Le Civisme de
Jésus "Il
allait de lieu en lieu, faisant du bien à
tous." vus du point de vue
biblique CIVISME PRATIQUE PAR JÉSUS. 1010 Définitions
et remarques. 1020 Une
"politique tirée de l'écriture sainte"
? 1030
Politique tirée de l'écriture
sainte. 1050
Double citoyenneté de Jésus. 1070
Soumission et obéissance. REFUS DU POUVOIR PAR JÉSUS. 1090
Le refus du pouvoir par Jésus. 1110
Remets ton épée à sa
place. 1120
Rendez à Dieu ce qui est à
Dieu. L'APPROBATION DIVINE
Impatience
et endurance. Les Évangiles
témoignent de l'impatience de Jésus et de
sa hâte à à mener rapidement à
son terme l'oeuvre que son Père lui a
confiée. Il sait qu'il n'a pas le temps de
ralentir sa marche vers le Règne, puisqu'il est
chargé de proclamer à tout son peuple que
ce Règne est proche. Tout comme Jean, son
précurseur, avait déjà
annoncé cette arrivée imminente du grand
Jour du Seigneur. Quand , par exemple, on lit les
premières pages de l'évangile de Marc, on
est frappé par cette hâte qui pousse
Jésus vers la réalisation de sa mission
messianique. Ce n'est pas de la
précipitation, ni de la fébrilité,
ni une fuite en avant les yeux fermés ! C'est une
sorte d'accélération méthodique et
raisonnée, nourrie de prière quotidienne.
La motivation de cette impatience n'a rien à voir
avec l'ambition de nos hommes politiques ni avec la
convoitise de l'esclave de notre société de
consommation qui veut avoir tout et tout de
suite. Voyez, au contraire, ce qu'est la
hâte du prophète dés qu'il quitte
Nazareth pour se " lancer", s'élancer vers le
Règne et vers....sa propre
royauté: "Les
foules se mirent à sa recherche, et
arrivèrent jusqu'à lui; ils
voulaient le retenir, afin qu'il ne les
quittât
point.
Mais
il leur dit: Il faut aussi que j'annonce aux
autres villes la bonne nouvelle du royaume de
Dieu; car c'est pour cela que j'ai
été
envoyé.
Et
il prêchait dans les synagogues de la
Galilée. Jésus ne se laisse pas
enfermer dans une localité de Galilée, il
faut qu'il aille vite dans toute la
Galilée. Et il ne se laisse pas enfermer en
Galilée, il faut qu'il aille aussi dans la
judée et il y va sans tarder. Et, pour
accélérer sa marche en avant, il s'associe
les douze et les envoie en mission devant lui. Puis il
recrute soixante dix missionnaires parmi ses disciples et
les envoie dans tout le pays. En envoyant les douze
apôtres il leur disait: Avant qu'arrive l'heure où,
devant tous les chefs d'Israël, Jésus
ligoté proclame: ( Matthieu 26.
64 ). Jésus se hâte et
presse sa marche vers Jérusalem, ne se laissant
pas freiner par ses disciples saisis de
crainte. Avec une persévérance et une
endurance sans faille devant l'hostilité
croissante, il avance, brûlant d'impatience et de
zèle pour la politique de Dieu: Et , dans la chambre haute
où se déroule le repas qui
précède son arrestation, Jésus,
s'adressant à Judas qui va sortir pour le livrer
lui dit: " Ce que tu fais,
fais le vite !" ( Jean 13. 27
) Vite ! Impatience ! Hâte et
rapidité ! C'est en état d'urgence que
Jésus vit son civisme et poursuit son oeuvre. Il
ne remet pas à demain son service du Père.
Il ne prend pas son temps ... sauf pour s'arrêter
lorsque sur sa route, un malheureux aveugle cri et
l'appelle à son secours. C'est la perspective
du Royaume à établir sur la terre qui le
mobilise et lui donne de surmonter la peur et de vaincre
toute tentation de lâcheté et de retour en
arrière. Il faut que, vite, toute justice
soit faite par le Serviteur! Et pourtant, Jésus a
été patient. Il a voulu partager la patience de
son Père, ce Dieu "
lent à la colère et riche en
bonté" !! Il n'a
jamais fait violence à la liberté humaine
et n'a jamais cessé de respecter cette
liberté, semblable à ce père de
famille qui n'empêche pas son jeune fils de partir
et de courir à la catastrophe ( parabole de Luc
15. 11à 32 ). Il laisse à Dieu le
rôle de justicier ( sa "colère") et ne veut
pour lui-même que le rôle
d'intercesseur: ( Luc 13. 6
à 9 ) Jésus a foi en Dieu et il a
confiance dans la souveraineté de Dieu; il sait
que l'heure de sa totale justice viendra: Mais
Jésus ajoute: "
Le
Seigneur ajouta: Entendez ce que dit le juge
inique. Et Dieu ne fera-t-il pas justice
à ses élus, qui crient à
lui jour et nuit, et tardera-t-il à
leur
égard?
Je
vous le dis, il leur fera promptement
justice. Mais,
quand le Fils de l'homme viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre?"
Le civisme de
Jésus de Nazareth est celui d'un citoyen du
Royaume de Dieu qui vient. Cet ardent civisme pousse
Jésus à se consacrer entièrement
à la proclamation de ce Royaume et à
l'annonce de sa proximité, dans l'espace et dans
le temps. Cette activité publique et politique
ouvre la crise finale de l'histoire humaine, en
provoquant la crise finale de l'histoire
d'Israël. Elle s'exerce avant tout en faveur
des pauvres, des petits, des opprimés, et au
service de tout ce peuple juif écrasé par
le joug de fer de l'Empire romain. Israël n'est-il
pas, en ce temps-là, semblable à cette
veuve qui réclame à grands cris justice,
jour et nuit ? Or la
réponse de Dieu ( juste juge, lui ! ) n'a pas
tardé: quelques mois plus tard, en ressuscitant et
en glorifiant le Fils de l'Homme crucifié et mis
au tombeau, Dieu a donné à tout Israël
et à tous les opprimés du monde le
libérateur qui les sauve, leur rend justice et les
délivre de leurs chaînes. Dieu a fait
vite ! Oui mais
Jésus parle aussi d'une autre délivrance
pour laquelle Dieu ne semble pas pressé d'exaucer
les cris déchirants des
persécutés: Il s'agit là
de la "seconde venue" du Fils de l'Homme, de son ultime
avènement comme Seigneur du monde, au Jour
final. Viola vingt siècles que des
chrétiens l'attendent, et ils se sont
lassés d'attendre ce dénouement de
l'Histoire. Comment pourraient-ils encore croire
facilement que " Dieu fera promptement justice" ? Jamais
l'injustice des hommes ( et de leurs chefs) n'avait
été aussi criante ! Dieu a pourtant
laissé la Choah s'accomplir, et Jésus n'est
pas encore revenu " dans la puissance et la gloire du
Père! Alors ? Le civisme
non-violent et sans armes du Galiléen n'a-t-il
été qu'illusion et utopie vouées
à l'échec ? Non ! de même que la foi
de Jésus contenait son ignorance " du jour et de
l'heure" exacts de sa venue triomphale, de même la
vision prophétique de Jésus contenait cette
sorte d'intuition, de pressentiment douloureux que l'on
peut discerner derrière sa question: Si je comprends
bien bien, Jésus a peur qu'au jour de son
apocalypse ( = dévoilement ), lors de son ultime
arrivée triomphale aux yeux de tous les hommes, il
ne trouve pas la foi sur la terre. Sans doute veut-il
parler de cette attente de son Retour, de cette ardente
prière pour qu'il arrive vite, de cette vigilance
à hâter sa "parousie" ( = arrivée
visible et glorieuse ), en somme de la foi semblable
à celle de la veuve de la parabole. Jésus
redoute que ce Jour-là, sa justice ne soit
guère attendue avec amour, ni sur sa terre ( en
Israël même et parmi tous les juifs
dispersé ) et pas davantage dans les
églises pagano-chrétiennes. Là,
la multitude plus ou moins " religieuse" ou
supersticieuse, d'un civisme à la botte de
"César" , parait sur le point de donner une
réponse négative à la douloureuse
interrogation du Maître ! La "
chrétienté" reste plus que jamais
liée à ses divisions séculaires et
enfermée dans son apostasie politique et
civique. Nota Bene.
Après avoir parlé d'impatience et
d'endurance, de patience et de
persévérance, de foi et de vision
prophétique, pour décrire le civisme de
Jésus, je me rends compte maintenant qu'il
faudrait aussi parler de "résistance" et montrer
en Jésus le vrai et le grand "Résistant"
qui ne collabore pas avec le diable.....Mais, au fond, il
faut relire chacun des quatre évangiles:
là, en détail, est décrite toute
l'activité civique du Maître,
activité pure de tout nationalisme, de tout
patriotisme guerrier, de toute xénophobie, de
toute intolérance, de toute volonté de
domination ou de profit, de tout cléricalisme, que
sais-je encore ? Il faudrait examiner ses "
métiers" ( charpentier et.), sa relation avec sa
famille, sa mère, ses frères, et c....
Chacun peut y
réfléchir......
11
accélération
de l'histoire
"
Jésus leur dit : Il y avait dans une
ville un juge qui ne craignait point Dieu et
qui n'avait d'égard pour personne. .Il
y avait aussi dans cette ville une veuve qui
venait lui dire: Fais-moi justice de ma
partie adverse.
Pendant
longtemps il refusa. Mais ensuite il dit en
lui-même: Quoique je ne craigne point
Dieu et que je n'aie d'égard pour
personne,néanmoins, parce que cette
veuve m'importune, je lui ferai justice, afin
qu'elle ne vienne pas sans cesse me rompre la
tête."
(Pasteur, Église réformée de France)