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J'aime l'église. La dénomination est un péché.
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vus du point de vue biblique à la lumière de Jésus et de son évangile.
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J'aime l'église,
Aujourd'hui plus qu'hier, actuellement plus et mieux qu'il y a cinquante ans....
Mais j'aime l'église lorsque ce mot commence par un "e" minuscule, l'assemblée humble et modeste, la réunion de quelques personnes qui, on le voit bien, sont là pour Jésus, par attachement à sa personne. Quand ces gens ordinaires, souvent handicapés, jeunes un peu "paumés" et vieux marqués par une vie d'épreuves, se mettent ensemble parce qu'ils ont "faim et soif de justice", alors Jésus est à l'aise au milieu d'eux. A l'inverse j'apprécie beaucoup moins l'Eglise avec un "E" majuscule, l'Eglise en majesté, l'Eglise triomphaliste qui se plaît dans les cathédrales et leurs richesses artistiques, surtout quand les grands de ce monde y sont invités.... Jésus, le hors-la-loi, n'y est pas heureux. Pourquoi j'aime l'église? Simplement parce que "Christ a aimé l'Eglise et s'est livré pour elle" ( Ephésiens 5.25). Mais ici je laisse au mot la majuscule car le contexte montre qu'il s'agit du "Corps du Christ" au niveau mondial, de "l'Epouse" de Jésus, et du Peuple messianique en son entier. 1940 . Le virage décisif.
Chacun le sait, 1940 fut l'effondrement de la puissance militaire
française, l'exode et la fuite sur les routes d'une population
terrorisée, l'occupation, les années noires qui
suivirent....Mais, pour moi-même, 1940 a été l'année de mon virage décisif qui a changé le sens et le contenu de ma vie: le 16 septembre de cette année-là, jour anniversaire de ma naissance en 1920, j'ai expliqué à mes parents que je voulais devenir pasteur. Ils ne s'attendaient pas à ce changement puisque, depuis deux ans, j'avais réussi les examens pour devenir professeur. Mais ils ne m'ont pas dissuadé de répondre à cette "vocation" et c'est ainsi que la rentrée universitaire s'est faite pour moi à Montpellier, à la faculté de Théologie protestante. A ce moment-là, qu'était pour moi "l'Eglise"? C'était essentiellement l'Eglise protestante, l'Eglise issue de la Réforme du 16° siècle, et les pasteurs protestants. Le témoignage et l'exemple de deux d'entre eux avaient été déterminants pour que je choisisse la voie du "pastorat"... et non la voie de la "prêtrise" catholique, bien sûr. Mais Jésus me voulait son "serviteur". 1940-1970: la découverte "des" Eglises. Bien sûr, on m'avait un peu instruit sur le sujet à la faculté de Théologie mais c'est au début de mon ministère qu'a commencé ma découverte des Eglises. Au cours des neufs années passées dans le bassin minier du Nord, à Hénin-Beaumond (Jadis Hénin-Liétard), j'ai découvert les Eglises baptistes ( à Lens, par exemple). Les Eglises pentecôtistes et notamment celles qui rassemblaient des Polonais venus travailler en France, et l'Eglise catholique romaine. Celle-ci ,évidemment, ne m'était pas inconnue mais, à Hénin-Liétard, elle régnait en souveraine sur la population: jusqu'à la nationalisation des Houillères, en 1947, quiconque voulait être embauché devait présenter un certificat de baptême fourni par le curé! Et, symbole éloquent, "L'Eglise" immense, avec sa coupole style "Sacré Coeur de Paris", dominait et écrasait la ville. Le temple protestant, lui aussi, de son coté, n'a pas fait preuve d'une humilité évangélique! grâce à l'argent d'important dommages de guerres nous avons élevé sur l'édifice un "clocher" flanqué, sur trois cotés, d'une croix imposante. Inconsciemment cette croix semble dire: "Hé! Nous sommes là, nous aussi, les protestants!" Hélas, la communauté protestante s'est divisée, par la suite, et utilise deux lieux de culte concurrents! Division de l'Eglise de Jésus-Christ: c'est à Toulouse, à partir de 1955, que nous en avons le plus souffert, soit dans notre paroisse où des familles très engagées nous ont quittés pour rejoindre l'Assemblée de Dieu ( pentecôtiste), soit au au cours du Renouveau Charismatique lorsque l'unité donnée par le Saint-esprit a été sabotéepar les "dénominations". D'une part les prêtres sont venus récupérer leurs brebis en train de s'égarer dans cette belle unité; d'autre part des pasteurs "auto-proclamés" ont multiplié leurs assemblées de type "évangéliques-charismatiques": Mazamet, Castres, Toulouse, et c... On a beaucoup souffert de "l'Eglise" et de son installation millénaire dans la division; la dénomination sépare ce que Dieu a uni, ce que Jésus unit!! 11960-1985: La "dénomination" est un péché.
Ce fut un tollé chaque fois que j'énonçais cette thèse!- Pour les uns ( les catholiques) leur Eglise romaine n'est pas une dénomination; ce terme leur est étranger; pour eux c'est dans la seule Eglise catholique que se trouve en plénitude l'Eglise de Jésus-Christ; le péché ( qui mérite l'excommunication) est de ne pas s'y soumettre. - Pour les autres (les protestants) la bonne ecclesiologie se résume dans la parole de Jésus: " Là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d'eux". Ils ne voient aucun mal à créer de petites assemblées nouvelles autour d'un leader inspiré, même si cela s'accompagne d'un jugement de condamnation contre ceux qu'on quitte (c'est une Eglise morte!" ou "c'est Satan qui règne là!" ou " il faut choisir une Eglise où on se sent bien!" - Pour beaucoup, la multiplication des dénominations, dans une agglomération, est une chance pour l'évangélisation: plus il y a de feux dans la nuit et plus les ténèbres reculent! Au fond la gravité de la situation échappe à l'immense majorité des chrétiens. le démenbrement du Corps de Christ dans leur localité ne les empêche pas de dormir: "c'est comme ça, depuis toujours!" Le fait, ainsi, devient le droit. L'histoire et l'évolution sont "sacralisées". "On ne revient pas là-dessus!". Or le Maître ressuscité et souverain n'est absolument pas d'accord avec nous!
Et ce fait, c'est le fait majeur.... L'apôtre Paul tue dans l'oeuf les dénominations naissantes, au 1° siècle, à Corinthe. Avant qu'il ne soit trop tard, avant que la division n'ait dénaturé l'Eglise-Une, Paul intervient avec vigueur. Il écrit ( en56 ou 57 ) sa première lettre aux Corinthiens
Il était temps! Au sein de la communauté chrétienne de Corinthe les divisions naissaient et prenaient corps. Il ne s'agissait pas seulement de ces jalousies, de cet esprit de comparaison malsaine, de ces compétitions, de cette façon "trés humaine" de se regarder les uns les autres, de ces rivalités qui détériorent l'unité de tout groupement. En profondeur, dans cette église qui avait jusque là pratiqué l'unité du corps du Christ, voilà qu'apparaissaient des "dénominations", qui allaient imanquablement briser cette unité du Christ. On commençait à se regrouper autour de "noms" prestigieux (Paul, Pierre, deux apôtres fondateurs, Apollos le brillant théologien...). Eux n'y étaient probablement pour rien mais, de toute façon, il fallait arrêter net la dérive vers l'instauration durable de dénominations désormais instituées. C'est ce que Paul a fait, au 1° siècle.... Depuis sa mort, la dénomination a gagné. Partout et toujours elle gagne: autour de grands NOMS se cristallisent des "Eglises" rivales qui sont, en fait, autant de sectes: Rome et son évêque, l'Orthodoxie et ses patriarches, Luther et l'Eglise luthérienne, Calvin et l'Eglise calviniste (réformée), menno et l'Eglise mennonite et.c.....et c..... Paul est vaincu, Jésus est trahi! N. B. PIEGE SUBTIL:
Prier pour l'unité de l'Eglise au lieu de pratiquer l'unité du Corps du Christ.
Depuis le début du 20°siècle, l'aspiration des chrétiens à l'abolition des barrières qui les séparent les uns des autres a été ravivée.On a compris de moins en moins pouquoi les disciples du Christ ressuscité étaient fractionnés en dénominations diverses. On supporte de moins en moins cette situation absurde. Et plus on est fidèle à Jésus, plus on souffre de ce péché collectif qui empêche le monde de croire. Le mot "oecuménique"
sert depuis longtemps à désigner la recherche de
l'unité perdue. Depuis cent ans environ, le "mouvement
oecuménique" a donné naissance à divers
organismes, dont le principal est le "Conseil oecuménique des
Eglises" (C.O.E.), et à de multiples conférences
internationales et interconfessionnelles. En 1910, la conférence
missionnaire d'Edinbourg a engendré toutes les réunions
ultérieures, en milieu protestant. En milieu catholique, le
Concile Vatican II, il y a 50 ans, a tenté d'enlever quelques
obstacles au rapprochement des "Eglises".
Quelques mots sur mon évolution.On doit à un prêtre catholique, l'abbé Paul Couturier (1881 -1953) d'avoir donné une impulsion nouvelle à cet effort vers une "fusion", en une seule, de toutes les "Eglises-dénominations" . Mais sa "semaine de prière universelle pour l'unité" se meurt! En 1940, "L'Eglise Réformée de France" n'avait que quelques années
d'existence. Cette dénomination nouvelle était le
résultat d'une fusion, la fusion en une seule organisation de
quatre groupements institutionnels différents. Je me suis
retrouvé dans "l'E.R.F." sans l'avoir cherché, sans choix
personnel.
Cette nouvelle structure ecclésiastique n'était en rien une réforme réalisant l'obéissance au Seigneur de l'unité, en rien un abandon du péché de dénomination, en rien un renoncement au "protestantisme"."Il faudrait" dit-on toujours, " que toutes les autres Eglises soient d'accord... et en même temps !!!" Heureusement que, depuis longtemps, Jésus a créé son Eglise, " l'Eglise-une" et qu'il a réalisé son "oecuménisme" à lui, avec son Unité ( selon Jean17) ! unité indivisible! Né et baptisé dans l'Eglise Réformé, devenu pasteur dans l'Eglise Réformée, consolidant cette dénomination par mon ministère même, il m'a fallu très longtemps pour bien comprendre que mon Maître n'était pas protestant, ni catholique, ni même de "confession israëlite"; et pour en tirer les conséquences... A mon niveau, bien sûr! Mais Jésus a-t-il son mot
On a souvent l'impression,
dans les débats sur l'unité ecclésiale, que
Jésus n'a pas la parole. Tout se passe comme si les clercs
savaient mieux que lui ce qu'il pense. Les "Eglises" l'éclipsent
et leurs représentants ont tendance à croire qu'il n'a
pas son mot à dire. Certes on sait qu'il est vivant, qu'il est
là, invisible, et... en position de Seigneur! Et pourtant, en
dehors des moments liturgiques, il est rare qu'on interrompe les
débats pour un long temps de prière destiné
à discerner ensemble quelle est la pensée du Maître
sur tel ou tel point.à dire et quel genre d'unité est le sien? Par exemple, sur la question de l'unité ecclésiale, Jésus est bien placé pour nous dire si son unité est une unité entre institutions ou une unité entre personnes; nous dire si son mode, son genre d'unité à lui ( pour son propre corps), est une unité de "communion" par amour mutuel ou bien une unité de "fusion" (où l'un est absorbé et annihilé par l'autre). Consultons-le à ce sujet en écoutant à nouveaux frais ce qu'il dit aujourd'hui par le Nouveau Testament. Communion: L'évangile de Jean, au chapitre 17. nous présente la grande prière que Jésus adresse à son Père, au moment où son arrestation approche:
J'ai mis en relief le mot: un et le mot : en, pour insister sur l'essentiel de la pensée de Jésus sur l'unité ecclésiale: celle-ci, à ses yeux, est incontestablement une unité de communion, et de communion par l'amour: un amour analogue à celui qui relie le Père au Fils et le Fils au Père. Deux fois de suite, Jésus prie pour que cet amour mutuel, entre tous ses disciples, soit "comme l'amour qui unit Jésus et Dieu, le Fils unique et notre Père. L'unité de son Eglise est unique en son genre, spécifique, sainte.. Toute autre "unité" n'en est que la carricature. Il devrait être évident pour tous les responsables des Eglises, que l'unité de Jésus et de ses membres, ce que Jésus veut, ce qu'il demande au Père d'assurer, n'est ni une unité politique ni une unité par regroupements et fusions, ni une unité idéologique ou religieuse, une unité institutionnelle ni une amicale.....et c..... S'il en est ainsi ( et il en est ainsi puisque le Seigneur vivant le dit) les concepts de "catholicisme", de "protestantisme", "d'orthodoxie" sont inadequats et inapropriés Pour prendre un exemple actuel, la création d'une seule "Eglise unie" a partir de l'Eglise réformée et de l'Eglise luthérienne, en France, doit sûrement laisser rêveur notre Maître! Cette ecclésiologie n'est pas la sienne. Mais, au fait, la prière que Jésus adressait solennellement au Père a-t-elle été entendue et exaucée? Mais oui, bien sûr: l'unique Eglise, l'unique Corps, l'unique Epouse, l'unique "Israël de Dieu" existe et grandit, partout et toujours, gardée par le Père comme Jésus le lui demande. Il ne faut donc pas que les chrétiens prient pour "qu'il n'y ait qu'une seule Eglise" ; ne demandons pas à Dieu de faire à notre place ce qu'il ordonne de faire nous-mêmes. Ne demandons pas l'Unité: Pratiquons-là! accueil.html
Georges SIGUIER 1920--2016
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