I.N.R.I.: l'Agneau
de Dieu.
Des Quatre évangiles celui
de Jean est celui qui nous montre le mieux la gloire et
la seigneurie de Jésus cachées dans
l'abîme et l'horreur de la croix. Il projette (
après coup! ) sur le corps supplicié, sur
le coeur transpercé ( Zacharie:
" ils verront
celui qu'ils ont transpercé"
12. 10 ) et sur le visage défiguré du "
Roi" ridiculisé ce que seule fait voir la
lumière venant de l'invisible: la
révélation de Dieu. Grâce
à cette lumière-là, Jean voit et
nous fait voir la gloire, la souveraineté et la
majesté royale de " l'agneau" qu'on immole pour la
Pâques.
Déjà, au début
de son évangile, Jean avait mis sur les
lèvres du " baptiseur" la proclamation de la
vérité au sujet du rôle " religieux"
du Christ: "
Voici l'agneau de Dieu qui ôte le
péché du monde ! "
( Jean 1. 29 )
Mais dans son récit de la
passion c'est le rôle " politique" de l'Agneau qui
est au premier plan. Il apparaît alors que cet
échec humain est le succès divin, que le
meurtre de ce Juste est, en fait, l'accession du maudit
à la dignité royale et que
l'élévation " physique" sur le poteau
d'exécution est, paradoxalement,
l'élévation de cet homme au trône de
la royauté divine: l'agneau rouge de sang est
revêtu de la pourpre royale !
Le récit de ces chapitres 18
et 19 chez Jean ( à relire s.v.p.!)insiste sur la
portée politique du procès et de la mise
à mort. L'écriteau proclame et
résume cela: I.N.R.I. , ce qui veut dire
" Jésus
le Nazaréen, le roi des Juifs"
( Jean 19. 19 et 22 ). Pilate donnait ainsi
lui-même la réponse à la question
qu'il lui avait posée: "
tu es donc roi?" ( Jean
18. 37 ). Malgré lui il prophétise la
vérité, tout comme Caïphe l'avait fait
( Jean 11. 49 à 53 ). De même, sans
s'en rendre compte, les grands prêtres avouent dans
quel camp politique ils se situent. Pilate se moque
des juifs et de Jésus en le faisant solennellement
siéger, comme un juge de comédie, sur
l'estrade du tribunal romain ( Jean 19. 13 ) Et eux
affirment solennellement quel Dieu ils servent et
adorent: " Nous
n'avons pas d'autre roi que César !
". Les grands
prêtres et les chefs d'Israël renient la
souveraineté absolue et la royauté
exclusive du Seigneur YHWH; Ils préfèrent
la royauté et la souveraineté de l'Empereur
de Rome qui est le rival et l'ennemi de Dieu!
Or l'ami et le serviteur de dieu,
en vérité, est bel et bien cet
" agneau
mené à l'abattoir",
déjà couvert de sang. S'il en est bien
ainsi, il faut en conclure que désormais, en
Israël, tout détenteur du Pouvoir politique
est un usurpateur, un rival du vrai Chef. Le Vrai
Chef d'Israël et de Sion est l'Agneau de Dieu:
debout, vivant, ressuscité, victorieux, seul
Seigneur. Dés maintenant et à
perpétuité.
"
Un agneau se dressait, comme immolé
"
! ( Apocalypse 5. 6 )
Alléluia !
"
Et j'entendis dans le ciel comme la rumeur
d'une foule immense. Ils
disaient:
Alléluia !
Car le Seigneur tout
puissant a manifesté son
Règne.
Réjouissons-nous,
soyons dan l'allégresse, et
rendons-lui gloire.
Car voici les noces
de l'Agneau !
Son épouse
s'est préparée; il lui a
été donnée de se
vêtir d'un lin resplendissant et
pur.
Car le lin, ce sont
les actes justes des saints."
" Heureux ceux
qui sont invités au festin des noces
de l'Agneau ! "
( Apocalypse 19. 6 à 9 )
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Georges SIGUIER 1920--2016
(Pasteur, Église réformée de France)