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" VOICI  L'HOMME ! "

Mazamet 2009

 


Civisme et politique 

vus du point de vue biblique

 à la lumière de Jésus 

et de son évangile




11 accélération de l'histoire

13 Voici l'homme

15-devoir de désobeissance

16 Jesus notre seul avenir

17-BABEL orgueil des hommes

18-92ans evolution

19 Dieu-la religion-l'Eglise

20-vive l'Apocalypse-accueil.

21-accueil-l'imminence de la fin

22-conduite-a-adopter

23accueil-harmaguedon.

24000-accueil-jerusalem.


13 Voici l'homme

13001 l'homme des origines

13002 l'homme des origines

13005 l'homme incomparable

13006 l'homme incomparable

13007 l'homme indésirable

13008 l'homme indésirable

13009l 'homme adorable

13010l 'homme de l'Avenir

13011 l'homme del'Avenir.

 

" VOICI L'HOMME ! "
incomparable, indésirable, adorable
 

 

    Daumier - " Ecce homo " l'Agneau pascal

 
L'HOMME INCOMPARABLE

La Parole et le geste de Pilate.

Pilate est le gouverneur romain, le légat régional de l'Empereur, le représentant de César qui, de Rome, règne sur un immense empire.

Pilate, lui, vit d'ordinaire à Césarée, au bord de la mer. Mais, s'il se trouve ce matin-là à Jérusalem, c'est à cause de la Pâque, la grande fête annuelle de juifs. Cette fête, à la fois religieuse et politique, rassemble des milliers de pèlerins venus des quatre coins du pays: rassemblement dangereux pour la puissance d'occupation car il galvanise les rêves de libération et les espérances messianiques. Le gouverneur doit à tout prix contrôler la situation !

" L'affaire Jésus" a commencé pendant la nuit et va occuper Pilate toute la matinée, sous la pression des Chefs d'Israël qui veulent en finir tout-de-suite avec ce dangereux galiléen.

Pour le récit détaillé des faits le lecteur voudra bien lire les quatre témoignage des évangiles. Je transcris seulement le texte du quatrième évangile qui nous relate la parole et le geste de Pilate
" Alors Pilate prit Jésus et le fit fouetter. Et les soldats, tressant une couronne avec des épines, la lui posèrent sur la tête, et ils l'enveloppèrent d'un manteau pourpre. Et ils venaient vers lui et lui disaient: Salut, le roi des Juifs ! Et ils lui donnaient des gifles"
( Évangile de Jean 19. 1 à 8 )

" Pilate sortit de nouveau, dehors, et il leur dit: voici, je vous l'amène dehors, afin que vous connaissiez que je ne trouve aucun motif ( d'accusation ) en lui. Jésus sortit donc dehors, portant la couronne épineuse et le manteau pourpre. Et il leur dit:

Voici l'homme !"

( Évangile de Jean 19. 4 et 5 )

Le geste du bras montrant Jésus a sûrement accompagné la parole du gouverneur, comme le montre le célèbre tableau intitulé " ecce homo" ( " Voici l'homme" en latin )

Cependant le Jésus peint par l'artiste me semble un peu trop " en forme", droit, pas assez ruisselant de sang, après le supplice d'une flagellation qui brisait physiquement le malheureux torturé !.

Identité et signalement

Le Nouveau Testament ne nous fournit pas d'indications permettant d'établir le signalement de Jésus. Quel était son physique, sa taille, sa corpulence, la couleur de ses cheveux et de ses yeux? Avait-il quelque signe distinctif permettant de le reconnaître? On n'en sait rien. On peut pourtant affirmer que cet homme d'une trentaine d'année était robuste, si on réalise le nombre de km parcourus à pied, au milieu de cette équipe de jeunes hommes qu'il avait recrutés.

Son identité, par contre, était précise et connue de tous en Galilée: " Cet homme-là n'est-il pas Jésus, fils de Joseph, Nous connaissons bien son père et sa mère" ( Jean 6. 42 ). Plus précis, l'évangile de Marc montre, dans la synagogue de Nazareth, les auditeurs de Jésus s'étonner: " N'est-ce pas le fils du charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de Josès, de Jude et de Simon? Et ses soeurs ne sont-elles pas ici, chez nous?" ( Marc 6. 3 ) Quand aux évangiles de Matthieu et de Luc, si on les rapproche, on peut conclure: Jésus est né en Judée, à Bethléem, au sud de Jérusalem; mais c'est en Galilée, à Nazareth, qu'il a grandi et habité jusqu'au moment où il a commencé son activité de prophète itinérant.

Certainement, comme son père, Jésus a eu pour métier celui de charpentier. Mais, à cette époque, le charpentier fabriquait non seulement des charpentes mais aussi des coffres, des bois de charrues et toutes sortes d'objets en bois. C'était un " constructeur" au sens large, un personnage estimé de tous dans son village.

Quand au nom de "Jésus", selon son étymologie, il signifie " le Seigneur sauve". Mais c'était un nom courant à cette époque. La désignation " Jésus de Nazareth" permet de distinguer ce " Jésus" de tous les autres " Jésus".

Pour souligner sa pleine condition humaine il est banal de rappeler qu'après avoir été un bébé comme les autres, il a fallu qu'il grandisse, qu'il s'instruise, qu'il apprenne les Écritures. Il riait, il pleurait, il se fatiguait, il connaissait la soif, la peur et l'angoisse. Et la preuve que cet homme était vraiment homme c'est qu'il est mort en poussant un grand cri. Et son cadavre a été déposé dans le tombeau de Joseph d'Arimathée ( Évangile de Jean 19. 38 à 42 )

Réellement homme !

Que Jésus de Nazareth soit véritablement, réellement et pleinement un homme, c'est ce qu'on a toujours voulu nier.

Par exemple l'Islam, dans sa théologie constante, affirme que Jésus n'a pas été effectivement crucifié et décédé mais " rappelé par Dieu". Le texte du Coran ( 4. 157 ) dit des juifs: " Ils ne l'ont ni tué ni crucifié; mais ce n'était qu'un faux semblant!"

Et parmi les chrétiens, dès les 2° et 3° siècles, il y a eu un courant de pensée qui affirmait que Jésus n'avait pas de corps physique: son corps n'était un corps qu'en apparence, et, par conséquent, la crucifixion n'avait été qu'illusoire. On désigne cette doctrine par le nom de " docétisme" ( du verbe grec " dokein" qui signifie " sembler, paraître" ). Dans la même ligne Nestorius soutenait que, dans l'incarnation, Dieu avait seulement " endossé" un habit humain. Et, au 2° siècle, basilidès estimait que Simon de Cyrène, requis pour porter la croix derrière Jésus, lui avait été substitué au dernier moment pour être crucifié à sa place.

Difficile donc, pour la raison humaine, de surmonter " le scandale de la croix" ( comme dit Paul) et d'accepter que le fils de marie soit véritablement un homme, mort en croix!

Un Juif, authentiquement juif...

Voilà encore une réalité difficilement acceptable pour beaucoup de chrétiens: l'homme de Nazareth est un juif, en dépit de toutes les représentations artistiques qui lui prêtent un visage pâle d'européen, noir pour les Africains ou jaune pour les Asiatiques ( pour symboliser son universalité sans doute ! )

Depuis les anciens conciles du 4° siècle, la judéité de Jésus est étrangement passée sous silence, tout comme elle l'est encore parmi nous par des confessions de foi, des actualisations et des transcriptions du Nouveau testament ( bien intentionnées sans doute mais cachant mal le séculaire antisémitisme chrétien qui sévit toujours.)

Anecdote: ma femme se trouvait un jour chez un commerçant mazamétain, catholique pratiquant. En l'absence d'autres clients, le brin de conversation habituel déboucha sur le témoignage de mon épouse rappelant que Jésus était juif. " Tiens ! Pas possible ! " s'écrie ce bon chrétien, " et moi qui croyais depuis toujours que Jésus était arabe !"

La vérité est écrite au chapitre 4 de l'évangile de Jean: le Sauveur est juif et c'est par ce juif que " le salut vient des juifs".

Roi des Juifs ?

En venant rencontrer le gouverneur romain les chefs d'Israël portaient contre Jésus diverses accusations. Celles-ci se résumaient probablement en ceci: " Cet individu prétend être roi des Juifs". S'y ajoutait le fait que ce Galiléen rassemblait de nombreux partisans, " provoquait de l'agitation et voulait renverser les dirigeants" juifs qui soutiennent les Romains.

On comprend donc aisément que la première question que Pilate pose à Jésus, arrêté depuis quelques heures, soit celle-ci: " Es-tu le roi des Juifs? " ( Jean 18. 35 ) .Puis: " Tu es donc roi? " ( 18.37 ). Ensuite à la foule: " Voulez-vous que je relâche le roi des Juifs?"

On comprend aussi facilement que, très vite, le gouverneur a bien vu le ridicule de cette soi-disant prétention à la royauté de cet illuminé, d'ailleurs ligoté et désormais hors d'état de nuire.

Livré à la soldatesque qui s'en amuse en le déguisant en roi de comédie puis le torture sous les coups de fouet, Jésus va être utilisé par Pilate pour montrer à tous ces Juifs en quelle estime il tient le peuple . Et c'est ce mépris total qui est craché par ces mots: " Voici l'homme !"

Prophète malgré lui.

Être prophète c'est proclamer la vérité de Dieu. En public ou en privé, c'est dire la réalité telle que Dieu la voit et telle qu'il la crée.

Pilate est prophète malgré lui quand, en-haut de la croix, il fait placarder l'inscription: " Jésus de Nazareth roi des Juifs". L'évangéliste Jean précise: " le texte était écrit en hébreu, en latin et en grec". Pilate prophétise parce qu'à son insu, malgré lui et inconsciemment, il proclame au monde entier la vérité de Dieu: ce crucifié, Jésus, est bel et bien le chef suprême du peuple d'Israël. C'est incroyable, mais l'acte même qui insulte et ridiculise cet agonisant devient l'acte fondamental de la politique du Règne d'Adonaï, le Dieu d'Israël. ( Jean 19. 19 -22 )

L'évangéliste avait déjà ( Jean 11.49-52 ) souligné une prophétie involontaire dans les paroles du Grand Prêtre Caïphe. Inversion de sens analogue: Caïphe disait: " Il vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière". En effet, commente l'évangéliste, la mort d'un seul ( Jésus ) est le salut non seulement du peuple juif mais aussi de l'humanité entière!

Suite : l'homme incomparable

 

Georges SIGUIER  1920--2016
 (Pasteur, Église réformée de France)  


 

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