombre des malfaiteurs. Et ce qui me concerne est sur le point d'arriver .Ils dirent: Seigneur, voici deux épées. Et il leur dit: C'est assez."
(Luc 22. 35 à 38)

Ch. L'Eplattenier commente ainsi: " cela suffit !" autrement dit: assez discuté sur ce point !

Cette chute du récit devrait arrêter dans leur élan ceux qui se risquent à une interprétation allégorique du genre de celle du pape Boni face VIII, selon laquelle ces deux glaives représentent le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel !

En effet, le récit montre le malentendu total entre Jésus et ses disciples, au moment même où va avoir lieu l'arrestation du Maître. Celui-ci sait très bien, et en a souvent témoigné d'avance, qu'il se refusera a toute résistance par les armes à ceux qui, en armes, viendront l'arrêter comme un "terroriste". Mais les conseils énigmatiques qu'il leur donne ( voir 35-38 ) leur tend un piège, en quelque sorte. Par l'invitation ( ironique ? ) à acheter une épée il provoque une réaction immédiate qui est un aveu: "Voici deux épées". Les disciples ont, sur eux, en tout cas deux épées qu'ils ont cachées, en se rendant avec Jésus de la chambre haute au mont des Oliviers: ils se préparent donc à combattre ! A coup sur, Simon Pierre est l'un de ces "soldats de l'ombre" qui cachent le poignard justicier sous le pli de leur vêtement. Jean l'évangéliste le dit clairement: " Simon Pierre, qui portait un glaive, dégaina et frappa le serviteur du grand prêtre auquel il trancha l'oreille droite; le nom de ce serviteur était Malchus. Mais Jésus dit à Pierre: " remets ton glaive dans son fourreau ! Comment ? Je ne boirais pas à la coupe que le Père m'a donnée ?" ( Jean 18.10 à 12 ).

Jésus lui n'a pas d"épée dissimulée sous sa robe. Car la "coupe" que le Père lui donne à boire jusqu'à la lie est à la fois le sort horrible qu'il doit accepter et la position radicale d'amour et de non-violence civique qu'il lui faut tenir, par la foi obéissante, jusqu'au bout. Non, il n'a jamais été et, cette nuit-là,il ne sera pas un meurtrier potentiel. Tandis que les siens, eux, sont des assassins en puissance. Nobles et héroïques assassins, certes, mais assassins quand même, en dépit de toutes les justifications théologiques des causes " justes". Pourra-t-il jamais exister une cause plus juste que la défense armée de ce " roi des juifs" menacé de mort ..?

Mais Jésus refuse l'intervention et l'aide militaire de ses adeptes dont certains sont pourtant d'anciens " zélotes" ayant l'expérience de la résistance violente contre l'ennemi et ses collaborateurs: " C'est assez! Ça suffit ! Vos épées me sont odieuses et nuisibles à ma cause ! Arrêtez!!"

L'Évangile de Matthieu, de son coté, apporte quelques compléments qui précisent les motivations de Jésus: à celui qui a frappé le serviteur du grand prêtre Jésus dit:" Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prennent l'épée périront par l'épée. Penses-tu que je ne puisse faire appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d'anges? Mais comment s'accompliraient alors les écritures selon lesquelles il faut qu'il en soit ainsi?" ( Matthieu 26. 51 à 55)

Le civisme de Jésus concilie et unit l'amour pour ses amis et l'amour pour ses ennemis: il guérit l'oreille de Malchus, il répare le mal produit par la violence de ses disciples et il arrête net le désastreux glissement de son Église vers la violence meurtrière.

Mais cette attitude du Maître est fondamentalement motivée par sa fidélité à son Dieu. Sa base n'a pas de rapport avec nos "valeurs humanistes" de tolérance ou de justice: elle est la foi obéissante à la volonté du Père, la confiance totale envers ce Père et la volonté de laisser au Père lui-même le soin de punir les méchants et de sanctionner leur injustice. Le civisme préconisé par la " morale laïque" n'a rien a voir avec cette morale de Jésus ( même, bien sûr, ces deux morales se recoupent sur de nombreux points).

J'ajouterai deux remarques, ou plutôt deux questions accessoires:

La première revient sur les mots" C'est assez!" et sur leur signification. la note c de la Traduction oecuménique de la Bible,T.O.B. dit ceci: Jésus n'exhorte pas à prendre les armes ! Certains interprètent: deux épées suffiront à faire apparaître Jésus comme un criminel." ( cf. aussi la note z de la même page 271). En effet, selon la loi de Moïse, deux témoignages concordants étaient suffisants pour constituer une preuve devant un juge. Cette interprétation trouve en moi un écho positif ( quoique très subjectif ) pour la raison suivante: en 1943, lorsque, avec les autres maquisards capturés par l'armée allemande, j'ai comparu devant le tribunal militaire il a suffi de deux armes ( un revolver et une carabine ) pour nous inculper "d'activités de francs-tireurs et d'intelligence avec une puissance étrangère en guerre contre l'Allemagne."

La deuxième question est la suivante: de quels " malfaiteurs" est-il question au verset 37 de Luc lorsque l'évangéliste applique à Jésus la prophétie d'Esaïe 53. 12 sur le serviteur souffrant? Bien entendu il n'est pas faux de penser aux deux " terroriste" crucifiés en même temps que Jésus, probablement deux patriotes "zélotes" convaincus de " crimes".

Pourtant je me demande si, ici chez Luc, les " malfaiteurs" en question ne sont pas les disciples eux-mêmes, démasqués comme porteurs d'armes par Jésus lui-même, le chef de cette troupe de rebelles: deux épées montrées au Maître ont été suffisantes pour prouver à Jésus que, décidément et selon la prophétie, il était entouré de meurtriers et, dés lors, justement condamnable au regard de la loi romaine ( la loi " de lèse-majesté de César").

En somme, nous les "chrétiens" qui utilisons les armes, ne sommes-nous pas ces " malfaiteurs" ?

Au lecteur d'en juger.

Suite

 

Georges SIGUIER  1920--2016
 (Pasteur, Église réformée de France)  


 

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