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" VOICI  L'HOMME ! "

Mazamet 2009

 


Civisme et politique 

vus du point de vue biblique

 à la lumière de Jésus 

et de son évangile




11 accélération de l'histoire

13 Voici l'homme

15-devoir de désobeissance

16 Jesus notre seul avenir

17-BABEL orgueil des hommes

18-92ans evolution

19 Dieu-la religion-l'Eglise

20-vive l'Apocalypse-accueil.

21-accueil-l'imminence de la fin

22-conduite-a-adopter

23accueil-harmaguedon.

24000-accueil-jerusalem.


13 Voici l'homme

13001 l'homme des origines

13002 l'homme des origines

13005 l'homme incomparable

13006 l'homme incomparable

13007 l'homme indésirable

13008 l'homme indésirable

13009l 'homme adorable

13010l 'homme de l'Avenir

13011 l'homme del'Avenir.

 

" VOICI L'HOMME ! "
incomparable, indésirable, adorable
 

 

    Daumier - " Ecce homo " l'Agneau pascal

 
L'HOMME INCOMPARABLE suite

Voici l'homme incomparable.

En imitateur de l'évangéliste Jean nous pouvons maintenant aller plus loin dans la connaissance de l'homme Jésus. En remplaçant les mots de Pilate d'un sens caché nous dirons donc:

" Voici l'homme ! " signifie: " Voici l'homme véritable, le représentant d'une humanité vraiment digne de ce nom, véritable image de Dieu ( Genèse 1. 26 ), l'homme qui va jusqu'au bout de l'amour qui se donne, l'Homme Nouveau.

Un jour, les grands prêtres et les pharisiens envoyèrent des gardes pour arrêter Jésus. Les gardes, au milieu de la foule, en entendant Jésus parler, ne purent se résoudre à mettre la main sur lui. Ils revinrent donc vers les grands prêtres et les pharisiens qui leur dirent: " Pourquoi ne l'avez-vous pas amené? ". Les gardes répondirent: " Jamais homme n'a parlé comme cet homme !" ( évangile de Jean 7.32 et 45-46 )

" Jamais homme n'a parlé comme cet homme !" Ce témoignage, repris depuis 2000 ans par d'innombrables lecteurs des Évangiles, dis très bien à quel point les paroles de Jésus sont incomparables, sans pareilles.

L'évangéliste sans égal.

Au sens  propre du terme " l'évangéliste" ( ou évangélisateur" ) est une personne qui annonce une bonne nouvelle, qui fait part d'un fait nouveau mais d'un fait qui va provoquer une grande joie. C'est un annonceur, un messager, un " crieur public", le porteur d'une info réjouissante qu'on doit communiquer à d'autres.

Telle a été avant tout la parole de jésus, le prophète par excellence, unique en son genre et définitif, porte-parole inégalable de son Dieu:

" Après que Jean le baptiseur eut été mis en prison, Jésus vint en Galilée. Il proclamait la bonne nouvelle de Dieu. Il disait: " Le temps est accompli, le royaume de Dieu est devenu tout proche: revenez à Dieu et croyez à la bonne nouvelle

( évangile de Marc 1. 14-15 )

Et Jésus allait de lieu en lieu, en itinérance, pour annoncer l'Événement: la proximité de l'arrivée du Règne. Les auditeurs savaient déjà que le Règne de Dieu devait venir car Dieu l'avait promis.  Mais maintenant la grande nouveauté qu'ils entendaient était inouïe: l'heure est venue, le Règne promis est là, ici et maintenant ! !

Les Béatitudes

Selon l'évangile de Luc 6. 20 à 26: le mot "heureux ! "( latin " beatus) annonce pour le futur ce que Dieu fera pour les malheureux du temps présent. Plus que Matthieu ( 5. 1 à 12 ), Luc insiste sur le renversement radical des situations présentes.

" Heureux, vous les pauvres: le Royaume de Dieu est à vous.

Heureux vous qui avez faim maintenant: vous serez rassasiés.

Heureux vous qui pleurez maintenant: vous rirez.

Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent, vous rejettent et qu'ils insultent votre nom comme infâme à cause du Fils de l'homme.

Réjouissez-vous ce jour-là et bondissez de joie car votre récompense est grande dans le ciel. En effet c'est de la même manière que leurs pères traitaient les prophètes.

Mais malheur! vous les riches: vous avez déjà votre consolation.

Malheur! vous les repus d'aujourd'hui: vous aurez faim.

Malheur ! vous qui riez maintenant: vous serez dans le deuil et vous pleurerez.

Malheur ! lorsque tous les gens disent du bien de vous: c'est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes."

Les paraboles

une façon symbolique de parler, chère à Jésus.

Exemples : 

"Et il leur dit une parabole: Il y avait un homme riche dont la terre avait bien rapporté.  Il se demandait: " que vais-je faire? Car je n'ai pas où rassembler ma récolte". Puis il se dit: " Voici ce que je vais faire: je vais démolir mes greniers, j'en bâtirai de plus grands et j'y rassemblerai tout mon blé et mes biens. Puis je me dirai à moi-même: " Te voilà, pour de longues années, avec quantité de biens en réserve; repose-toi, mange, bois, fais bombance."

Mais Dieu lui dit: " Insensé ! Cette nuit-même ta vie te sera redemandée, et ce que tu as préparé, qui donc l'aura?"

Voilà ce qui arrive à celui qui amasse un trésor pour lui-même au lieu de s'enrichir auprès de Dieu."

( Évangile de Luc 12. 16 à 21 )

" Un théologien dit à Jésus:" Et qui est mon prochain? " Jésus reprit: Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba sur des bandits qui, l'ayant dépouillé et roué de coups, s'en allèrent en le laissant à moitié mort. Il se trouva qu'un prêtre descendait par ce chemin. Il vit l'homme et passa à bonne distance. De même un lévite ( serviteur du Temple ) arriva à cet endroit; il vit l'homme et passa à bonne distance.

Mais un Samaritain qui était en voyage arriva près de l'homme. Il le vit et fut pris de pitié. Il s'approcha, banda ses plaies en y versant de l'huile et du vin, le chargea sur sa propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, tirant deux pièces d'argent, il les donna à l'aubergiste et lui dit: " Prends soin de lui, et si tu dépenses quelque chose en plus, c'est moi qui te le rembourserai quand je repasserai."

" Lequel des trois, à ton avis, " demanda Jésus au théologien, s'est montré le prochain de l'homme qui était tombé sur les bandits? " Le théologien répondit: " C'est celui qui a pratiqué la bonté envers lui". Jésus lui dit: " Va et, toi aussi, fais de même."

( Évangile de Luc 10. 25 à 37 )

" Quel est donc le serviteur fidèle et avisé que le maître a établi sur les gens de sa maison pour leur distribuer la nourriture en temps voulu? Heureux ce serviteur que son maître, à son arrivée, trouvera en train de faire son travail! En vérité je vous le déclare, il l'établira sur tous ses biens. Mais si ce serviteur est mauvais et dit en son coeur: " Mon maître tarde" et qu'il se mette à battre ses compagnons de service, qu'il mange et boive avec les ivrognes, le maître de ce serviteur arrivera au jour qu'il n'attend pas et à l'heure qu'il ne sait pas: il le chassera et lui fera partager le sort des hypocrites, là où seront les pleurs et les grincements de dents".

( Évangile de Matthieu 24. 25 à 51 )

" Jésus disait: " A quoi allons-nous comparer le Royaume de Dieu ou par quelle parabole allons-nous le représenter ?

C'est comme une graine de moutarde: quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l'a semée, elle monte et devient plus grande que toutes les plantes potagères, et elle pousse de grandes branches si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leurs nids à son ombre."

( Évangile de marc 4. 26 à 29 )

Le parfait enseignant

Nos traductions  bibliques et nos usages de vocabulaire ne respectent pas assez la différence entre deux modes d'activité par la parole: les paraboles pour évangéliser et les paraboles pour enseigner. Par exemple l'homélie au cours de la messe et la prédication au cours d'un culte protestant ne sont pas a placer dans la catégorie " évangélisation". C'est de l'enseignement et de la formation s'adressant à des personnes déjà au courant de le Nouvelle. De même le mot " prêcher" ne convient pas pour traduire le mot grec signifiant " faire part de la Nouvelle": Marie de Magdala ne " prêchait pas aux apôtres, au matin de Pâques, en criant: la tombe est vide ! ( évangile de Jean 20 . 2 ss). De même, la nuit de Noël à Bethléem, l'ange de Dieu n'enseignait pas les bergers: il les renseignait, il leur donnait connaissance de la Bonne Nouvelle ( évangile Luc 2. 10 à 12 )

Voilà pourquoi le Nouveau Testament nous montre Jésus tantôt " évangélisant " à travers tout le pays tantôt " enseignant " , notamment chaque fois qu'il prenait à part ses disciples pour les instruire, les former, leur expliquer le sens des paraboles et c...

" Avec autorité ......"

Ce qui frappait les auditeurs de Jésus c'était surtout l'autorité avec laquelle il parlait et enseignait:

" Quand Jésus eut achevé ses instructions, les foules restèrent frappées de son enseignement. Car il enseignait en homme qui a autorité et non pas comme leurs scribes".  ( Évangile de Matthieu 7. 28-29 )

 En quoi consistait et d'où provenait cette autorité exceptionnelle? En Jésus il ne s'agissait pas tellement d'éloquence, d'un savoir-faire pour capter l'attention des auditeurs ou d'un pouvoir de séduction hypnotisant les gens. Il s'agissait de tout autre chose: une étrange inspiration qui permettait à cet homme de rendre à la Tora ( la Parole biblique ) sa simplicité originelle et sa radicalité subversive, sans vains commentaires accumulés par les scribes.

Les scribes, spécialistes bibliques, " docteurs de la loi" et représentants attitrés de la vérité religieuse enseignaient probablement en " coupant les cheveux en quatre" et en distillant un ennui mortel. Jésus, lui, avait au contraire quelque chose que les gens voyaient venir de Dieu. Mais il y avait plus....

Ce " plus ", d'une extème importance, est décrit abondamment par tous les documents évangéliques. Je veux parler de toutes les guérisons et de toutes les délivrances que Jésus accomplissait, non seulement pour authentifier ses paroles mais aussi et surtout pour faire don de sa compassion et de son amour du prochain. C'est là que son autorité se manifestait le plus fortement, remplissant de stupeur:

" Il les enseignait le jour du sabbat et ils étaient frappés de son enseignement parce que sa parole était pleine d'autorité.

Il y avait dans la synagogue un homme qui avait un esprit de démon impur. Il s'écria d'une voix forte: " Ah ! de quoi te mêles-tu, Jésus de Nazareth? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es: tu es le Saint de Dieu !"

(Évangile de Luc 4. 31 à 37 )

Jésus le menaça: " Tais-toi et sors de cet homme ! ", et jetant l'homme à terre au milieu d'eux, le démon sortit de lui sans lui faire aucun mal. Tous furent saisis d'effroi et ils se disaient les uns aux autres; " Qu'est-ce que cette parole ! Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortant! ... " Et son renom se propageait en tout lieu de la région."

 " Ne serait-il pas le Messie ? "

En présence d'un tel homme, on comprend que les foules galiléennes se soient posé très vite cette double question : " Mais quel est donc cet homme? ! " " Ne serait-il pas le Messie ?".

Après le miracle de la multiplication des pains, suivi de l'épisode de la tempête apaisée, " les gens étaient saisis d'étonnement et disaient: " Quel est donc celui-ci pour que même les vents et la mer lui obéissent ? " ( évangile de Matthieu 8. 23 à 27 ) Ils avaient même tenté de l'enlever pour le proclamer roi: en vain, bien sûr...

D'autre part beaucoup se demandaient si Jésus ne serait pas , en réalité, le Messie promis par Dieu au peuple d'Israël. " Messie", c'est à dire " Christ " en grec et " Oint " en français, tel était le titre traditionnel donné à ce Libérateur-Sauveur dont les prophéties avaient annoncé la venue. Mais Jésus ne correspondait pas exactement aux textes bibliques contradictoires au sujet du Messie ni aux images populaires qui évoluaient.

Homme incomparable mais inclassable, indéfinissable et indéchiffrable, Jésus n'avouera carrément qu'il est le Messie qu'en réponse aux questions de Caïphe, à quelques heures de sa mise à mort ( évangile de Matthieu 26. 63 )

Un amour sans limites.

" Voici l'homme ! " disait à la foule le gouverneur romain.

Oui, vous dis-je, cet homme, ce Jésus est l'homme modèle, l'exemple à suivre. Pourquoi ? Parce que toute sa vie, et surtout la fin de sa vie, sur une croix, a montré en lui un amour sans limites. Je dirai plus: Jésus a parfaitement été, a totalement incarné l'Amour sans limites.

Je viens d'écrire le mot " Amour" avec un " A " majuscule afin de bien montrer de quel amour il s'agit. Il s'agit ici de l'amour de Dieu, au sens où l'entend le Nouveau Testament. lorsqu'il dit: " Dieu est amour". C'est l'amour qui se donne, se sacrifie, s'oublie soi-même pour le bien de l'autre, même si cet autre n'est pas aimable.  C'est l'amour qui, loin de chercher à posséder, veut au contraire donner, enrichir l'autre, l'élever, le faire grandir, le guérir en lui apportant sans cesse le pardon dont il a besoin. Il ne prend pas la vie mais il la crée et la sauve. Jésus disait: " Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime". Le Nouveau Testament a un mot grec pour dire cet amour-là: c'est " agapé " , l'amour sans limites.

A l'inverse le mot grec " éros" ( cf. en français " érotique" ) désigne la façon d'aimer qui consiste à désirer ce qui est désirable, à se l'approprier, à le mettre au service de nos intérêts personnels, à en faire une " chose " soumise à nos exigences égoïstes ou à nos caprices. Cet amour-là détruit ce qu'il aime: si j'aime le chocolat passionnément je vais le détruire en mangeant toute la tablette ! Par contre, ce qui me laisse indifférent ou me dégoûte, je peux le jeter ou même le tuer ( par exemple l'ennemi que ma patrie me pousse à haïr) .

A quiconque veut connaître Jésus et l'essentiel à son sujet il faut dire et redire ceci: tout ce que Jésus a dit et a fait se résume dans " l'amour agapé ". Il a accueilli les exclus, touché et guéri les lépreux, mangé avec les pécheurs notoires, cherché et sauvé ceux qui étaient perdus. Dans sa solidarité avec tout homme il s'est volontairement dépouillé de tout et s'est abaissé au niveau du serviteur outragé et supplicié. Voilà pourquoi sa mort en croix a été le point culminant de toute sa vie et le comble de cet amour sans limites qui se refuse à toute violence meurtrière et à tout pouvoir dominateur.

Résistant et subversif.

Beaucoup de chrétiens n'ont sans doute de Jésus qu'une image très floue. Récemment une amie nous disait: " longtemps je n'ai eu de Jésus qu'une image d'un être dématérialisé et inconsistant...."

Or, en lisant bien les quatre évangiles, on constate vite que, dés le début de son activité publique, Jésus a volontairement transgressé les interdits imposés par les traditions religieuses des anciens. En particulier il viole sans cesse les réglementations concernant le repos obligatoire du sabbat. Froidement, dirai-je, et même parfois avec une ironique provocation, il ne tient pas compte des " tabous": non ! on ne l'empêchera pas, le jour du sabbat ( le samedi ) de guérir, de libérer, de sauver, d'aimer !

Quand à la non-violence, si elle est pour beaucoup synonyme de passivité, de mollesse, d'évasion hors du réel, voire de lâcheté, qu'on contemple en Jésus le Résistant par excellence. Face aux scribes et aux pharisiens qu'il invective, face aux chefs, aux puissants et aux riches dont il dénonce l'injustice, face à ses juges, peut-on ne pas voir ce non-violent faire preuve d'une force morale inouïe pour tenir tête et résister?

Sans violence, sans pouvoir.

Ici je dois prévenir le lecteur qu'il risque d'être scandalisé par ce qui suit: la brève mais radicale présentation d'un Jésus qui se donne comme modèle à suivre en deux aspects inséparables de sa morale.

D'une part sa non-violence radicale, son objection de conscience absolue à tout ce qui peut nuire à la vie d'autrui, et très spécialement à l'ennemi, privé ou public. Sans la mise en pratique de cette règle de vie, l'amour sans limites n'est qu'un mot vide de sens, une abstraction et une théologie mortifère ! Cette théologie-là reste aujourd'hui la tradition commune à l'immense majorité des chrétiens.

Mais, d'autre part, jésus n'aurait pas pu tenir jusqu'au bout sa position politique de non-violence réconciliatrice s'il avait consenti à exercer si peu que ce soit de pouvoir politique. Celui-ci, en effet, implique la détention et l'emploi des armes. Or, quand la foule enthousiaste veut l'enlever pour lui conférer le pouvoir royal, il fuit dans la montagne pour être seul, seul avec son Père des cieux.

Mais que nul ne dise: " Oui, c'était très bien pour lui mais pas pour nous ! " Jésus ne voulait pas être admiré mais être obéi.

 Suite : l'homme indésirable

Georges SIGUIER  1920--2016
 (Pasteur, Église réformée de France)  


 

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