:

L'arrestation  peut survenir à tout instant

 

Le devoir de désobéissance.

Mazamet 2010

 

 Civisme et politique 

vus du point de vue biblique

à la lumière de Jésus

et de son évangile.




11 accélération de l'histoire

13 Voici l'homme

15-devoir de désobeissance

16 Jesus notre seul avenir

17-BABEL orgueil des hommes

18-92ans evolution

19 Dieu-la religion-l'Eglise

21-accueil-l'imminence de la fin

22-conduite-a-adopter

23accueil-harmaguedon.

24000-accueil-jerusalem.



LE DEVOIR D'OBEISSANCE

L'INCROYABLE REGRESSION

ou " l'obéissance pervertie".

Le devoir d'obéissance dont il vient d'être question existe depuis toujours, chez tous les peuples, sous diverses formes. Il est clair que la vie sociale se détruit elle-même si le devoir d'obéissance n'est plus enseigné et pratiqué.
Un slogan de mai 1968 ( " il est interdit d'interdire.") n'est heureusement pas devenu une loi régissant toutes les relations interpersonnelles! Néanmoins une mode pédagogique, venue des U.S.A. chez nous, a duré assez longtemps pour fabriquer beaucoup d'enfants parfaitement insupportables: il fallait laisser faire n'importe quoi à ces chers petits sans que les parents interviennent pour se faire obéir... Je garde le souvenir de ce petit garçon qui, en présence de ses parents passifs et les hôtes qui nous accueillaient à leur table, sautait à pieds joints sur un beau fauteuil en cuir puis venait sous la table et frottait mes pantalons avec ses mains pleines de beurre!
Mais, à l'opposé, il existe une obéissance dévoyée, pervertie et capable du pire. Ce fut celle des chefs nazis au 20° siècle.Ils clamaient leur innocence au nom de leur devoir d'obéissance: " je n'ai fait que mon devoir en obéissant aux ordres!". C'est ce qu'Adolf Eichman répétait à ses juges lors de son procès à Jérusalem. Mais cette " innocence"-là ne lui a pas valu un acquittement: le verdict l'a condamné à mort.
Or, la plupart de ces criminels allemands avaient reçu une éducation chrétienne dans les Eglises. Mais celles-ci leur avait inculqué la notion d'une vertu d'obéissance inconditionnelle qui rejoignait parfaitement la notion militaire de totale soumission au chef. La grande importance de ce fait a été mise en lumière par Jacques Ellul dans ces lignes si perspicaces:

" Il y a une sorte d'habitude mentale, en Occident, d'assimiler sainteté et obéissance....La sainteté viendrait au bout de l'obéissance, celle-ci devenant de plus en plus parfaite. Le saint est alors celui qui a totalement réalisé les commandements. Mais, dans ces conditions, on comprend que l'obéissance finisse par avoir une valeur en soi. On connait toute cette orientation théologique qui, entre le 16° et le 17° siècle, faisait de l'obéissance la clef de toute la vie chrétienne et la seule vertu cardinale puique c'est elle qui conduisait à la sainteté."

( Jacques Ellul: " Ethique de la sainteté" pages 35 et 36 ouvrage inachevé et non publié)

Cette  notion de l'obéissance aveugle allait de pair avec le totalitarisme ecclésiastique de l'Eglise de " Chrétienté". Elle arrangeait bien des clers qui en profitaient pour consolider leurs pouvoirs. Le tout transformait les laïques en  un docile troupeau de " moutons de Panurge". D'où l'incroyable régression de la morale des chrétiens, à partir du 3° siècle en tout cas, puis le basculement de l'Eglise dans la " subversion du christianisme" dés que " l'Eglise des martyrs" a cédé la place à " l'Eglise impériale".
On est frappé de stupeur quand on compare l'Eglise du Nouveau Testament à la chrétienté du 20° siècle. Comment a-t-il été possible que l'amour incarné chez les premiers chrétiens ait été remplacé par la barbarie la plus sauvage? Comment, au cri de " Dieu le veut!" et " Dieu est avec nous" a-t-on pu assassiner des millions d'êtres humains en quelques années?

Assurément l'Eglise est très mal placée pour reprocher à l'Islam d'avoir enfanté le djihad des combattants islamistes!
A coté des formes extrêmes d'une obéissance dévoyée il y a toutes sortes de formes, plus ou moins évidentes ou subtiles, de cette dérive. En voici quelques unes:
Une obéissance obtenue par force et pratiquée par une peur terrible. On pense tout de suite à la torture et aux aveux qu'elle obtient. Mais j'ai a l'esprit un exemple qui m'impressionne. C'est le cas d'Adolf Hitler et de son père. Celui-ci  était un homme autoritaire et violent. Il lui arrivait de rouer de coups, en hurlant, le jeune  Adolf désobéissant, jusqu'à ce que l'enfant obéisse. " C'est pour son bien", lui disait-il. Or il parait que plus tard, devant les foules allemandes en état d'hypnose, le Führer hurlait avec les mêmes mots, et la même intonation, qu'autrefois son père éructait!
Une obéissance aveugle produite pour être conforme au consensus social ou  au conformisme ambiant. La majorité des jeunes obéit comme un seul homme à la mode vestimentaire lancée à l'échelle mondiale par les astucieux marchants qui les exploitent.
Leurs parents ou grands parents, asservis au culte de la Patrie, de la Nation et la Puissance, déposent dans l'urne leur bulletin de vote pour assurer la Défense nationale, avec une force de dissuasion capable d'assassiner des millions d'êtres humains en quelques instants. Et  il y a consensus pour cela!

Sur un autre plan, les voeux monastiques à vie, les serments d'obéissance à des supérieurs hiérarchiques, l'obéissance aux règles eucharistiques ou l'obéissance rigide à des commandements bibliques mal compris ne sont-ils pas à mettre dans la même catégorie des obéissances perverties? On n'a  pas à obéir, sous peine de troubles psychosomatiques, à un appel à une perpétuelle exigence d'obéissance venant d'une mère ultra-possessive qui manie à merveille le commandement divin " Honore ton père et ta mère"! Que de consciences liées par des serments qui n'auraient pas dû être faits! Donc que de fausses culpabilités chez les chrétiens! 

Une obéissance pour " bien tenir son rôle" peut faire de nous des bourreaux potentiels. Ici je vais suivre de très près un article du pasteur Alain Houziaux et le magazine Philosophie ( Réforme du 01.04.2010 et N° 37 mars 2010 ). Je Pense qu'ils nous aideront à ne pas être des " pharisiens"  et à mesurer à quel point chacun de nous est capable du pire. 
 Le 17 mars 2010 la télévision nous a montré les résultats stupéfiants  d'un faux jeu, " le jeu de la mort", avec de vrais candidats. Ceux-ci devaient torturer leurs rivaux en leur envoyant dans le corps des décharges électriques de plus en plus fortes. Bien sûr, ils ignoraient que cette "télé réalité" n'était pas réelle. Mais ils avaient signé une sorte de contrat avec une animatrice rigoureuse représentant l'autorité dont les injonctions poussait chaque tortionnaire à tenir son rôle en allant jusqu'au  bout. Pris par le jeu de cette " zone extrême" ils agissaient "comme en pilotage automatique". Voilà le devoir d'obéissance auquel chacun se soumettait " pour bien tenir son rôle", sa conscience anesthésiée.
" Sophie, 46 ans, hôtesse de l'air est allée jusqu'à 460 volt: mes grands parents ont porté l'étoile jaune dès 1941 ... Pourquoi avaient-ils obéi? ... Et voilà qu'à mon tour j'ai obéi!" Mais 
Maria , 36 ans, documentaliste, s'est arrêtée à 180 volts: Je m'inquiétais pour le candidat. Quand il s'est mis à crier, je me mettais à sa place... Alors, puisqu'on m'avait dit:  " vous êtes le maître du jeu", ça m'a donné la force d'arrêter."
Un historien allemand ( S. Haffner ) a remarquablement décrit cette sorte d'auto-hypnose que produit le fait de tenir un rôle en suivant seulement les règles du jeu: " Pour les jeunes allemands des années 1914-1933, la guerre était une chose parfaitement irréelle, irréelle comme un jeu... Ce qui comptait, c'était la fascination de ce jeu belliqueux." 

Mais  A. Houziaux ajoute quelques remarques qui vont surprendre, et même choquer certains lecteurs: " Après la guerre de ( 1939-1945 ) , des enquêtes ont été menées pour définir le profil de ceux qui avaient été de bons soldats du nazisme. C'étaient principalement des chrétiens rigoureux et orthodoxes, affichant des valeurs morales intransigeantes. En revanche, ceux qui avaient refusé " d'entrer dans le jeu " étaient principalement des anarchistes, des libre-penseurs, des artistes, voire des associaux plus ou moins délinquants. Ainsi, si  nous avions vécu en l'an 30 de notre ère, il est  très possible que nous, bons protestants comme il faut, nous aurions été de ceux qui criaient " Crucifie-le!"
N.B.: Pour le lecteur qui voudrait aller plus loin: 
Un livre: " l'expérience extrême" par Christophe Nick, éditions Don Quichotte,2010. 
Télé France 2 " Jusqu'où va la télé? 17 Mars 2010. 
Revue " Philosophie magazine" N° 37 , mars 2010 pages 37 à 57 .
 Journal " Réforme" du 1° avril 2010 ( article d'Alain Houziaux pasteur ERF.)
A juste titre nous sommes horrifiés par ces pères fanatiques qui, pour sauver l'honneur de la famille, prennent part à la lapidation de leur fille adolescente. Mais ils estiment tenir leur rôle en obéissant à la morale collective de leur clan, de leur " milieu" . Saul de tarse n'agissait-il pas ainsi avant sa conversion par Jésus?
" Tu n'es pas là pour penser mais pour exécuter des ordres", disait récemment une infirmière à une aide soignante. Or c'est exactement ce que disaient les nazis donneurs d'ordres. Et tout le monde obéissait à ces ordres criminels de sorte que chacun devenait un criminel. Chacun suivait aveuglément la règle du jeu politique.
suite :15004-devoir-desobeissance.html

 

Georges SIGUIER  1920--2016
 (Pasteur, Église réformée de France)  


 

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