Dieu, le sacré, le culte,
l'église, la chrétienté
RELIGION
oecuménisme, multitudinisme, sectes
et dissidences, catholicismes, protestantismes,
sacrements, eucharistie, ministères,
actes pastoraux, laïque 1 , laïque 2,
papauté, théologie, mystique,
évangélique, objections de
conscience, ecclésiale et
c....
|
1- Les
personnes sacrées"
L'Église" du 1° siècle ne comptait,
parmi ses " ministres" ( c'est à dire "serviteurs
") aucun personnage sacré. Aucun de ceux qui
servaient Jésus et son Évangile, soit dans
l'apostolat ( la mission) soit dans le pastorat ( le soin
du "troupeau") n'avait un caractère
sacré. Chacun avait simplement une fonction,
une charge, un mandat de service qui faisait de lui un
don du Seigneur ressuscité.
La lettre aux
Ephésiens l'explique bien:
" Le
christ est monté plus haut que tous
les cieux, afin de remplir l'univers. C'est
lui qui a donné certains
comme apôtres, d'autres comme
prophètes, d'autres encore comme
évangélistes, d'autres enfin
comme pasteurs enseignants."
( Ephésiens
4. 8 à 11 )
|
Cette énumération n'implique nullement
une hiérarchie verticale avec différents
degrés dans le caractère sacré de
ces " hommes-dons" ( ou " femmes-dons" ). Ces personnes
ne distribuent pas du sacré, de haut en
bas. Ce sont elles qui sont des dons, des cadeaux
pour le Corps du Christ; toujours " en-bas" si je
puis dire, mais dans deux directions.
Il est très important de comprendre ce
double mouvement et cette double
nécessité:
- D'une
part, c'est l'apostolat, c'est à
dire la mission universelle
d'évangélisation pour que la Bonne Nouvelle
atteigne tous ceux qui n'en ont pas encore connaissance.
Parti de Jérusalem avec les douze apôtres et
les autres témoins de la résurrection de
jésus, cet apostolat prend place en
premier car c'est lui qui est fondateur. Il
vient donc au premier rang dans la liste. Et ses
instruments, ses serviteurs et ses servantes, sont
nommés ainsi: apôtres -
prophètes -
évangélistes ( ou
évangélisateurs )
- D'autre part il y a le pastorat,
c'est à dire le soin et la formation des "
recrutés", de ceux et celles que la mission
au-dehors a " gagnés pour Christ"
. Ceux-là sont maintenant à
l'intérieur et c'est vers " ceux du dedans",
intégrés à l'assemblée
locale, que s'exerce le ministère défini
par ces deux mots: pasteurs ( bergers) et
enseignants ( instructeurs )....
envoyant ensuite en mission d'apostolat
vers l'extérieur .
Double mouvement
impulsé par le Saint Esprit. Si on le bloque
c'est l'immobilisme
ecclésiastique!
Hélas, peu à peu, est arrivée une
catastrophe spirituelle: c'est l'avènement du "
clerc", la naissance d'un " clergé", l'apparition
de cette différence définitive entre des "
laïques" et des "
clercs". fatalement le " clerc" allait
faire revenir le sacré dans " l'Église" de
ce " laïque anticlérical", qui par sa croix,
avait pourtant aboli tout sacré: Jésus !
Cela s'est produit lentement, ici et là, puis
partout. Et , rapidement, s'est constitué
puis généralisé ce système
religieux caractéristique de la
"Chrétienté":
L'évêque - le
prêtre - le diacre
. 3 catégories
hiérarchisées avec sa variante protestante
: le pasteur - l'ancien- le
diacre. encore 3
catégories.
On en est toujours là en ce
début du 21°
siècle. Inévitablement c'est le
blocage et l'immobilisme, réduisant le " clerc"
à un rôle de d" desservant", de "
fonctionnaire du culte", de " préposé aux
actes pastoraux ou aux sacrements", voire l'auxiliaire
des Pompes funèbres ! Du moins dans nos
sociétés occidentales....
Quelle misère !
Et que de souffrances !
TROIS ORDRES INFONDÉS
Sans attendre le grand virage
constantinien, l'Église en expansion s'est
organisée et structurée avec trois
ministères hiérarchisés: en bas les
diacres, c'est à dire les serviteurs qui sont
là pour aider les autres; puis les anciens ( le
presbytérat) qui sont là,
collégialement, pour être les bergers du
troupeau; enfin, en haut, l'évêque ( au
singulier ) qui, par la suite deviendra le chef du "
diocèse", unité administrative
calquée sur les institutions de l'Empire.
L'évêque ( " épiscope")
n'était, au départ, rien d'autre qu'un
ancien ( " presbuteros") faisant partie du
collège, de l'équipe des anciens pour
exercer le service de bergers ( pasteurs) selon Actes
20. Puis peu à peu, il s'est
"détaché" du presbytérat pour
devenir l'homme d'un ministère n°3, au dessus
des autres anciens, le " clerc" par excellence.
Au fil des siècles, par une
évolution lente, on en est même
arrivé à un ministère n° 4, "
universel" celui-là, et placé au dessus de
l'épiscopat: le Pape ( " Chef de
l'Église", " Vicaire du Christ",
détenteur d'une
infaillibilité doctrinale: un
super-évêque, cet évêque de
Rome! Une telle évolution est-elle fondée
en Christ? Sur l'Évangile? Sur les écrits
du Nouveau Testament? Sur la tradition apostolique
primitive, fondatrice et
normative?
Évidemment Non!
Mais en répondant "oui " à
ces questions fondamentales on "sacralise" l'Histoire
telle que les clercs l'ont faite. Et on dit conduite par
le Saint Esprit une évolution qui est et qui
demeure une " apostasie" c'est à dire un
éloignement gravissime par rapport au seul et
unique chef ( " Tête du Corps") : le Seigneur.
Hâtons-nous d'ajouter que les non-catholiques
romains seraient mal inspirés de se croire
indemnes de cette hérésie sectaire et en
dehors de ce péché. Orthodoxes, anglicans,
luthériens, réformés,
évangéliques divers, et c... ne
pratiquent-ils pas cette différenciation entre "
clercs" et " laïques"? N'ont-ils pas, en
fait ces trois ministères décrits
plus haut? Si!! Que ce soit au niveau des faits et de la
pratique courante ou que ce soit au plan doctrinal, je
constate la situation suivante: chaque
dénomination protestante situe le pasteur ( au
singulier) à coté des anciens ( au
pluriel), c'est à dire, pratiquement
au-dessus d'eux.
Mes confrères, pasteurs
réformés, vont protester et me rappeler
qu'en bonne théologie réformée le
pasteur est un laïque et non un clerc. Ils ont
raison. Théoriquement, oui. En fait, le
langage courant a depuis toujours amené les
fidèles à dire, par exemple: " oh ! moi, je
ne suis qu'un laïque, je ne peux pas me substituer
au pasteur!". " Lui", dira un autre, " c'est un
Homme de Dieu, il a une Vocation et il reste pasteur ( "
Monsieur le pasteur.....")même si, tel est mon cas,
il n'exerce plus, depuis plus de trente ans, un
ministère reconnu par l'Église
réformée!
En réalité, dans les faits,
le pasteur fait partie d'un " corps
pastoral" ( avec robe noire et
rabat blanc) qui est perçu comme un
clergé par la société
civile. Celle-ci voit en lui "
l'autorité religieuse" qui est, sur
l'estrade officielle, à coté des
autorités civiles et militaires.
Permettez-moi de glisser ici le témoignage d'une
expérience vécue lorsque j'étais
pasteur de l'Église réformée de
Toulouse ( 1955- 1972, paroisse " Cote Pavée"):
Pendant ces années-là il m'a
été donné de pratiquer un
ministère " d'ancien" plus conforme,
à mon avis, au modèle fourni par le Nouveau
Testament.
Une conjoncture exceptionnelle le
permettait alors: la décision de l'Église
réformée de " décentraliser"
l'unique paroisse toulousaine héritée du
passé en la transformant en quatre paroisses
correspondant à la rapide extension de
l'agglomération.
Or, en arrivant dans le secteur dont
j'avais la charge, je trouvais, déjà actif,
un compatriote mazamétain, Pierre
Cormouls. Singulier personnage ! A la suite d'une
profonde conversion, ce fils d'un riche industriel avait
reçu vocation de s'installer à Toulouse
avec sa femme et ses enfants pour être, à
plein temps, au service du Seigneur.
Le nombre de visites à
caractère pastoral qu'il avait déjà
faites et le fruit que ces visites portaient
déjà m'obligeaient à
reconnaître que ce serviteur de Dieu était
d'ores et déjà, un "ancien".
Du même coup je ne pouvais me considérer
moi-même que comme un " ancien", comme
lui: non pas " au-dessus" de lui mais avec lui,
à égalité avec lui; et
en liberté d'innover puisque nous étions
libres d'appeler un nombre limité
d'anciens spirituellement aptes.
Les dix-sept ans de cheminement
côte-à-côte et d'étroite
collaboration ont été ainsi les plus beaux
spirituels de mon ministère. Ils m'ont permis de
mener un autre combat d'objection, au niveau des " actes
pastoraux", dont je parlerai plus loin.
Oui Jean Calvin s'est
trompé en maintenant un " pastorat" distinct d'un
" presbytérat": le Nouveau Testament dit que " les
anciens sont les conducteurs de l'Église" (
Voir Henri d'Espine " les anciens conducteurs de
l'Église" Delachaux et Niestlé 1946 )
et que, dans l'équipe qu'ils forment, chacun d'eux
est " pasteur" ou " épiscope" ( veilleur
spirituel) . A égalité, mais aussi
dans la diversité des aptitudes et des
disponibilités.
Sinon, le
"cléricalisme" n'est pas loin. Or,
pour reprendre les mots d'un député ami de
Léon Gambetta à la fin du 19°
siècle: " le cléricalisme, voilà
l'ennemi! " L'ennemi de la société civile
laïque, certes, mais aussi l'ennemi de l'Ecclesia (
l'Église selon le Nouveau testament). Subtil
ennemi de l'intérieur puisqu'il contribue aussi
à fabriquer ce régime ecclésial et
cette ruineuse réalité que le
théologien nomme "
multitudinisme".
COMMUNION OU MULTITUDINISME?
Dans les églises issues de la
Réforme du 16° siècle , on est
habitué à distinguer, grosso modo, deux
types d'Églises: d'une part les Églises de
professants dans lesquelles on entre par
une profession de foi motivée, libre et adulte;
d'autre part les Églises
multitudinistes dont on est fait membre par
le baptême, en général le
baptême des nourrissons. Celles-ci deviennent des
institutions bien établies et des
"sociétés" de " coreligionnaires";
celles-là se veulent d'abord fidèles
à une rectitude doctrinale et acceptent
d'être " petit troupeau", souvent
marginalisé et en dissidence, ou même
définies comme " sectes".
Or le Nouveau Testament voit
autrement les choses: " l'Ekklesia du Nouveau Testament,
la communauté du Christ, n'est pas une
institution, une chose. La
communauté du Christ n'est autre qu'une
communion de personnes.... En tant que
"Corps du Christ" elle n'est pas une organisation et elle
ne possède en elle-même aucun des
caractères d'une institution... La communion
avec Christ des premiers chrétiens
n'était pas une Église et ne
voulait pas l'être... Or la tendance
esquissée dés la fin du 1°
siècle trouve son aboutissement dernier dans la
substitution de l'institution juridique (
le Droit Canon) à la communion
fraternelle". ( D'Espine page 13 et ss )
Entre les Institutions ( nationales
ou internationales) il ne peut pas exister de
communion. L'expression " communion des
Églises ( dénominations)" est
profondément fausse: une dénomination
chrétienne instituée, grande ou petite,
n'est qu'une "personne morale"
juridiquement définie. Elle
n'est pas une personne humaine vivante
capable d'aimer d'autres personnes humaines
auxquelles le Saint Esprit donne pouvoir
d'être en relation d'Amour. Sans le Saint Esprit
donné à quiconque aime Jésus comme
Sauveur personnel, l'appartenance à telle ou telle
dénomination ne peut créer que du
multitudinisme, qui est le contraire ou le substitut de
la communion.
Mais tout aussi fausse est la notion
"d'Église invisible" chère aux protestants:
Si je me crois dans l'Église
"invisible" alors que, centré sur
mon ego, je prétends me suffire à
moi-même et ne pratique pas la communion
fraternelle avec les frères et soeurs ( bien
visibles!) de ma localité, alors je vis dans
l'illusion: Je ne fais pas
partie de " l'Église" ( Ecclesia) dont parle le
Nouveau Testament. Là, on ne choisit pas "
son" Église, celle " où on se sent bien":
par amour on ne lâche pas la main des frères
reçus du passé et on tend la main aux
frères que Jésus me donne dans le
présent. Là advient la pleine
communion.