Civisme et
politique
vus du point de vue
biblique
à la lumière de Jésus
et de son évangile.
13
Voici l'homme
15-devoir de désobeissance
16 Jesus notre seul avenir
17-BABEL orgueil des hommes
18-92ans evolution
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21-accueil-l'imminence de la fin
22-conduite-a-adopter
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LE DEVOIR D'OBEISSANCE
L'INCROYABLE REGRESSION
ou " l'obéissance pervertie".
Le
devoir d'obéissance dont il vient d'être question existe
depuis toujours, chez tous les peuples, sous diverses formes. Il est
clair que la vie sociale se détruit elle-même si le devoir
d'obéissance n'est plus enseigné et pratiqué.
Un slogan de mai 1968 ( " il est interdit d'interdire.") n'est
heureusement pas devenu une loi régissant toutes les relations
interpersonnelles! Néanmoins une mode pédagogique, venue
des U.S.A. chez nous, a duré assez longtemps pour fabriquer
beaucoup d'enfants parfaitement insupportables: il fallait laisser
faire n'importe quoi à ces chers petits sans que les parents
interviennent pour se faire obéir... Je garde le souvenir de ce
petit garçon qui, en présence de ses parents passifs et
les hôtes qui nous accueillaient à leur table, sautait
à pieds joints sur un beau fauteuil en cuir puis venait sous la
table et frottait mes pantalons avec ses mains pleines de beurre!
Mais, à l'opposé, il existe une obéissance
dévoyée, pervertie et capable du pire. Ce fut celle des
chefs nazis au 20° siècle.Ils clamaient leur innocence au
nom de leur devoir d'obéissance: " je n'ai fait que mon devoir
en obéissant aux ordres!". C'est ce qu'Adolf Eichman
répétait à ses juges lors de son procès
à Jérusalem. Mais cette " innocence"-là ne lui a
pas valu un acquittement: le verdict l'a condamné à mort.
Or, la plupart de ces criminels allemands avaient reçu une
éducation chrétienne dans les Eglises. Mais celles-ci
leur avait inculqué la notion d'une vertu d'obéissance
inconditionnelle qui rejoignait parfaitement la notion militaire de
totale soumission au chef. La grande importance de ce fait a
été mise en lumière par Jacques Ellul dans ces
lignes si perspicaces:
"
Il y a une sorte d'habitude mentale, en Occident, d'assimiler
sainteté et obéissance....La sainteté viendrait au
bout de l'obéissance, celle-ci devenant de plus en plus
parfaite. Le saint est alors celui qui a totalement
réalisé les commandements. Mais, dans ces conditions, on
comprend que l'obéissance finisse par avoir une valeur en soi.
On connait toute cette orientation théologique qui, entre le
16° et le 17° siècle, faisait de l'obéissance la
clef de toute la vie chrétienne et la seule vertu cardinale
puique c'est elle qui conduisait à la sainteté."
( Jacques Ellul: " Ethique de la sainteté" pages 35 et 36 ouvrage inachevé et non publié)
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Cette notion de l'obéissance aveugle allait de
pair avec le totalitarisme ecclésiastique de l'Eglise de "
Chrétienté". Elle arrangeait bien des clers qui en
profitaient pour consolider leurs pouvoirs. Le tout transformait les
laïques en un docile troupeau de " moutons de Panurge".
D'où l'incroyable régression de la morale des
chrétiens, à partir du 3° siècle en tout cas,
puis le basculement de l'Eglise dans la " subversion du christianisme"
dés que " l'Eglise des martyrs" a cédé la place
à " l'Eglise impériale".
On est frappé de stupeur quand on compare l'Eglise du Nouveau
Testament à la chrétienté du 20°
siècle. Comment a-t-il été possible que l'amour
incarné chez les premiers chrétiens ait été
remplacé par la barbarie la plus sauvage? Comment, au cri de "
Dieu le veut!" et " Dieu est avec nous" a-t-on pu assassiner des
millions d'êtres humains en quelques années?
Assurément l'Eglise est très mal placée pour
reprocher à l'Islam d'avoir enfanté le djihad des
combattants islamistes!
- A coté des formes
extrêmes d'une obéissance dévoyée il y a
toutes sortes de formes, plus ou moins évidentes ou subtiles, de
cette dérive. En voici quelques unes:
- Une obéissance obtenue par force et pratiquée par une peur
terrible. On pense tout de suite à la torture et aux aveux
qu'elle obtient. Mais j'ai a l'esprit un exemple qui m'impressionne.
C'est le cas d'Adolf Hitler et de son père. Celui-ci
était un homme autoritaire et violent. Il lui arrivait de
rouer de coups, en hurlant, le jeune Adolf
désobéissant, jusqu'à ce que l'enfant
obéisse. " C'est pour son bien", lui disait-il. Or il parait que
plus tard, devant les foules allemandes en état d'hypnose, le
Führer hurlait avec les mêmes mots, et la même
intonation, qu'autrefois son père éructait!
- Une obéissance aveugle produite pour être conforme
au consensus social ou au conformisme ambiant. La majorité
des jeunes obéit comme un seul homme à la mode
vestimentaire lancée à l'échelle mondiale par les
astucieux marchants qui les exploitent.
- Leurs parents ou grands parents, asservis au culte de la
Patrie, de la Nation et la Puissance, déposent dans l'urne leur
bulletin de vote pour assurer la Défense nationale, avec une
force de dissuasion capable d'assassiner des millions d'êtres
humains en quelques instants. Et il y a consensus pour cela!
- Sur un autre plan, les voeux
monastiques à vie, les serments d'obéissance à des
supérieurs hiérarchiques, l'obéissance aux
règles eucharistiques ou l'obéissance rigide à des
commandements bibliques mal compris ne sont-ils pas à mettre
dans la même catégorie des obéissances perverties?
On n'a pas à obéir, sous peine de troubles
psychosomatiques, à un appel à une perpétuelle
exigence d'obéissance venant d'une mère ultra-possessive
qui manie à merveille le commandement divin " Honore ton
père et ta mère"! Que de consciences liées par des
serments qui n'auraient pas dû être faits! Donc que de
fausses culpabilités chez les chrétiens!
- Une obéissance pour " bien tenir son rôle"
peut faire de nous des bourreaux potentiels. Ici je vais suivre de
très près un article du pasteur Alain Houziaux et le
magazine Philosophie ( Réforme du 01.04.2010 et N° 37 mars 2010 ).
Je Pense qu'ils nous aideront à ne pas être des "
pharisiens" et à mesurer à quel point chacun de
nous est capable du pire.
- Le 17 mars 2010 la télévision nous a
montré les résultats stupéfiants d'un faux
jeu, " le jeu de la mort", avec de vrais candidats. Ceux-ci devaient
torturer leurs rivaux en leur envoyant dans le corps des
décharges électriques de plus en plus fortes. Bien
sûr, ils ignoraient que cette "télé
réalité" n'était pas réelle. Mais ils
avaient signé une sorte de contrat avec une animatrice
rigoureuse représentant l'autorité dont les injonctions
poussait chaque tortionnaire à tenir son rôle en allant
jusqu'au bout. Pris par le jeu de cette " zone extrême" ils
agissaient "comme en pilotage automatique". Voilà le devoir
d'obéissance auquel chacun se soumettait " pour bien tenir son
rôle", sa conscience anesthésiée.
- " Sophie, 46 ans, hôtesse de l'air est allée
jusqu'à 460 volt: mes grands parents ont porté
l'étoile jaune dès 1941 ... Pourquoi avaient-ils
obéi? ... Et voilà qu'à mon tour j'ai
obéi!" Mais
- Maria , 36 ans, documentaliste, s'est
arrêtée à 180 volts: Je m'inquiétais pour le
candidat. Quand il s'est mis à crier, je me mettais à sa
place... Alors, puisqu'on m'avait dit: " vous êtes le
maître du jeu", ça m'a donné la force
d'arrêter."
- Un historien allemand ( S. Haffner ) a remarquablement
décrit cette sorte d'auto-hypnose que produit le fait de tenir
un rôle en suivant seulement les règles du jeu: " Pour les
jeunes allemands des années 1914-1933, la guerre était
une chose parfaitement irréelle, irréelle comme un jeu...
Ce qui comptait, c'était la fascination de ce jeu
belliqueux."
- Mais A. Houziaux ajoute quelques remarques qui vont
surprendre, et même choquer certains lecteurs: " Après la
guerre de ( 1939-1945 ) , des enquêtes ont été
menées pour définir le profil de ceux qui avaient
été de bons soldats du nazisme. C'étaient
principalement des chrétiens rigoureux et orthodoxes, affichant
des valeurs morales intransigeantes. En revanche, ceux qui avaient
refusé " d'entrer dans le jeu " étaient principalement
des anarchistes, des libre-penseurs, des artistes, voire des associaux
plus ou moins délinquants. Ainsi, si nous avions
vécu en l'an 30 de notre ère, il est très
possible que nous, bons protestants comme il faut, nous aurions
été de ceux qui criaient " Crucifie-le!"
- N.B.: Pour le lecteur qui voudrait aller plus loin:
- Un livre: " l'expérience extrême" par Christophe Nick, éditions Don Quichotte,2010.
- Télé France 2 " Jusqu'où va la télé? 17 Mars 2010.
- Revue " Philosophie magazine" N° 37 , mars 2010 pages 37 à 57 .
- Journal " Réforme" du 1° avril 2010 ( article d'Alain Houziaux pasteur ERF.)
- A juste titre nous sommes
horrifiés par ces pères fanatiques qui, pour sauver
l'honneur de la famille, prennent part à la lapidation de leur
fille adolescente. Mais ils estiment tenir leur rôle en
obéissant à la morale collective de leur clan, de leur "
milieu" . Saul de tarse n'agissait-il pas ainsi avant sa conversion par
Jésus?
- " Tu n'es pas là pour penser mais pour
exécuter des ordres", disait récemment une
infirmière à une aide soignante. Or c'est exactement ce
que disaient les nazis donneurs d'ordres. Et tout le monde
obéissait à ces ordres criminels de sorte que chacun
devenait un criminel. Chacun suivait aveuglément la règle du jeu politique.
- suite :15004-devoir-desobeissance.html
Georges SIGUIER 1920--2016
(Pasteur, Église réformée de France)
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