Dieu, le sacré, le culte,
l'église, la chrétienté
RELIGION
oecuménisme, multitudinisme, sectes
et dissidences, catholicismes, protestantismes,
sacrements, eucharistie, ministères,
actes pastoraux, laïque 1 , laïque 2,
papauté, théologie, mystique,
évangélique, objections de
conscience, ecclésiale et
c....
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2-
Les
actes sacrés
Pendant les dix premières
années de mon ministère de pasteur
protestant j'ai peu à peu pris conscience que
j'étais perçu comme un personnage
sacré. Moins que mon confrère le
curé, certes, mais tout de même!
Mais dès les premiers temps de mon
travail à Toulouse, au milieu d'un multitudinisme
protestant bien affirmé, très vite, je me
suis senti spirituellement mal à l'aise.
Or le trouble se reproduisait souvent,
presque chaque fois qu'un couple venait me demander une "
bénédiction nuptiale", ou le "
baptême d'un bébé", ou même des
" obsèques protestantes". Et même pour
l'accueil à la Sainte Cène des
catéchumènes ( " première
communion", ou " confirmation", ou....).
Mon problème de conscience se
situait donc au niveau de ces actes que le protestantisme
nomme " actes pastoraux" et qu'en
catholicismes on désigne par le mot "
sacrements": Je me rendais compte qu'on me
demandait des " actes sacrés" et que ,
spécialiste du " sacré", je
procurais du sacré à tous, sur simple
demande mais conformément au " cahier des charges
" d'un poste pastoral.
Le mieux sera de citer maintenant quelques exemples,
parmi bien d'autres.
Un jour un jeune couple, sympathique mais
que je voyais pour la première fois, vient me
trouver pour que je baptise leur
bébé. Je sentais bien, que pour
eux, il s'agissait simplement de fixer la date et de
connaître les formalités à faire pour
réaliser le baptême. Après avoir pris
le temps de faire plus ample connaissance et de
réfléchir un peu superficiellement, je leur
pose la question qui, pour moi, allait de soi: " Puisque
vous désirez que votre enfant soit baptisé,
je suppose que vous êtes croyants, je veux dire
croyants en Jésus Christ?"- " Oh non, monsieur le
Pasteur, aucun des deux ne croyons en Jésus, ni en
Dieu d'ailleurs!" me répondent ces amis avec une
sincérité émouvante.- " Alors,
pourquoi avez-vous souhaité ce baptême?"- "
Oh! c'est seulement pour faire plaisir à nos
parents. Ils n'arrêtent pas de nous dire: "
Alors? qu'attendez-vous pour faire baptiser le petit ?! "
... Et puis, ce sera une occasion de fête de
famille! "
J'aurais voulu éclairer la
conscience de ce couple, lui rendre sa liberté,
prendre sa défense, combattre le formalisme
aveugle des grands parents du
bébé,instruire, convaincre, surmonter cette
tare héréditaire qu'est ce multitudinisme
hérité de nos pères du 16°
siècle. Hélas !
Mais comme elle était dans le
réel, dans la vraie vie, cette rencontre
là! Bien loin de la controverse doctrinale entre "
pedobaptistes " et " baptistes"!
Car ce petit, ce nouveau-né
magnifique, c'est lui la
bénédiction de Dieu. Et le bel amour
qui unit ce jeune couple n'est-il pas, lui aussi,
la vraie " bénédiction
nuptiale"?
" Bénédiction nuptiale": un
autre jour c'est un autre couple que je recevais dans mon
bureau. La situation ressemblait beaucoup à
celle que je viens de décrire. Mais, cette
fois-ci, je connaissais très bien le jeune homme
et, au fond de mon coeur, j'avais la conviction qu'il
allait à la catastrophe s'il épousait la
jeune femme dont il rêvait.
Ce n'est pas moi qui ai
présidé la
cérémonie. Mais il n'a pas fallu
attendre de longues années pour que le divorce
s'impose comme la seule solution.
Enfin, un dernier exemple est à citer, très
significatif: Toujours à Toulouse, dans cette
paroisse neuve où la petite équipe
d'anciens tentait de créer du neuf, vers 1960-
Chaque année, au culte de
Pentecôte, on accueillait à la Sainte
Cène des jeunes d'une quinzaine
d'années qui avaient suivi assidûment le
catéchisme. Cette année-là un des
jeunes, nommé P... vient me parler, tout seul: "
Pardonnez-moi mais je ne veux pas faire ma
première communion. J'ai écouté
attentivement vos enseignements, j'ai beaucoup appris
mais, pour le moment, je ne crois pas en Jésus. Ce
serait donc hypocrite et malhonnête de ma part de
faire comme si j'étais croyant".
Plein d'admiration pour cette droiture de
conscience je répond à P..... : " Tu as
parfaitement raison et je serai avec toi pour expliquer
cela à tes parents".
Mais, trois jours après, je
reçois la visite de la grand mère,
furieuse, qui m'interpelle avec agressivité: "
Alors ? Il parait que vous ne voulez pas faire faire
la communion à P...? Il doit la faire!..."
Mes explications n'ont finalement abouti
qu'à l'argument décisif:" Mais voyons,
monsieur, j'ai déjà acheté le
costume que j'ai promis à P...!!"
OBJECTION DE CONSCIENCE
Après l'objection de conscience
à la guerre et à l'État, il n'est
pas étonnant d'en arriver à l'objection de
conscience à l'Église et, très
précisément, aux actes pastoraux que
l'Église demande à ses pasteurs de
distribuer.
C'est le chemin que j'ai personnellement
suivi.
Vers 1965, j'ai commencé à
expliquer à mes collègues toulousains (
nous étions quatre) et aux responsables
toulousains des conseils presbytéraux, qu'il
m'était impossible en conscience devant Dieu,
d'accomplir les actes pastoraux piégés
d'avance. Impossible de faire en même temps
plaisir aux " paroissiens" et plaisir au
Seigneur. Impossible de gérer et d'entretenir
ce protestantisme multitudiniste sans offenser le
Maître qui m'a adressé vocation de servir
son Évangile sans chercher à garder ce "
vin nouveau dans de vielles outres".
A mes frères j'ai demandé
compréhension, aide et appui, sans pour autant
qu'il y ait accord sur le plan biblique, sur ce
point. Ils l'ont fait. Et je leur ai dit merci
d'avoir pu, grâce à eux, rester en pleine
communion avec mes frères réformés
tout en étant libéré d'une servitude
qui me coupait de mes frères d'autres
Églises.
La fréquentation amicale de nombreux prêtres
catholiques m'a montré qu'eux aussi étaient
troublés et se posaient des questions analogues
aux miennes. Mais j'ai compris que leur "
captivité" était plus dure que la mienne,
et cela pour deux raisons:
D'une part, selon la théologie
catholique, chacun d'eux est un " personnage
sacré", en tant que prêtre; d'autre part,
selon cette même théologie, les actes
pastoraux qu'ils accomplissent sont des " sacrements" (
Voir Markus Barth ( fils de Karl Barth) " Le
baptême est-il un sacrement?") C'est à dire
des "actes sacrés" .
La place me manque, dans cet essai, pour
montrer que la notion de " sacrement" est
étrangère au Nouveau Testament Cette notion
est nuisible et les protestants devraient être les
premiers à l'abandonner radicalement.
Mais parlons un peu maintenant de l'esprit religieux"
Voici pour cela, quelques citations/
SE SOUVENIR DE L'AVENIR
consistera donc en
ceci:
-Ne pas oublier que, sur la terre
nouvelle et dans la cité
nouvelle où Jésus va nous
placer, il n'y aura ni sanctuaire, ni sacrifice, ni
clergé, ni hiérarchie, ni "
sacré"....
-Se souvenir sans cesse que
Jésus a aboli le
sacré, transgressé tous les tabous
religieux ( exemple le Sabbat) et
désacralisé tous les personnages
sacrés qui l'ont crucifié. C'est par
sa mort volontaire qu'il a triomphé de tous ces
Pouvoirs religieux que son Retour détruira.
Il a ainsi anticipé et
inauguré le Royaume de Dieu.
- Suivre son exemple, non seulement en doctrines mais
en actes. Au milieu même du chaos
politico-religieux qui règne, anticiper l'avenir
en profanant les faux dieux, en désacralisant
toutes les idoles, en se désolidarisant de tout ce
qui, dans l'Église, n'est que du sacré
archaïque et "
anti-christique"