:

L'arrestation  peut survenir à tout instant

 

Le devoir de désobéissance.

Mazamet 2010

 

 Civisme et politique 

vus du point de vue biblique

à la lumière de Jésus

et de son évangile.




11 accélération de l'histoire

13 Voici l'homme

15-devoir de désobeissance

16 Jesus notre seul avenir

17-BABEL orgueil des hommes

18-92ans evolution

19 Dieu-la religion-l'Eglise

20-vive l'Apocalypse-accueil.

21-accueil-l'imminence de la fin

22-conduite-a-adopter

23accueil-harmaguedon.

24000-accueil-jerusalem.




Les désobéissances de Jésus

UN ENFANT DESOBEISSANT.

L'évangéliste Luc nous raconte le seul épisode connu de l'enfance de Jésus (  Luc 2. 41 à 52 ). Jésus a douze ans. C'est l'âge où le jeune juif passait dans la catégorie des grandes personnes. Désormais il avait le droit de faire la lecture biblique à la synagogue, mais aussi le devoir, une fois par an, d'aller à Jérusalem, au Temple, pour la Pâque. cette fête était la grande fête nationale d'Israël. Elle commémorait l'exode, la sortie de l'esclavage en Egypte grâce à la la main puissante du Seigneur et de son serviteur Moïse. Des quatre coins du pays les pélerins montaient à la ville sainte et à son immense sanctuaire, ses parvis et ses salles:

" Chaque année les parents  de Jésus allaient de Nazareth à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand Jésus eut douze ans, ils y montèrent pour la fête, suivant la coutume.
A la fin des jours de fête, ils s'en retournèrent mais sans s'apercevoir que le jeune Jésus restait à Jérusalem. Pensant qu'il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et leurs connaissances. Ne l'ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem en le cherchant. C'est au bout de trois jours qu'ils le retrouvèrent dans le temple assis au milieu des maïtres (  de la loi de Moïse ), à les écouter et les interroger. Tous ceux qui entendaient Jésus s'extasiaient sur l'intelligence de ses réponses.
En le voyant, ils furent stupéfait et sa mère lui dit: " Mon enfant, pouquoi nous as-tu fait cela? Vois, ton père et moi, nous te cherchions tout angoissés!"
 Il leur dit: " Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que j'ai a faire chez mon Père?"
Mais eux ne comprenaient pas ce qu'il  leur disait. Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth. Il leur était soumis. Sa mère gardait dans son coeur  tous ces évènement. Jésus progressait en sagesse et en taille, et en grâce aux yeux de Dieu et des hommes."
(  Luc 2. 41 à 52 )

 Je me pose carrément la question: Jésus, en cette circonstance, a-t-il désobéi à Joseph et Marie? Et je suis bien obligé de répondre "Oui", si je veux prendre au sérieux et à la lettre le texte de cet évangile, tout en admirant son auteur qui, ici comme toujours, fait preuve de remarquable finesse, et de délicatesse et d'humour.
Oui, ce jour-là, l'enfant Jésus a désobéi. Je me demande si, d'ordinaire, on ne minimise pas trop le fait qu'en cette circonstance Jésus a désobéi à ses parents. L'étourderie de Joseph et de Marie n'excuse pas le grand garçon. A douze ans, on sait ce qu'on fait, en bien ou en mal! Jésus ne pouvait pas ignorer que, pour le groupe des pélerins de Nazareth, le moment du départ était prévu et que tous ces villageois en étaient informés. Lui comme les autres.
Or Jésus n'en tient pas compte, en restant si longtemps dans une salle du vaste Temple, près des théologiens, qui ne le connaissent pas. Le plus fort, c'est que trois jours après, ily est encore! Et il n'a pas un mot d'excuse, tout étonné que ses parents affolés aient vécu un martyre en le cherchant partout: " Pourquoi me cherchiez-vous?", leur dit-il. "Moi, je l'aurais giflé!", s'écriait une femme pendant une étude biblique, et tout le groupe opinait du bonnet. ( France Quéré " Jésus enfant" éditions Desclée page 220 à 250 )
Mais ne fixons pas notre attention sur Marie et Joseph. L'essentiel, c'est  Jésus, et ce qu'il dit: " ne savez-vous pas que j'ai à faire chez mon Père?" Ces paroles sont les plus importantes du récit.
Ce qui  le montre bien, c'est que Jésus répond par un reproche au reproche de sa mère. Au " pourquoi?" tout humain de Marie correspond le " pourquoi?"  énigmatique de son fils. Celui-ci se place à ce niveau spirituel qui n'est pas celui de sa famille: " Ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait".  Les évangiles témoignent tous de cette incompréhension tenace. Elle durera jusqu'à ce que le Ressuscité, avec sa tombe laissée vide et surtout ses manifestations évidentes, ouvre les yeux de Marie et de ses autres enfants, et les hausse au plan spirituel. D'ici là, on aura même vu les frères de Jésus venir " pour s'emparer de lui, car ils disaient: " il a perdu la tête". ( Marc 3. 20et 21 ). Car l'énigme, le mystère et le secret de Jésus se logent, dès douze ans, dans cette intimité avec Dieu qui s'exprime par ce mot " Père!", et  même " mon Père!".
Le psaume 89 évoque l'alliance messianique que Dieu avait conclue avec le roi David, mille ans auparavant. Le verset 27 dit: " Voici comment il ( le Messie)  s'adressera à moi, dit Dieu: il me dira" Tu es mon Père, tu es mon Dieu!". Jésus, à douze ans, tient ce language filial; et sur la croix, ce sera son dernier mot: " Père, entre tes mains je remets mon esprit" ( Luc 23. 46 )

PERMANENTE DESOBEISSANCE.

Ce n'est pas pour rien que l'évangéliste Luc termine son récit par ces mots: " Jésus descendit avec ses parents pour aller à Nazareth. Et il leur était soumis". ( Luc 2. 51 )

Cette mention de la soumission de l'enfant à ses parents est là pour nous faire comprendre que la désobéissance de Jésus, lors de la Pâque à Jérusalem, était motivée par son obéissance à Dieu.  Par la priorité donnée à  " notre Père des cieux". C'était une désobéissance aux hommes à l'intérieur d'une obéissance absolue à Dieu.

Par conséquent il faut comprendre que les  désobéissances de Jésus  ont été constantes et permanentes. Il désobéissait sans cesse à des systêmes et à des institutions afin de réaliser toujours l'amour miséricordieux de Dieu et l'amour du prochain. Y compris de l'ennemi. Il voulait, en fils soumis, imiter son Père. Voilà pourquoi il ne pouvait pas être un guerrier, ni un homme de Pouvoir, ni un chef d'Etat, ni un fondateur de religion.

Ecoutons à cet égard, ce qu'écrivait Hans Kung ( " Mémoire II, une vérité contestée" pages 411 à 415 ), le théologien catholique réfractaire:

" Domestiqué par l'Eglise, Jésus n'apparaît souvent que comme son représentant, celui qui vient  prêter appui à son système politico-religieux, son dogme, son culte, son droit canonique; tête invisible d'un appareil ecclésiastique fort visible. Que de chefs de l'Eglise, de princes chrétiens, de partis chrétiens, de classes, de races, à s'être réclamé de Lui ! ... Il annonçait le Royaume de Dieu. Le conflit avec les détendeurs du pouvoir religieux et politique était donc inévitable... sa non-violence provoqua une violente réaction des gardiens de la loi, de la morale et du droit: sa mort sur une croix."

DESOBEISSANCE A L'ORDRE ETABLI.

Un ordre établi est rassurant et confortable....  du moins pour ceux qui en profitent. Et on est vite traité d'anarchiste ou d'utopiste si on le remet en question en allant au fond des choses.
Bien sûr, au long de l'Histoire, multiples et divers ont été ces systèmes établis. Mais, pour Jésus et ses apôtres c'est, au fond, toujours le même " ordre établi", celui de " ce  monde", celui du " péché" ( personnel et collectif); effroyable désordre aux yeux du Dieu Saint! Jésus a dit " non" à ce désordre.
C'est la raison pour laquelle il a proclamé la Bonne Nouvelle " le Royaume de Dieu est proche!", confirmant sa proclamation par des signes, des guérisons et des délivrances. 
C'est pour cela aussi qu'il a été, ds le début, en train de désobéir à ceux qui représentaient l'idéologie politico-religieuse de son époque, en Israël.
Cette idéologie-là n'est pas sans analogie avec celle qui a dominé l'Europe, donc la france, pendant des siècles. C'est ce système  que l'on nomme la " Chrétienté".

Il se caractérise  par l'appui réciproque que se donnent le Pouvoir politique ( devenu " sacré" et de " droit divin") et le Pouvoir religieux ( lui aussi de " droit divin", donc totalitaire et oppresseur): " Sainte alliance" entre César et le Dieu d'Israël, entre le sabre et le goupillon, entre la croix et le drapeau, entre les autorités religieuses... et, caché sous l'estrade, toujours discret, " Mammon", le Dieu " Argent, Fortune, Profit".

Les empereurs romains Constantin et Théodose, avec l'appui des évêques reconnaissants, avaient inauguré cet " ordre". Les rois de France, en particulier Louis XIV, ont poussé très loin le principe selon lequel chaque pays ne doit avoir qu'une seule et unique religion. Les protestants français n'ont pas oublié ce que cet " ordre établi" leur a coûté. Mais leurs ancêtres ont su désobéir, malgré la persécution et le banissement. Malheureusement ni Luther ni Calvin n'ont pu éviter le piège que les Pouvoirs politiques leur tendaient: ils ont été heureux de bénéficier du " bras séculier" lorsque c'était possible.

Il faut remarquer aussi que, pour le fond, ni la Révolution française ni la philosophie des lumières n'ont changé le monde et créé " l'Homme nouveau". Le marxisme non plus, d'ailleurs! En fait, en Europe et dans les Amériques, en Afrique du Sud et en ethiopie, partout, des milliards d'êtres humains ont été ainsi " mis sous influence" dès la petite enfance.

J'ai personnellement été victime de ce " bourrage de crâne" généralisé, au lendemain de la guerre de 1914-1918:

- L'Etat continuait de me faire " haïr les Boches" et de me faire aimer son colonialisme.

- L'instituteur m'enseignait l'Hymne national et l'exaltation lyrique de Victor Hugo ( " Gloire à la France éternelle!")

- et le pasteur me formait à la théologie de la guerre juste et au nationalisme patriotique, en violente contradiction avec Jésus.

A l'âge de vingt ans, j'éatis donc " mûr" pour répondre, par un " oui" enthousiaste, à l'appel lancé de Londres par le général De Gaulle, le 18 juin 1940. J'étais spirituellement disponible pour entrer dans la résistance armée, pour aller au maquis dans les Alpes... et faire la connaissance de la gestapo et du camp de concentration de Mauthausen!

Le Maître qui venait de m'appeler à être prédicateur de son Evangile a eu besoin, dès lors, de beaucoup de patience pour me faire revisiter ma théologie pratique et pour m'enseigner la vraie désobéissance: la sienne.

SUITE:15010-transgression-theocratie.html

 

Georges SIGUIER  1920--2016
 (Pasteur, Église réformée de France)  


 

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