2 - Notre Histoire
s'accélère vers le
pire
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B Et les êtres humains, de leur coté
et dans leur conduite, vivent-ils leur propre
accélération vers le pire?
- Au niveau de l'écologie ( c'est
à dire de l'environnement, de la" nature") nous
venons d'énumérer quelques faits, selon les
données des scientifiques.
-Maintenant c'est au niveau des
hommes qu'il faut se placer: la
société humaine et les individus qui la
composent. Par exemple, nul ne peut nier que, depuis
deux siècles en tout cas, c'est notre "
société occidentale" qui a
saccagé la planète.
- Alors ? l'humanité de
2008 , étant données sa
mentalité, son comportement, ses idéologies
politiques et religieuses, ses aptitudes réelles,
va-t-elle vers le meilleur ou vers le pire?
LA MONTEE DES EXTREMES.
Il me semble utile de faire remarquer ceci:
l'idée d'une accélération actuelle
de l'Histoire humaine ne parait pas du tout farfelue
à de nombreux philosophes et penseurs
d'aujourd'hui.
Parmi eux René Girard
n'est pas le moins intéressant. Au
contraire ! Dans son dernier livre: (Achevez Clausewitz "
éditions Carnets du Nord 2007 ), Girard veut lever
un tabou: celui qui nous empêche de voir que"
l'apocalypse a commencé. Car la
violence des hommes, échappant à tout
contrôle, menace aujourd'hui la planète
entière".
Carl Von Clausewitz ( 1780-1831 )
était un grand stratège militaire prussien,
auteur d'un livre intitulé: " De la
guerre". De ce livre on cite souvent la phrase: " La
guerre est la continuation de la politique par d'autres
moyens". Mais l'important est surtout ceci: ce
comtemporain de Napoléon 1° qu'il nommait "
le dieu de la guerre", a entrevu la vraie nature de la
guerre moderne qui, pour lui, est " la
montée aux extrêmes", un mécanisme
implacable qui, depuis, s'est imposé comme
l'unique loi de l'Histoire. Loin de
réguler la violence, la politique court
derrière la guerre: les moyens guerriers sont
devenus des fins.
En parlant du "temps des
païens" (selon l'expression de
l'évangéliste Luc chapitre 21.23 -24 )
René Girard nous dit ceci:
" Il ne faut pas quitter l'Histoire mais la
comprendre comme une accélération
vers le pire qui doit avoir un sens
apocalyptique...
L'Histoire des hommes est prise dans celle
de Dieu, enchâssée dans celle de Dieu....
Après la prise de Jérusalem par Titus en 70
ap J.C. , viennent " les temps des païens", c'est
à dire le temps que les païens vont mettre
à refuser la parole de Dieu. Mais c'est un temps
limité. Entre la Passion du Christ et sa
Parousie ( le Jugement dernier si vous
préférez ) va s'étendre ce temps
indéfini qui est le nôtre, temps de la
violence de plus en plus déchaînée,
temps du refus d'entendre, de l'aveuglement
croissant... et des catastrophes
écologiques au niveau de l'univers
entier... Nous sommes peut-être à
la fin de ces " temps des païens"... (
pages 197 à 208 )
LA VIOLENCE DEMONIAQUE
Ceci n'est pas un futur possible, c'est du
passé bien réel, ce sont les faits
historiques qui ont eu lieu au 20° siècle. Je
veux parler des effroyables tueries des guerres, des
crimes contre l'humanité, des génocides et
autres assassinats collectifs qui se sont soldés
par des dizaines de millions de morts.
Je fais partie de ceux qui ont vu et
vécu ces horreurs.
Je suis né au lendemain de la "
Grande guerre ( 1914-1918 )" qui, disait-on alors, aurait
dû être la dernière guerre ( " der des
ders" ) En grandissant j'ai appris ce qui avait
été cette diabolique boucherie entre "
chrétiens" consolés d'être des
assassins par leurs aumôniers militaires, français
et allemands.
Vingt ans après ( notez la
brièveté du temps qui
s'accélère !) ce n'était plus mon
père mais moi qui me trouvais jeté dans la
fournaise. Lorsque je suis arrivé au camp de
concentration de Mauthausen ( Autriche) , j'ai
brutalement réalisé que l'Enfer se trouvait
là . Nullement comme un sujet de débat
théologique pour la formation du futur pasteur que
j'étais, mais bel et bien comme une
réalité actuelle: Le Diable était
bien là, activant les supplices par les mains
d'authentiques démons, les militaires de la S.S.
Quand on me demande, aujourd'hui: " Crois-tu que l'Enfer
existe?" je répond sans hésiter: " Oui,
bien sûr, puisque j'y étais de 1943 à
1945 !"
Mais, dans les années qui ont suivi,
il a bien fallu abandonner toute foi en l'Homme tout cet
" idéalisme" selon lequel le monde peut se sauver
lui-même: depuis 60 ans, guerre sur guerre,
génocide sur génocide, équilibre de
la terreur, triomphe des injustices sociales,
écrasement des pauvres par les riches,
règne de l'Argent et de la Mort, et c....
La mondialisation de la
"société technicienne" détruit la
nature et déshumanise les hommes, aveugles sur le
caractère démoniaque de
tout Pouvoir politique.
Je pense qu'à cause de son
péché collectif, l'humanité a
amorcé le temps du sprint final de
son Histoire.Elle en a même donné les
deux indices majeurs, les
deux signaux d'alarme maximale qui
signalent en même temps la fin de la patience
séculaire de Dieu et la proximité du Salut
déjà prêt depuis la
résurrection, en l'an 30, du " Roi des juifs".
1° signal: la Shoah et le
meurtre diabolique de 6 millions de juifs. L'Enfer
!
2° signal: la bombe atomique
lancée sur Hiroshima et Nagazaki, au
Japon. L'Enfer !
LA SOCIETE DU RISQUE
... et le temps de l'aggravation des risques.
L'écrivain Jean Claude
Guillebaud écrit ceci : ( "La force de la
Conviction" au Seuil page 320 à 323 ) "
" Un étrange conglomérat
mêle les laboratoires de recherche, les
sociétés privées, la logique
boursière, les medias, l'effervescence de la
société civile, les effets de mode, la
pression publicitaire, celle des lobbies, et c... Ces
forces disparates réunies sont mues par
l'adhésion instinctive à une
représentation quasi-religieuse du
Progrès: religion
véritable, nouvelle mystique, c'est la
"Modernité", qui a confiance en
elle, en sa propre technique devenue puissance
créatrice...
La Science et l'Economie ont
remplacé Dieu et l'Eglise... Et son
clergé se retranche ingénument
derrière la force de l'évidence: le
catéchisme technoscientifique dominant...
Mais, à la suite d'une succession de
catastrophes et de désastres liés à
l'imprévoyance technoscientifique, la
crainte du risque l'emporte désormais sur
celle de la rareté. La peur du manque devient
moins déterminante que la peur tout court. La
question de la " fin des temps" se pose désormais
de manière nouvelle: l'Histoire de
l'humanité peut s'arrêter par une
décision de l'homme....
Il faut bien comprendre que l'irruption de
cette inquiétude collective ouvre un
nouveau chapitre dans l'Histoire: nous sommes dans
la société du risque."
Or de son coté, René
Girard écrit:
" L'Histoire s'accélère
de façon irrésistible. Il faut
accepter l'idée que son cours va de plus en plus
échapper à la raison" ( page 108
)