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L'arrestation peut survenir à tout instant |
Mazamet 2010 |
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vus du point de vue biblique à la lumière de Jésus et de son évangile.
Le devoir d'obéissance
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Les désobéissances de Jésus UN ENFANT DESOBEISSANT. L'évangéliste Luc nous raconte le seul épisode connu de l'enfance de Jésus ( Luc 2. 41 à 52 ). Jésus a douze ans. C'est l'âge où le jeune juif passait dans la catégorie des grandes personnes. Désormais il avait le droit de faire la lecture biblique à la synagogue, mais aussi le devoir, une fois par an, d'aller à Jérusalem, au Temple, pour la Pâque. cette fête était la grande fête nationale d'Israël. Elle commémorait l'exode, la sortie de l'esclavage en Egypte grâce à la la main puissante du Seigneur et de son serviteur Moïse. Des quatre coins du pays les pélerins montaient à la ville sainte et à son immense sanctuaire, ses parvis et ses salles:
Je me
pose carrément la question: Jésus, en cette circonstance,
a-t-il désobéi à Joseph et Marie? Et je suis bien
obligé de répondre "Oui", si je veux prendre au
sérieux et à la lettre le texte de cet évangile,
tout en admirant son auteur qui, ici comme toujours, fait preuve de
remarquable finesse, et de délicatesse et d'humour.
Oui, ce jour-là, l'enfant Jésus a désobéi. Je me demande si, d'ordinaire, on ne minimise pas trop le fait qu'en cette circonstance Jésus a désobéi à ses parents. L'étourderie de Joseph et de Marie n'excuse pas le grand garçon. A douze ans, on sait ce qu'on fait, en bien ou en mal! Jésus ne pouvait pas ignorer que, pour le groupe des pélerins de Nazareth, le moment du départ était prévu et que tous ces villageois en étaient informés. Lui comme les autres. Or Jésus n'en tient pas compte, en restant si longtemps dans une salle du vaste Temple, près des théologiens, qui ne le connaissent pas. Le plus fort, c'est que trois jours après, ily est encore! Et il n'a pas un mot d'excuse, tout étonné que ses parents affolés aient vécu un martyre en le cherchant partout: " Pourquoi me cherchiez-vous?", leur dit-il. "Moi, je l'aurais giflé!", s'écriait une femme pendant une étude biblique, et tout le groupe opinait du bonnet. ( France Quéré " Jésus enfant" éditions Desclée page 220 à 250 ) Mais ne fixons pas notre attention sur Marie et Joseph. L'essentiel, c'est Jésus, et ce qu'il dit: " ne savez-vous pas que j'ai à faire chez mon Père?" Ces paroles sont les plus importantes du récit. Ce qui le montre bien, c'est que Jésus répond par un reproche au reproche de sa mère. Au " pourquoi?" tout humain de Marie correspond le " pourquoi?" énigmatique de son fils. Celui-ci se place à ce niveau spirituel qui n'est pas celui de sa famille: " Ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait". Les évangiles témoignent tous de cette incompréhension tenace. Elle durera jusqu'à ce que le Ressuscité, avec sa tombe laissée vide et surtout ses manifestations évidentes, ouvre les yeux de Marie et de ses autres enfants, et les hausse au plan spirituel. D'ici là, on aura même vu les frères de Jésus venir " pour s'emparer de lui, car ils disaient: " il a perdu la tête". ( Marc 3. 20et 21 ). Car l'énigme, le mystère et le secret de Jésus se logent, dès douze ans, dans cette intimité avec Dieu qui s'exprime par ce mot " Père!", et même " mon Père!". Le psaume 89 évoque l'alliance messianique que Dieu avait conclue avec le roi David, mille ans auparavant. Le verset 27 dit: " Voici comment il ( le Messie) s'adressera à moi, dit Dieu: il me dira" Tu es mon Père, tu es mon Dieu!". Jésus, à douze ans, tient ce language filial; et sur la croix, ce sera son dernier mot: " Père, entre tes mains je remets mon esprit" ( Luc 23. 46 ) PERMANENTE DESOBEISSANCE. Ce n'est pas pour rien que l'évangéliste Luc termine son récit par ces mots: " Jésus descendit avec ses parents pour aller à Nazareth. Et il leur était soumis". ( Luc 2. 51 ) Cette mention de la soumission de l'enfant à ses parents est là pour nous faire comprendre que la désobéissance de Jésus, lors de la Pâque à Jérusalem, était motivée par son obéissance à Dieu. Par la priorité donnée à " notre Père des cieux". C'était une désobéissance aux hommes à l'intérieur d'une obéissance absolue à Dieu. Par conséquent il faut comprendre que les désobéissances de Jésus ont été constantes et permanentes. Il désobéissait sans cesse à des systêmes et à des institutions afin de réaliser toujours l'amour miséricordieux de Dieu et l'amour du prochain. Y compris de l'ennemi. Il voulait, en fils soumis, imiter son Père. Voilà pourquoi il ne pouvait pas être un guerrier, ni un homme de Pouvoir, ni un chef d'Etat, ni un fondateur de religion. Ecoutons à cet égard, ce qu'écrivait Hans Kung ( " Mémoire II, une vérité contestée" pages 411 à 415 ), le théologien catholique réfractaire:
DESOBEISSANCE A L'ORDRE ETABLI. Un
ordre établi est rassurant et confortable.... du moins
pour ceux qui en profitent. Et on est vite traité d'anarchiste
ou d'utopiste si on le remet en question en allant au fond des choses. Il se caractérise par l'appui réciproque que se donnent le Pouvoir politique ( devenu " sacré" et de " droit divin") et le Pouvoir religieux ( lui aussi de " droit divin", donc totalitaire et oppresseur): " Sainte alliance" entre César et le Dieu d'Israël, entre le sabre et le goupillon, entre la croix et le drapeau, entre les autorités religieuses... et, caché sous l'estrade, toujours discret, " Mammon", le Dieu " Argent, Fortune, Profit". Les empereurs romains Constantin et Théodose, avec l'appui des évêques reconnaissants, avaient inauguré cet " ordre". Les rois de France, en particulier Louis XIV, ont poussé très loin le principe selon lequel chaque pays ne doit avoir qu'une seule et unique religion. Les protestants français n'ont pas oublié ce que cet " ordre établi" leur a coûté. Mais leurs ancêtres ont su désobéir, malgré la persécution et le banissement. Malheureusement ni Luther ni Calvin n'ont pu éviter le piège que les Pouvoirs politiques leur tendaient: ils ont été heureux de bénéficier du " bras séculier" lorsque c'était possible. Il faut remarquer aussi que, pour le fond, ni la Révolution française ni la philosophie des lumières n'ont changé le monde et créé " l'Homme nouveau". Le marxisme non plus, d'ailleurs! En fait, en Europe et dans les Amériques, en Afrique du Sud et en ethiopie, partout, des milliards d'êtres humains ont été ainsi " mis sous influence" dès la petite enfance. J'ai personnellement été victime de ce " bourrage de crâne" généralisé, au lendemain de la guerre de 1914-1918: - L'Etat continuait de me faire " haïr les Boches" et de me faire aimer son colonialisme. - L'instituteur m'enseignait l'Hymne national et l'exaltation lyrique de Victor Hugo ( " Gloire à la France éternelle!") - et le pasteur me formait à la théologie de la guerre juste et au nationalisme patriotique, en violente contradiction avec Jésus. A l'âge de vingt ans, j'éatis donc " mûr" pour répondre, par un " oui" enthousiaste, à l'appel lancé de Londres par le général De Gaulle, le 18 juin 1940. J'étais spirituellement disponible pour entrer dans la résistance armée, pour aller au maquis dans les Alpes... et faire la connaissance de la gestapo et du camp de concentration de Mauthausen! Le Maître qui venait de m'appeler à être prédicateur de son Evangile a eu besoin, dès lors, de beaucoup de patience pour me faire revisiter ma théologie pratique et pour m'enseigner la vraie désobéissance: la sienne. SUITE:15010-transgression-theocratie.html Georges SIGUIER 1920--2016 |
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