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Mazamet 2012
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vus du point de vue biblique à la lumière de Jésus et de son évangile.
1811 :1920-1940. enfance heureuse
18012- 1943-1946. désintoxication 18013- 1944-1945 Mauthausen. 18014-1945-1946 apres-guerre. |
1° POLITIQUE ET GUERRE. 4. MAUTHAUSEN 1944 -1945 Le camp de concentration de Mauthausen était un des plus anciens de ces camps nazis.
Non loin de Vienne, près du Danube, sur une hauteur, son aspect de forteresse, surmontée de l'aigle impérial, à lui seul imprimait la crainte. Venus de tous les pays d'Europe, des déportés arrivaient là et y restaient quelques temps avant d'être répartis dans les camps annexes, les filiales du camp central. Tristement célèbre est l'escalier de 186 marches inégales, taillées dans le roc de la carrière. Les déportés devaient gravir ces marches avec, sur l'épaule, une lourde pierre. Malheur à celui qui tombait et ne parvenait pas au sommet! La baïonnette des S.S. le poussait dans le vide. Heureusement que, très vite, je me suis retrouvé à Melk, petite ville située dans une boucle du Danube. Je suis resté dans ce camp jusqu'à notre transfert au camp d'Ebensce, loin à l'ouest, au moment où l'armée russe progressait rapidement vers Mauthausen. C'était au printemps 1945, presque un an après le débarquement des Alliés en Normandie! A Melk, dominant le camp aujourd'hui disparu, s'élève toujours la magnifique et impressionnante abbaye, un joyau architectural. De là-haut les moines voyaient, tout en bas, les bâtiments du camp de concentration. Entendaient-ils les bruits et les cris? En tout cas, ils n'ignoraient pas notre existence. Cette coexistence m'a toujours paru d'une grande portée symbolique, une illustration frappante de l'alliance perverse entre l'Eglise et l'Etat, entre la religion et la politique: en haut le contemplatif voué au " spirituel" et allié de ceux d'en bas, ceux du "temporel" voués aux besognes et aux souffrances engendrées par la politique meurtrière des Nations. Ainsi ceux d'en bas financent les riches demeures des religieux! Cathy Legrand, professeur de philosophie à l'université catholique de lille, analyse fort bien ce fait:
Durant l'année
passée en camp de concentration, en Autriche, je me suis
posé bien des questions rejoignant les " pourquoi" de cette
philosophe: pourquoi les évêques autrichiens, à
Vienne, ont-ils chaleureusement accueilli Hitler venu annexer
l'Autriche au III° Reich? Pourquoi les allemands, chrétiens
baptisés et confirmés , ont-ils presque tous
apporté leur contribution à l'assassinat de six millions
de Juifs, les frères du " Roi des Juifs" crucifié?
Comment ce peuple civilisé, si cultivé, au coeur de
l'Europe, a-t-il pu en arriver là? Et pourquoi Dieu, voyant
cela, n'a-t-il pas empêché cette horreur? et c. et c. !
A
ces questions Cathy Legrand répond elle-même en employant
à plusieurs reprises le mot "enfer": non pas au sens de " lieu
souterrain habité par les morts, Champs-Elysées pour les
bons, Tartare pour les méchants" ( dico Robert), mais, au
singulier, " le lieu destiné au supplice des damnés". ?Le
camp de concentration nazi était un enfer, oui, mais
organisé par des hommes qui étaient véritablement
des diables, des démons réalisant un projet satanique,
les S.S.
Ce n'est que plus tard que j'ai pu pousser mes réflexions et mon écoute de l'Evangile, au fur et à mesure de mon ministère de pasteur. Mais là, à Mauthausen, quand on pousse un wagonnet, sous la pluie, trempé de la tête aux pieds, menacé par la schlague du kapo (détenu chargé de commander les autres détenus, dans les camps de concentration nazis), on n'a plus les moyens de penser. Ou plutôt on ne pense qu'à sa propre survie, un instant après l'autre. Si j'écris ces pages aujourd'hui c'est parce qu'au camp d'Ebensce les blindés des U.S.A. sont arrivés à temps pour nous éviter de mourir tous de faim. Mais aussitôt, l'eau du bassin était rougie par le sang d'un kapo qui nous avait trop maltraités!! Depuis, j'ai de mieux en mieux compris que, pour réaliser le salut total et définitif de notre planète, il ne faut rien attendre de cette humanité ni des êtres qui la composent. C'est l'humanité elle-même qu'il faut changer. Mais qui permettra et réalisera cette mutation inouïe? Il n'y a qu'un seul homme capable de le faire, et chargé de le faire par Dieu lui-même, ce Dieu, qi l'a ressuscité du milieu des morts. C'est ce jeune juif nommé Jésus, crucifié à Jérusalem par les Pouvoirs en place, et en particulier par Ponce Pilate, le gouverneur romain, c'est ce " hors-la-loi" torturé dont Pilate a dit: " Voici l'homme!", c'est lui qui va créer l'humanité nouvelle et le monde neuf. Il en est le prototype. ( Jean 19. 6) C'est pourquoi le légat de césar, sans le vouloir et par une prophétie involontaire, a proclamé la vérité: " VOICI L'HOMME!" le vrai, l'homme de l'avenir. (Pasteur, Église réformée de France)
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