:
Salvador Dali

 

92 ans d'évolution personnelle

1°  POLITIQUE ET GUERRE
2°  "RELIGION, EGLISE, UNITE" 

Mazamet 2012


 

 Civisme et politique 

vus du point de vue biblique

à la lumière de Jésus 

et de son évangile.



11 accélération de l'histoire

13 Voici l'homme

15-devoir de désobeissance

16 Jesus notre seul avenir

17-BABEL orgueil des hommes

18-92ans evolution

19 Dieu-la religion-l'Eglise

20-vive l'Apocalypse-accueil.

21-accueil-l'imminence de la fin

22-conduite-a-adopter

23accueil-harmaguedon.

24000-accueil-jerusalem.











1° POLITIQUE ET GUERRE

1- 1920-1940. ENFANCE HEUREUSE.... MAIS INTOXIQUEE.
Je suis né le 16 septembre 1920.
 Mon enfance a été très heureuse, grâce à mes parents pleins d'amour pour ma soeur et pour moi. Ma soeur Paulette, née avant la " grande guerre, avait presque dix ans de plus que moi. J'étais donc un peu " gâté", comme on dit!
Ce bonheur était d'autant plus grand que la France sortait à peine de l'infernale tourmente. Victorieuse mais exsangue. Avide de vivre les belles possibilités ouvertes devant elle.
Mon père, caporal brancardier, avait connu l'horreur et l'enfer des tranchées, notamment au chemin des Dames. Il en avait rapporté un petit éclat d'obus logé dans son dos mais que les médecins militaires n'avaient pas essayé d'extraire, si près de la moelle épinière.
Ces grandes souffrances passées, mes parents voulaient les oublier. De 1920 à 1940, nous avons tous vécu heureux, persuadés que la" grande guerre "avait été la "der des der", la dernière des guerres!
Mais à peine vingt ans plus tard, comme un terrible coup de tonnerre, éclate de nouveau la guerre! Non seulement en Europe mais au niveau  mondial: et la guerre totale, industrialisée, frappant les civils autant que les soldats, la guerre moderne avec ses " crimes contre l'Humanité" et les premières bombes atomiques lancées sur le Japon par une nation " chrétienne".....
Finie l'enfance heureuse à Mazamet, à Castres, à Paris, à Toulouse! 1940, la guerre  a commencé depuis un an par l'exode et la fuite sur les routes de France. Je fais connaissance avec ce qu'il me faut appeler ma guerre et ma vie politique: le refus du travail obligatoire en Allemagne, la résistance, le maquis, la gestapo, le camp de concentration de Mauthausen, la mort de mes amis.
Alors on s'est remis à crier: " Plus jamais ça!" Quelle stupidité!
Pour ma part je n'y crois plus. Je sais qu'on m'a " bourré le crâne" et que je suis intoxiqué par cette "religion patriotique" qui fait partie de la  "vaine manière  de vivre héritée de nos pères" ( selon la Bible)

La politique et la guerre
Les deux vont ensemble.
L'une ne se fait pas sans l'autre.
La politique et la guerre sont inséparables. La mondialisation des deux n'y change rien. L'histoire de la nation française peut illustrer ce fait: de siècle en siècle, elle s'est faite par la violence meurtrière et la victoire des uns sur les autres.
Le grand stratège allemand Von Clausewitz a dit: " La guerre n'est que la continuation de la politique  par d'autres moyens". Le chinois Mao-Tzé-tung a dit: " La politique, c'est la guerre sans effusion de sang". Et Machiavel a dit:" Les Etats se bâtissent dans le sang et les larmes, la violence et l'injustice".
Et Jésus de Nazareth? qu'a-t-il dit? Il a dit mieux et a fait mieux....
La lecture de ces pages a besoin d'être précédée par un avertissement au lecteur: le mot "politique" y sera pris en deux sens différents. Au féminin, la politique est l'activité qui consiste à gouverner la cité des hommes, avec les moyens appropriés, en tout cas avec le pouvoir de coercision (ce que la Bible nomme le " glaive", " l'épée".) Quel que soit le régime ( démocratie, royauté, dictature...) certains de nos compatriotes sont préposés à cette activité essentielle: la politique.
Or, personne n'est obligé de remplir ce genre de fonctions! Lorsque l'apôtre Paul recommandait aux chrétiens de Rome de respecter et de craindre les magistrats qui portent et utilisent le glaive, et ne leur conseillait nullement de faire partis de ces magistrats romains.
Par contre, il encourageait ses frères et soeurs à aimer tous les habitants de la Cité, à les servir dans tous les domaines de la vie, donc à prendre au sérieux ce fait qu'ils vivent dans le domaine "du politique". De toute façon, en effet, chacun de nous vit  dans cette sphère-là, celle des relations mutuelles, là où on habite. Bien plus, c'est le Seigneur qui nous y met," envoyés dans le monde". Nous  donc, les chrétiens, avons vocation de servir sans cesse notre prochain dans le domaine du politique, sans faire de la politique mais en priant pour les autorités politiques, ce qui ne signifie pas pour les approuver, bien au contraire!
La relation patriotique.
L'été prochain, il y aura vingt ans que je vis dans cette Maison de retraite nommée le "Refuge protestant", à Mazamet.
Lorsque j'y suis entré, un an après le décès de mon épouse Colette, je n'imaginais pas que j'y serais encore en 2012, à l'âge de 91 ans et demi. Bizarre!
Etrange aussi que mes facultés intellectuelles ne sont pas trop diminuées....
Au terme d'une vie consacrée à l'annonce de l'Evangile du " Roi des Juifs", j'ai du plaisir encore au sujet de Jésus, de sa politique, de son avenir et de son extraordinaire actualité.
On me dit:" Tu as raison de te donner de l'activité, au lieu de regarder la télé pendant des heures!". Je ne réponds pas, car écrire une brochure comme celle-ci n'est pas pour moi,  un passe-temps. Il y a derrière moi, quelqu'un d'autre. Je ne le vois pas mais je le connais. Et je suis sûr que de lui me vient la triple vocation: " Ecoute! Ecris! Distribue!"
Voilà pourquoi, aussi, j'aime bien donner à ma maison de retraite trois qualificatifs: elle est l'oratoire où j'écoute la Parole de Dieu, en communion de prière avec beaucoup; elle est un laboratoire où je travaille chaque jour la Bible; elle est un observatoire d'où j'examine attentivement le monde et la société humaine, à l'aide de théologiens et des penseurs qui me nourrissent depuis longtemps ( Jacques Ellul, René Girard, Michel Serres, et c....)
Pour réfléchir sur la politique et sur la guerre, je n'ai pas besoin d'un ordinateur. Je m'en suis passé depuis ma naissance. C'est mon vécu qui m'a informé et formé, en permanent dialogue avec les écrits groupés dans le Nouveau Testament, ces écrits dont l'authenticité et la modernité me frappent de plus en plus.

Le  8 novembre dernier, la chaîne de télé "Arte" me permettait de voir un film sur la guerre 1914-1918. Ce film montrait des épisodes de fraternisation sur le front, entre soldats allemands et soldats français, en première ligne. J'en retiens surtout deux choses: un cri et le fait qui a provoqué ce cri.
Ce cri est la proclamation d'une incontestable vérité:" Quelle connerie la guerre!"
Mais voici le fait, hautement significatif, qui avait déclenché ce cri: entre les deux lignes de fantassins ennemis, dans le court espace qui les sépare, un obus de très gros calibre est tombé.... sans éclater. L'engin est là, planté verticalement, immobile, muet mais terriblement menaçant: si jamais il explosait, il unirait " Boches" et "Français" dans le même massacre!
Alors on a vu un spectacle bouleversant: sortis de leur tranchée, un allemand et un français se rejoignent tout près de l'engin infernal. Ils l'enserrent de leurs bras, comme feraient deux amoureux. D'un commun accord, très lentement, ils font bouger l'obus puis le couchent délicatement sur le sol, se sauvant ainsi ensemble de la même mort. C'est alors qu'après  un énorme et nerveux éclat de rire, l'allemand proclame ces seuls mots de français qu'il sait correctement prononcer: " Quelle connerie, la guerre!"
Comme il a dit vrai, cet homme! Oserai-je ajouter, en lui empruntant son langage et son style: " Quels "cons" par conséquent, tous ces théologiens, idéologues et chefs politiques qui justifient la guerre!!
Avec Machiavel, Clausewitz et Mao, comprenons bien que le recours à la guerre ( éventuellement " chaude", mais " froide" en permanence) est inhérent à la politique. La guerre est partie intégrante de l'exercice du Pouvoir politique.
Au printemps prochain, lors des élections présidentielles et législatives, quiconque apportera son suffrage à l'un ou l'autre des candidats apportera du même coup son appui et sa complicité non seulement au Chef de l'Etat mais aussi aux députés et aux sénateurs. Tous ont pour mission d'entretenir un armement suffisant pour que les intérêts vitaux de la Patrie soient toujours sauvegardés. Là " légitime défense" est le dogme fondamental de cette religion naturelle.
Oui, il s'agit bien là de " religion". Je la nomme "la religion patriotique", commune à tous les citoyens dont le cerveau est formaté pour être disponible si le Chef ordonne de tuer des ennemis.
Voyez  à quel point est religieuse cette démarche, intérieure à chacun, qui consiste à rendre "sacré" un acte qui est normalement un crime, un meurtre prémédité! Car le "religieux" c'est le "sacré": sacrées, ces liturgies à l'Arc de Triomphe pour ranimer la flamme en l'honneur du " soldat inconnu"- Sacré ce grand défilé du 14 juillet aux Champs Elysées: chaque année, la Nation fait vibrer la corde patriotique en montrant sa force
 militaire.Elle se montre à elle même sa grandeur collective et elle montre au monde entier que sa force de dissuasion nucléaire est faite pour être utilisée, si la "Nécessité" l'impose- Sacré l'hymne national qui incite au crime patriotique en termes inacceptables.- Sacrés tous les drapeaux qui s'inclinent religieusement au Panthéon tandis que le lyrisme d'André Malraux encense Jean Moulin et que, solidaire, le Président de la République dépose la rose de " la Patrie reconnaissante"- Sacrée  aussi l'internationale-  Sacrée la glorification de Jeanne d'Arc, d'autant plus sacrée que son épopée guerrière lui a valu de devenir une "sainte".... "Amour sacré de la patrie, combats avec tes défenseurs..".!

Jésus, le "Roi des Juifs" ne combat pas avec ces armes mensongères, lui! Mais il se tait. Lorsqu'on rend la liberté à Barabbas, Jésus enchaîné monte au Calvaire. Son amour pour les ennemis n'est pas mensonger: dès qu'il a vu comment ce " Roi" est mort, l'officier romain qui commandait le peloton d'exécution s'est écrié: " Vraiment cet homme était Fils de Dieu ! " ( Evangile de Marc 15. 39)

La religion nationale patriotique est l'ennemie du " Roi des Juifs" crucifié.
D'autant plus que Jésus n'a pas voulu être le fondateur d'une religion.
 Il a été et il est toujours, actuellement,
 l'adversaire de toute " religion".


"On m'a bourré le crane".
On ne l'a pas fait volontairement et sciemment, de propos délibéré, comme le font des régimes totalitaires qui organisent le lavage des cerveaux et l'endoctrinement méthodique. Non! Mais de façon insidieuse, avec les meilleures intentions du monde, pour le bien des enfants et des adolescents, une idéologie politico-religieuse imprégnait dès la naissance chacun de nous. Nul ne pouvait s'y dérober et se tenir à distance de cette intoxication. Il eût fallu, pour cela, posséder en abondance les deux principaux contrepoisons que, par nature, un enfant ne peut avoir: la culture d'une part et la connaissance approfondie de l'Evangile. Or, précisément, ce sont nos éducateurs qui nous intoxiquaient, étant intoxiqués eux-mêmes!  Nos instituteurs, nos pasteurs et notre famille coopéraient à cette formation néfaste, dans le domaine du civisme et du politique. Mais je ne leur en veux pas si, enfant, j'avais choisi comme " idole" Napoléon 1°, soldat de plomb, il trônait seul, à cheval, sur la cheminée en marbre de ma chambre. Heureusement que, sans trop tarder, ce prédateur et cet assassin a été détrôné par Jean Jaurès, le noble humaniste assassiné!
Il m'a fallu du temps pour tirer au clair tout ce qui était mélangé  dans cette idéologie politico-religieuse que me transmettaient les personnes qui m'étaient les plus chères et que j'admirais! Par elles j'avais été profondément convaincu de la légitimité du service armé
-  Pour défendre les siens et la patrie,
- pour obéir aux autorités politiques,
- pour servir Dieu et honorer Jésus,
en " rendant à césar ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" ( Matthieu 22. 21)
Mais j'ai pu dépister une première confusion, dans ce qu'on me disait "équivalent et identique": le patriotisme et le nationalisme. C'est Romain Gary, je crois, qui a dit: " le patriotisme, c'est l'amour des siens; le nationalisme c'est la haine des autres". Oui, je suis de tout coeur un "patriote" s'il s'agit pour moi d'aimer le pays où je suis né, le terroir dont je partage la vie, la langue et la culture. Jésus n'a t-il pas aimé sa patrie galiléenne, son peuple, sa famille, au point de donner sa vie pour eux tous? Mais a-t-il  été nationaliste? A-t-il détesté les étrangers? A-t-il haï les légionnaires des armées d'occupation? A-t-il amalgamé patriotisme et nationalisme? Non! il a fait tout le contraire.
Or, au temps de ma jeunesse, on m'avait fait croire que je ne pouvais être un bon patriote français qu'en haïssant les Allemands, ces " Boches" dont " le sang impur abreuve nos sillons". Bien plus on en arrivait, en unissant Evangile  et Nation, à me persuader que je devais aimer les ennemis  tout en les tuant!  Encore aujourd'hui je retrouve ce sophisme schizophrénique non seulement chez mes camarades anciens déportés et notre journal " le Patriote Résistant"  mais aussi, hélas! chez les aumôniers militaires de la Fédération Protestante.
Mais revenons à mon enfance: à l'école primaire, le culte de la patrie faisait partie de la morale et le nationalisme obligeait tous les élèves à se rendre au Monument aux morts  célébrer la liturgie de la religion patriotique. Victor Hugo et Jeanne d'Arc se donnaient la main pour convaincre la jeunesse que César et Jésus pouvaient et devaient collaborer au bien de la Cité. La sainte et son épée victorieuse avait soutenu le moral de l'arrière de 1914-1918; et, en 1943, on faisait chanter à notre jeunesse:" Maréchal nous voilà, devant toi, le sauveur de la France....!"
Mais j'ai sous les yeux une plaquette écrite en 1915 pour garder  le souvenir du culte commémoratif du 26 décembre: " service religieux, patriotique et commémoratif des soldats protestants de Mazamet morts depuis le début de la guerre"... près de 3000 personnes s'entassaient dans le grand Temple.... Les trois pasteurs s'étaient partagé la tâche, leur discours s'inspirant respectivement de ces trois mots: Patriotes-Protestants- Chrétiens.....
Passons sur la chorale, qui chante le poème du faux prophète Victor Hugo: "Ceux qui, pieusement, sont morts pour la patrie....." !
Et venons-en vite à quelques citations significatives: "Aujourd'hui, sous son voile de deuil, la France  nous apparaît encore plus sacrée.... Dans la guerre actuelle, nous pouvons le dire bien haut, notre Patrie a le beau rôle. Elle représente, une fois de plus dans le monde, le droit et la liberté. Quand elle a vu se lever contre elle les hordes allemandes savamment organisées en vue du meurtre et du pillage, la France s'est dressée d'un seul élan..... " Nous croyons de toute la puissance de nos âmes à la beauté, à la sainteté de notre cause......" Et c...
Ce jour là mon père était sur le front. Ma mère, en ce lendemain de Noël 1915 était probablement dans cette assemblée soi-disant " chrétienne", au grand Temple. J'ai comme la vision de Jésus, pleurant, pleurant dans un coin et priant: " Pardonne leur! ils ne savent pas ce qu'ils font!"

Le mauvais choix.
Toulouse, printemps 1943.
Je suis au "Chantier de jeunesse"  du château de Lespinet ( créés par le gouvernement de Vichy, les Chantiers de jeunesse regroupaient les jeunes français pour du service civil) Je  désobéis à l'ordre de départ en Allemagne pour le " Service de travail obligatoire" (S.T.O.) . J'entre en clandestinité et résistance.
Mais j'opte pour la résistance armée et l'organisation d'un maquis, ( Dans les Alpes, près du village de Tréminis : Isère) avec quelques condisciples de la Faculté théologique protestante de Montpellier ( Voir: Benjamin Siguier " 1939-1945, résistance à la Faculté de Théologie de Montpellier", Mémoire de Maîtrise -Histoire)
Par la suite j'ai compris que j'avais fait le mauvais choix et cette certitude n'a fait que grandir au fil des ans.
Pour tout dire, le bon choix aurait été de faire la volonté de Jésus telle qu'elle  se révèle dans l'Evangile: " Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous font du mal...."C'était le bon moment pour agir ainsi, d'autant plus que, depuis le 16 septembre 1940, ayant décidé de devenir pasteur au lieu de continuer à aller vers le professorat, j'avais déjà fait deux ans de théologie!  Mais la "religion national-patriotique" m'avait tellement conditionné et formaté que la recherche de la volonté de Jésus passait après le reflexe de l'autodéfense par la violence et le choix des armes contre l'ennemi.
D'autre part, en mon fort intérieur fonctionnait beaucoup l'illusion que le vrai courage  ne pouvait se trouver que dans le camp des guerriers, et nullement dans le camp des non-violents et des objecteurs de conscience. Pourtant, je connaissais déjà le courage du pasteur André Trouvé et des habitants du Chambon-sur- Lignon (Haute Loire) qui cachaient et sauvaient des centaines de jeunes juifs, au prix de leur propre tranquillité! Et je connaissais  le pasteur Henri Roser, et d'autres pacifistes radicaux qui avaient déjà connu la prison pour objection de conscience à la guerre et au service militaire!  ( Pierre Kneubülher:" Henri Roser" (éditions Les bergers et les mages) André Trocmé " Jésus-Christ et la révolution non-violente ( éditions labor et Fides 1961)
Le jour du grand départ de Toulouse vers l'Allemagne, j'hésitais encore. C'est René Lescoute, étudiant en théologie comme moi, qui m'a poussé vers le choix du maquis armé, le mauvais choix aux yeux de Dieu... Et le choix glorieux aux yeux de la France!
En septembre, notre petit maquis était né, dans la forêt de Tréminis.

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud


 

Georges SIGUIER  1920--2016
 (Pasteur, Église réformée de France)  


 

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