Je suis
un juif d'adoption.
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Je suis un juif d'adoption.
De même qu'il y a des enfants
naturels et des enfants adoptés, de même il
faut distinguer les juifs naturels et les juifs
d'adoption. Les juifs " naturels" sont plutôt
désignés, dans le langage
biblique, par " juifs selon la
chair". Ce sont ceux dont les descendants tout
proches ( la mère essentiellement ) sont
juifs.
En ce qui me concerne je ne suis pas un
juif selon la chair puisque ni mes parents ni mes grands
parents ni mes autres ascendants n'étaient juifs,
du moins à ma connaissance. Je suis un
incirconcis, un " goy " , un " païen ", c'est
à dire un non-juif, un étranger par rapport
à Israël.
Et pourtant j'affirme avec fierté
que je suis un juif d'adoption, un juif
intégré à Israël non par
filiation mais par adoption. Pourquoi donc ?
Parce que je suis attaché à Jésus le
Messie et que je crois en lui.
Ce langage va sûrement
déconcerter et heurter beaucoup de
chrétiens. Le lavage de cerveau dont ils sont
victimes depuis des siècles a incrusté dans
leur tête l'idée que nul ne peut être
à la fois juif et chrétien. Si je
disais " je suis protestant" ce serait clair pour tout le
monde. Mais si je dis." je suis devenu juif par
adoption" ce ne sera clair que pour peu de "
chrétien" . Mais c'est parfaitement clair pour le
Nouveau Testament.
Néanmoins il est juste de
reconnaître que, comme leurs pères, les
Juifs d'aujourd'hui estiment qu'on ne peut être
à la fois juif et chrétien. Dans
l'État d'Israël la présence de " juifs
messianiques pose des problèmes et reste, aux yeux
de la plupart des gens une énigme et une
anomalie. Même si, grâce à des
relations d'amitié, j'assiste à l'office
religieux de la synagogue, même si je couvre ma
tête de la kippa, je ne suis là que comme un
hôte de passage et comme un invité,
reçu d'ailleurs avec une grande
bienveillance. L'exclusion qui, au 1°
siècle, a été officiellement
prononcée par les autorités religieuses
juives contre leurs frères juifs qui croyaient en
Jésus ( contre les " minin" ) semble fonctionner
toujours. D'ailleurs, comment pourrait-il en
être autrement puisque, au long des siècles
de " chrétienté ", les chrétiens
forçaient les juifs à se convertir au "
Christianisme" en adjurant leur foi juive !!
Mais je persiste et signe: " Je suis juif
d'adoption". Et pas en simple façon
symbolique de parler, la façon dont le
président des U.S.A. s'écriait à
Berlin " Je suis un Berlinois !" , à un moment
chaud de la guerre froide
Mondialisation et intégration.
Mondialisation. En
lisant le Nouveau Testament, on est
stupéfait de constater la prodigieuse extension de
la foi en Jésus, en seulement un siècle. Le
Seigneur l'avait ordonné:
"
Allez ! Et, dans toutes les populations
étrangères faites-moi des
disciples. Et ces disciples, baptisez-les
pour qu'ils appartiennent au Père, et
à son Fils, et à
( leur
) Esprit Saint
( Matthieu 28. 19 )
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La volonté du maître
ressuscité s'accomplissait donc, avec la puissance
du Saint Esprit. Et, à travers cette
mondialisation à partir de Jérusalem, se
faisait déjà entrevoir et s'esquissait le
grand accomplissement final du Royaume de
Dieu. Jésus l'avait dit avant d'avoir
guéri, à Capharnaüm, le serviteur de
l'officier de l'armée romaine, un non-juif:
"En
entendant le centurion,
Jésus fut plein d'admiration et il dit
à ceux qui le suivaient: " En
vérité je vous le
déclare, chez personne en Israël
je n'ai trouvé une telle
foi. Aussi, je vous le dis, beaucoup
viendront du levant et du couchant prendre
place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob
dans le Royaume des cieux, tandis que les
héritiers
(
légitimes
) du Royaume
seront jetés dans les
ténèbres du dehors".
( Matthieu 8. 10 à 12
)
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Par sa foi en Jésus cet "
incirconcis" était déjà un "
intégré ", par adoption, non pas
à " l'Église "
pagano-chrétienne mais à
l'Israël d'Adonaï .
Intégration.
C'est bien le mot qui convient lorsque, dans la
fidélité à la pensée de
l'apôtre Paul, on décrit ce que Dieu fait
quand il adopte du milieu des peuples de nouveaux fils et
filles. Il en fait des fils d'Abraham, à
égalité avec les fils " naturels " des
patriarches, si les uns et les autres croient en
Jésus.
"
Quand est venu l'accomplissement du temps,
Dieu a envoyé son Fils... pour
qu'il nous soit donné d'être
fils adoptifs. Et fils vous
l'êtes vraiment puisque Dieu a
envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son
Fils qui crie " Abba! c'est à dire
Père ! "
( Galates 4. 4 à 7 )
" Béni soit
Dieu, le Père de notre Seigneur
Jésus, le Christ ... Il nous a
d'avance choisis afin d'être pour lui,
des fils adoptifs ".
( Ephésiens 1. 3 et 5 )
" Souvenez-vous
qu'autrefois vous, les " incirconcis", vous
étiez sans Messie, privés du
droit de citoyenneté en Israël,
étranger aux alliances de la Promesse
... Mais maintenant, en Jésus-Christ,
vous qui étiez loin, vous avez
été rendus proches , par le
sang du Christ. Car c'est lui qui a
voulu, à partir du Juif et du non-juif
, créer un seul Genre
Humain nouveau, un seul Corps...
Ainsi vous
n'êtes plus des étrangers ( par
rapport à Israël ) ni des
immigrés: vous êtes concitoyen
des saints ( les " juifs messianiques" ).
Vous êtes de la famille de
dieu. Vous avez été
intégrés à
la construction ( le Temple saint ) qui a
pour fondations les apôtres et les
prophètes, et Jésus-Christ
lui-même comme pierre maîtresse
".
( Ephésiens 2. 11 - 22
)
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Innombrables foule des frères de
Jésus !!! ( Romains 8. 30 )
Le Juif d'abord, puis le Grec.
D'après ce qui précède
on aurait tort de conclure que la conversion au Christ et
l'intégration à son Israël messianique
ont pour conséquence de supprimer toute
différence entre les convertis qui sont juifs et
les convertis qui ne le sont pas. Certes les
différences sont surmontées et
dépassées dans l'unité du Corps de
Christ, notamment à sa table de communion. Mais
elles subsistent et continuent à juste titre de
coexister dans la réalité: par exemple, une
fois devenus enfants de Dieu par la foi , les femmes
restent des femmes ( filles de Dieu ) et
les hommes restent des hommes ( fils de
Dieu ) . Et cette diversité fait la richesse
de l'unité en Christ.
Il en va de même pour la
différence entre un juif " selon la chair " et un
" grec " ( ce mot pouvant désigner, à
l'époque, tout non-juif parlant grec ou
influencé par la culture grecque, après
plusieurs siècles " d'hellénisation" du
monde. Le mot grec " Héllèn " signifie
" grec " ). Le Juif reste un Juif quand il devient
disciple de Jésus, et le Grec reste un Grec quand
il devient un Juif d'adoption. Tite, compagnon de
Paul dans l'apostolat, en est un exemple ( voir Galates
2. 3 ). l'emploi du mot " païen " pour
désigner son identité ethnique perd son
sens péjoratif dans le langage courant. Et,
pour les Juifs, un " païen" était
perçu non seulement comme un étranger mais
aussi comme un " impur " du point de vue ritualiste juif,
un impur dont il fallait éviter la souillure
religieuse.
Le Seigneur a aboli ce " mur de
séparation". C'est pourquoi Paul pouvait
rappeler aux galates:
"
Tous, vous êtes fils de Dieu par la foi
en Jésus-Christ... Il n'y a plus
ni juif, ni grec; il n'y a plus ni
esclaves ni homme libre; il n'y a plus
l'homme et la femme; car tous, vous
n'êtes qu'un en
Jésus-Christ "
( Galates 3. 26-28 )
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Tous, malgré leur
différences, sont égaux en dignité
devant Dieu car tous incorporés au même
Corps.
Mais que cela n'empêche pas de
respecter les différences qui ne sont pas à
supprimer. C'est le cas, en particulier, pour la
distinction entre juifs et non-juifs. Bien plus, la
formule " le juif d'abord puis le grec"
reste valable pour l'apôtre Paul qui, en
l'utilisant, veut rappeler la priorité
d'Israël dans le projet de Dieu. Israël
selon la chair reste le " frère aîné"
et l'olivier cultivé par Dieu, alors que les "
païens " messianiques ne sont que "
greffés " sur cet unique Olivier,
que " le jeune frère venu de loin" (
selon la parabole du fils perdu: Luc 15 )
Oui, les juifs sont
prioritaires....
..dans le regard d'amour que Dieu porte
depuis toujours sur l'humanité: "
Le Juif en premier, puis les autres
après lui". Ce qui ne veut pas dire que les
autres sont moins aimés ! Si Paul écrit "
l'Évangile est puissance de
Dieu pour le salut de quiconque croit, du juif d'abord
puis du grec" ( Romains 1.16 ) il n'insinue pas
que le juif est supérieur au grec. Non, il
veut seulement respecter l'ordre divin de priorité
pour Israël. C'est pourquoi, lorsqu'il arrive
dans une ville grecque pour y proclamer
l'Évangile, il va d'abord rencontrer les juifs
pour leur dire cette Bonne Nouvelle.
Ni dans le déroulement historique du
plan du salut ni dans l'aboutissement final de ce
plan, ni dans le genre de relations actuelles qu'il
désire entre " les pagano-chrétiens" et "
judeo-chrétiens", rien n'est changé pour
Dieu quant à sa façon de considérer
la relation entre ces deux grandes catégories
humaines: le peuple d'Israël et tous
les autres peuples. C'est toujours: " Le juif
premièrement puis le grec".
Or notre façon chrétienne de
penser n'est habituellement pas
celle-là. Elle est elle-même souvent le
contraire. Je pense notamment à ces paroles
de Paul déjà citées:
" Il n'y a plus ni juif ni
grec ... car vous n'êtes qu'un en
Jésus-Christ, vous tous qui avez été
baptisés en Christ". ( Galates 3. 26 -
29). On se sert très souvent de ce texte pour
annuler toute différenciation affirmée
pourtant par le même apôtre: on nie,
pratiquement, la priorité d'Israël sur "
l'Église", ce que Paul dénonce sans
cesse. ( Romains 3. 1 à 3 et 9. 3 à 5
)
C'est que la pensée
chrétienne est depuis longtemps contaminée
par la pensée grecque et latine, en particulier
par l'humanisme philosophique du " siècle des
lumières" et son individualisme. Cet
individualisme est à la base des principes de la
Révolution de 1789 et de l'idéologie des "
droits de l'homme". Cet " homme"-là est
l'individu ( isolé, solitaire,
asexué, " citoyen"...) et la collectivité
où il vit est une juxtaposition
d'individus interchangeables et ...abstraits.
Pour cette philosophie des " goïm" que nous sommes,
une pensée comme celle de la révolution
biblique n'a aucun sens. Folie donc de penser et de
raisonner sur cette base évangélique !
Et bien, nous continuerons de le
faire. En particulier nous irons jusqu'à
dire: ce n'est pas Israël qui doit rejoindre "
l'Église ", c'est " l'Église" (
pagano-chrétienne ) qui doit rejoindre
Israël et le Dieu des
Juifs.
Il n'y a pas deux vignes.
Dans l'Évangile de Jean ( chapitre
15 . 1 à 10 ) Jésus dit:
"
Moi, je suis la vigne, la
vraie, et le père, le mien, est le
vigneron. Tout sarment en moi qui ne
porte pas de fruit, il
l'enlève. Et tout porte-fruit il
l'émonde, pour qu'il porte plus de
fruit. Demeurez en moi, et moi en
vous..".
( traduction Chouraqui )
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Dans la Bible, la vigne et son fruit ont
une valeur symbolique. Elle représente
Israël qui, fidèle ou non, est
toujours propriété de Dieu. Parmi les
nombreux textes qu'on peut citer, il y a par exemple
Esaïe 5 ( v.1 à 7 ): "
Mon ami avait une vigne.... la
vigne du Seigneur c'est le peuple d'Israël".
ou bien le Psaume 80 : " Tu as
déplanté d'Égypte une vigne pour la
replanter .. Pourquoi as-tu défoncé sa
clôture? Interviens pour cette
vigne!"
Sur le fronton du Temple de
Jérusalem, Jésus avait souvent vu une vigne
sculptée et dorée, symbole
d'Israël. Ce symbolisme était donc
familier aux juifs. En s'identifiant avec la " vraie "
vigne, il proclame que c'est en lui qu'est le
véritable Israël. Il ne supprime pas
Israël, il ne le relègue pas dans le
passé, et même il ne le réduit pas
à une simple racine d'où sortirait ce que
nous appelons " l'Église". Non, il
accomplit Israël.
Là encore, ne faisons pas de
Jésus un " chrétien" qui, reniant le
judaïsme, donnerait naissance et croissance à
un deuxième organisme vivant, une deuxième
vigne de Dieu dressée fièrement en face de
l'autre. En vérité il n'y a qu'une seule
vigne dont les fidèles de Jésus sont les
sarments chargés de grappes: c'est ce Messie "
total ", ce vivant " collectif " ( tige et branches ne
formant qu'un) , ce Jésus juif qui est
l'Israël de Dieu réunissant juifs et
non-juifs en un seul Être vivant pour Dieu.
Notre " théologie de la
juxtaposition " ( Israël et Église )
doit être abandonnée car elle n'est, au
fond, qu'une forme larvée de la séculaire "
théologie de la substitution ( l'Église
remplaçant un peuple juif disqualifié !
)
Il n'y a pas deux oliviers.
Je fais maintenant allusion à un
autre symbole biblique du peuple juif: l'olivier. Et, de
l'olivier, je voudrais dire la même chose que de la
vigne: il n'y a pas deux oliviers, " l'olivier de la
religion juive" et " l'olivier de la religion
chrétienne" ( les 2 à face ou dos à
dos, ou côte à côte ! ) Il n'y a qu'un
seul Olivier de Dieu: Israël.
Et là, je me laisse instruire par
l'apôtre Paul et par sa lettre aux Romains (
chapitre 9. verset 10 et 11 )
" Dieu aurait-il
rejeté son peuple ( Israêl ) ?
Certes non !"
Ont-ils
trébuché pour tomber tout à
fait ? Jamais de la vie !"
( Romains 11.1 et 11 )
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Et, prenant l'image de l'olivier franc (
cultivé ) Paul poursuit en comparant les juifs
à un olivier cultivé par Dieu. Les
non-juifs devenus fidèles du Messie Jésus
ont été " greffés " par
Dieu. Ils provenaient de multiples oliviers "
sauvages" ( Latins, Grecs, Arabes,Africains, Gaulois et
c...) Mais tous, par leur foi en Jésus, ont
été greffés sur Israël qui,
seul, est l'arbre du salut et du royaume d'Adonaï,
le Seigneur. Il y a eu
intégration.
" Toi,
olivier sauvage, tu as été
greffé parmi les branches restantes
pour avoir part avec elles à la
richesse de la racine. Tu peux bien
faire le fier ! Mais ce n'est pas toi qui
porte la racine mais c'est la racine qui te
porte."
( Romains 11. 17 - 24 )
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Les chrétiens non-juifs font les
fiers, depuis des siècles, en se
considérant comme un deuxième olivier en
face de l'olivier juif. Ils ont tort car pour
Dieu il n'y a qu'1 OLIVIER:
LES JUIFS.
Mais alors, qu'est-ce que "
l'Église" selon le Nouveau Testament ?
" Car enfin", me dira-t-on à juste
titre, " l'apôtre Paul emploie souvent ce mot au
sens d'Église universelle et mondiale ( et pas
seulement au sens d'assemblée locale de tous les
chrétiens d'une cité) !"
C'est exact. Le Nouveau Testament
n'élimine pas l'Église au profit
d'Israël comme fait la chrétienté en
essayant de dissoudre les juifs en les absorbant en les
assimilant. Le Nouveau testament qui parle de
l'Église en évitant toujours
cette méprise, ce quiproquo et ce malentendu qui
ont lieu quand on confond " l'Ecclesia " du Nouveau
Testament avec la communauté mondiale des
pagano-chrétiens ( non-juifs ). Pour cette
société non-juive on utilise indûment
le même mot : Église, Ecclesia ( en grec )
!
A mon avis ( que je me suis forgé
depuis peu ! ), voici ce qu'est l'Église du
Nouveau Testament:: c'est l'Assemblée universelle
de l'Israël total du Messie
Jésus; c'est l'Israël de Dieu vu en tant que
vaste rassemblement et immense
réunion " oeucuménique"
groupant juifs croyants ( en Jésus) et non-juifs
croyants ( en Jésus). C'est en hébreu, le "
Kahal ". Mais il est non seulement en
cours d'édification mais aussi,
hélas ! en crise profonde.