CIVISME ET POLITIQUE

Le Civisme de Jésus

"Il allait de lieu en lieu, faisant du bien à tous."

 Civisme et politique 

vus du point de vue biblique

 à la lumière de Jésus

et de son évangile.


11 accélération de l'histoire

13 Voici l'homme

15-devoir de désobeissance

16 Jesus notre seul avenir

17-BABEL orgueil des hommes

18-92ans evolution

19 Dieu-la religion-l'Eglise


 CIVISME PRATIQUE 

PAR JÉSUS.

 1010 Définitions et remarques. Une "politique tirée de l'écriture sainte" ?

1070 Soumission et obéissance.

 REFUS DU POUVOIR PAR JÉSUS.

 1090 Le refus du pouvoir par Jésus.

1100 Voici deux épées.

1110 Remets ton épée à sa place.

1120 Rendez à Dieu ce qui est à Dieu.


 

 

 Rendez à Dieu ce qui est à Dieu.

De la loi du talion à la révolution de la croix, de la logique de la guerre à la logique de l'amour, de la nécessité implacable des représailles au libre refus ôter la vie aux ennemis, privés ou publics: telle est l'immense différence et le contraste révolutionnaire entre Jésus et Moïse, entre son éthique et celle de tous les autres chefs, religieux et politiques, du monde présent.

Mais ne nous y trompons pas: cette opposition va plus loin qu'il n'y parait. En fait, il s'agit là de l'abolition des structures même de tout " État" et de n'importe quel système de gouvernement politique des sociétés humaines. Oui il s'agit-là de la " fin du monde" par la disparition de toutes les " Puissances, Autorités, Seigneuries, Dominations "....

C'est à dire de toutes les " têtes couronnées" dont les nations humaines ne peuvent se passer mais qui seront éliminées " par le souffle de l'Avènement du Seigneur." Voir: ( La Jérusalem divine et l'anarchisme de Dieu .( Finsdumonde:170-dieu_anar.html) et II Thessaloniciens 2. 8. (Biblethora-thessa202.html)

Quand Jésus dit :" restituez à César ce qui appartient à César", il prend ses disciples par rapport à ce Pouvoir mondial qu'il est loin de sacraliser en considérant l'Empereur comme un serviteur de Dieu " sanctifiable" ( si jamais, un jour, il devenait chrétien ! ). En réalité il n'a rien à voir ni à faire avec César, pas plus qu'avec les chefs d'Israël, si ce n'est de leur rendre le peu qui leur est dû, par exemple, l'impôt obligatoire. Mais agir en " citoyen", en " électeur", en " détenteur d'une parcelle de pouvoir régalien " comme les citoyens d'une République actuelle, voilà qui était sans doute fort loin de son horizon.

Son horizon, absolument" eschatologique" qui concerne la fin du monde était la proche arrivée du Royaume du Seigneur d'Israël, et de son Messie ( Psaume 2 ). Et c'est pourquoi sa proclamation du Règne ne faisait qu'un avec l'appel pressant à " se convertir" à Dieu en croyant à son Envoyé. "Se convertir" voulait dire exactement :" faire retour à Dieu", " revenir à Dieu", " se donner entièrement à Dieu", en vue du grand Jour de gloire et de jugement qui arrive. Or tel est bien le sens et la portée de la partie essentielle de la phrase par laquelle Jésus répond à la question-piège sur l'impôt:: " Restituez à Dieu, Rendez à Dieu, Remboursez à Dieu" ce qui est sa propriété, c'est à dire vos personnes et vos vies. Celles-ci sont marquées à l'image et à la ressemblance de Dieu ( Genèse 1. 26) tout comme le denier ( la pièce de monnaie ) portait l'effigie et l'image du " divin César". "Rendez donc à votre Dieu ce qui lui appartient " est ainsi l'appel ultime et solennel que, dans l'amour pour ses ennemis, Jésus adresse à ces gens venus pour le perdre et le détruire

Les autorités humaines ne sont rien, le Seigneur est tout. Il n'y a pas deux domaines dans la vie: le domaine où Dieu serait roi ( par exemple les " âmes" ou la vie " privée" ) et le domaine où "César " serait roi ( par exemple les "corps" ou la vie " publique et politique"). Pas davantage ne tient, pour Jésus, la distinction des deux " règnes" avec la sphère du " spirituel" où régnerait l'Église et la sphère du "temporel" où régneraient, de façon autonome, les logiques et les nécessités des pouvoirs étatiques, économiques, financiers et militaires. Non, pour Jésus, tout est à Dieu, tout est pour Dieu; et si cela mène à la croix, que cela mène à la croix ! Et si cela arrête le train de ce monde ( ce train "d'enfer" ! ), eh bien, que ce monde passe et qu'advienne la Royauté et le Royaume du Père ! Admirable politique du Messie !

La croix de Jésus a brisé le règne de la Nécessité ( "l'ananké" des grecs) et du Destin ( le " fatum" des latins). Selon les croyances religieuses de ces peuples,les dieux eux-mêmes sont obligatoirement soumis au Destin, à la nécessité. Ceux-ci sont les vrais dieux, souverains et tout puissants.

Et aujourd'hui, les théologiens sont nombreux à plier le genou devant ces idoles implacables et sourdes. Par exemple en présence du problème de la guerre "juste", ils n'hésitent pas à invoquer la nécessité "quand on ne peut pas faire autrement". C'est ainsi qu'un expert en " théologie morale", monseigneur de surcroît et responsable de Pax Christi, écrivait ceci en postface du beau témoignage d'un objecteur de conscience catholique:

" Il est indispensable que tous les chrétiens apprennent la non-violence car, suivant la doctrine classique de l'Église, il faut s'efforcer en principe et autant que possible de résoudre les conflits par les moyens de paix. Votre livre est un très beau témoignage."

" En principe et autant que possible...." écrit-il ! Hitler en disait autant: lorsqu'il pouvait s'emparer d'un pays voisin de l'Allemagne sans avoir besoin de recourir à la guerre il préférait de beaucoup cette solution. Lui aussi, " en principe" voulait la paix et lui aussi, "autant que possible" ne voyait dans la guerre que l'ultime recours! Mais on sait avec quel zèle il avait préparé son peuple et comment chaque allemand était disponible pour tuer.

Puisque " la doctrine classique de l'Église" est celle-là (" quand il le faut, nécessité fait loi" ) je dirai que cette doctrine " chrétienne" traditionnelle est une insulte au Christ, un baiser de Judas sur le visage de Jésus. Lui, Jésus, a eu pour " principe" civique et politique d'exclure radicalement de son coeur et de sa volonté toute disponibilité pour tuer un ennemi et pour apprendre, si peu que se soit, à tuer. Pour lui, la légitime défense armée était catégoriquement exclue d'avance et dans tous les cas. Non par "idéalisme" philosophique mais par conformité à la miséricorde de son Père qui, par amour, fait luire le soleil aussi bien sur les crapules que sur les justes ( Luc 6. 35-36, et 9. 51 à 56 ).

Le Dieu de Jésus n'est pas la "Nécessité" ! Il est IHWH: " Je suis qui suis" ( Exode 3. ) ( ou " Je serai qui je serai" ou " je serai celui qu'il me plaira d'être". Ce Dieu-là n'est pas soumis à la Fatalité ni au Destin ni à la Nécessité. Il est libre et rend libres ceux qui lui obéissent. Si son Fils Jésus dit: " ne faut-il pas que..." ou " il faut bien que....", notamment en présence de la mort à accepter, c'est en toute liberté, dans la foi que son Père ne peut qu'être fidèle à sa promesse. Et c'est à son Père qu'il laisse toujours l'autorité ultime et la sainte liberté d'user de la violence punitive et répressive s'il le veut.. Et cela toujours dans la perspective de ce " dernier Jour", de ce Jugement final où tous les humains sans exception seront mis en présence du Dieu unique qui, souverainement, " fera grâce à qui il voudra faire grâce".

Or, d'ici là, c'est uniquement de cette grâce et de cet amour divins que Jésus a été et reste le serviteur, le témoin.

Suite
 


Georges SIGUIER  1920--2016 (Pasteur, Église réformée de France)

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