Délimitations,
Distinctions et définitions.
Il n'est jamais inutile, avant d'entrer
dans le vif du sujet, de préciser quel sens exact
on donne à quelques mots essentiels, de faire
quelques distinctions importantes et de délimiter
modestement les contours du champ à observer.
Quelques définitions.
* le civisme: ce mot
provient d'un mot latin qui signifie " cité" (
civitas ).Les dictionnaires en donnent la
définition suivante: " dévouement pour la
patrie" ou " dévouement du citoyen pour sa
patrie".Il s'agit donc d'une vertu, d'un noble
comportement moral et d'un service rendu à la
collectivité, à la
société. Le bon service de la
cité.
* Le politique: à
l'origine il y a le mot grec " polis" qui signifie "
ville". Le politique est le domaine
des relations entre êtres humains" en ville" ou "
en village".Nul ne vit en dehors de cette sphère
sociale, économique et culturelle de l'existence
humaine Pas plus l'ermite que le politicien!
* La politique, par
contre, est à définir comme le domaine du
Pouvoir et la sphère de
l'Etat, comme l'exercice du Pouvoir
coercitif, ou comme la recherche du Pouvoir ( par un
parti ou par un individu ) . Ce n'est pas un
élément constitutif de l'existence
humaine. Nul n'est obligé de faire de
la politique ! Jésus a vécu
et agi dans le politique mais il n'a pas
fait de la politique ( exception faite de
la politique de son Seigneur le Roi d'Israël !! Dieu
) Et pourtant personne ne peut nier son civisme et ses
vertus civiques. Ne doit-il pas en être de
même de ses disciples ?
* Le religieux est, avec le
politique, la seconde dimension " verticale"
celle-là. C'est le domaine des relations,
personnelles et collectives, avec ce qui est " en haut",
invisible, caché, imaginaire ou réel: ce
qui est divin, transcendant, absolu, d'une nature toute
autre que les réalités d'en bas qui sont
passagères, relatives, profanes et temporelles.
Ainsi tout homme est " religieux" et toute
société est " religieuse", liée
à du " sacré".
* la religion, par contre,
est une réalité difficile à
définir et aux acceptions multiples. Par exemple
on parle aussi bien du " christianisme" comme d'une "
religion" parmi d'autres que de " religion protestante"
en face de " religion catholique" ! Tout se
mélange avec d'autres notions, telles que celles
de " spiritualités, " cultes", " Eglises", " le
sacré" , le " spirituel" distingué du "
temporel", " confessions" etc....
Mais laissez-moi citer Régis
Debray:
"Le non-croyant.... est
aussi croyant que les hommes dits de foi,
sauf qu'il croit non au ciel mais à
certaines choses de la Terre ( il est
même souvent plus prédicant et
missionnaire qu'un ministre ordonné
)..... Enfin le terme
ethnocentrique,proprement, de " religion"
prète à tant de
cécités qu'il vaudrait sans
doute mieux le remplacer par celui de "
culte". C'est, à juste titre, le
seul retenu par notre droit positif....
Faut-il rappeler que " religion", "
religieux", " religieusement" ne figurent
nulle part dans les quarantes quatre articles
de la loi du 9 décembre 1905
concernant la séparation des Eglises
et de l'Etat ? Puisse la rigueur
terminologique du juriste servir d'exemple,
en attendant que l'étude positive des
diversités planétaires en
vienne à rompre une fois pour toutes
avec cette notion occidentale et abusive de "
religion", dont le formalisme ne cesse de
nous égarer. Seul le
sacré est
universel".
( Régis Debray " Ce que nous
voile le voile, la République et le
sacré" éditions Galimard 2004
pages 51 et 52 )
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* Laïcité: sur le
sens de ce terme R. Debray est tout aussi critique:
dans son paragraphe intitulé "
laïcité: un mot écran" ( page 33 du
même ouvrage )
" A l'instar de tant de
mots qui enchantent et endorment, "
laïcité" représente un
vrai problème et une fausse
question... pourquoi un " faux sujet" ?
Parce qu'un néologisme tardif ( 1880 )
a transformé un adjectif en
substantif.... De complément qu'il
était, un qualificatif ( "
laïque") devient substance abstraite ( "
laïcité") dont on disserte
indépendamment de son instituteur et
tuteur historique, l'Etat
républicain. Pourquoi un " vrai
problème" ?... Parce qu'a trop laisser
les cités
dans la
Cité, c'est la " respublica" qui se
disloque.... Il en va, à terme,
de la paix civile."
R. Debray est tout aussi critique:
dans son paragraphe intitulé "
laïcité: un mot écran" (
page 33 du même ouvrage )
|
Mais bornons-nous ici à l'usage
courant du mot. Selon le " Petit Robert", la
laïcité est
" le principe de séparation
de la société civile et de la
société religieuse, l'Etat
n'exerçant aucun pouvoir religieux et
les Eglises aucun pouvoir politique. "
La laïcité, c'est à dire,
l'Etat neutre entre les religions" ( Renan ).
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( J'avance ici l'affirmation que Dieu
est profondément laïque ainsi que son Christ
Jésus, et que le disciple de Jésus ne
peut-être que laïque ( à tous les sens
du terme, soit civique soit ecclésiastique.)
L'origine du mot est dans le mot grec qui signifie "
peuple" ( laos ). Donc: pas de clergé ! et "
à bas tout cléricalisme ! " )
* La patrie et la nation.
La " patrie" ( du latin " pater", " patria"
) c'est la terre des pères, tout ce qui nous
attache au sol des ancêtres. Jean Jaurès
disait: " L'immobilité des tombes et le
tremblement des berceaux". Ma patrie à moi
c'est l'Occitanie, comprise entre Sète et Toulouse
et entre Albi et Perpignan, et tout
particulièrement Mazamet et ses montagnes. Comment
pourrais-je ne pas aimer ma patrie, même si le
Christ a fait de la terre entière ma patrie
nouvelle?
Malheureusement l'Histoire a intimement
mélangé " patrie " et " nation" et
inextricablement confondu " patriotisme" et "
nationalisme". De telle sorte que je suis
obligé de considérer la France comme ma
patrie alors que la France est une " nation", ou
plutôt un " Etat-nation", c'est à dire une
entité politique qui , depuis Clovis et ses
guerriers francs, ne s'est constitué que par des
annexions, des conquêtes, des croisades ( ô
Simon de Monfort! ) et des mariages princiers. Et
j'aime donc les Français !! Mais je n'aime pas du
tout que mon bon civisme pour la patrie soit fatalement
amalgamé avec ce tragique nationalisme qui me veut
disponible, en conscience, pour éventuellement
assassiner des Allemands, des Anglais ou des Arabes au
nom de l'amour de la patrie.
Mon Maître, Jésus, ne veut pas
que je prenne pour modèles Vercingétorix,
Jeanne d'Arc, Napoléon Bonaparte ou le
Général de Gaulle: c'est lui-même qui
s'offre à moi comme modèle unique de
civisme mondial et de patriotisme universel.
* La " chrétienté":
mixture qui dure.
Il faut soigneusement distinguer " Eglise"
et " chrétienté".La première est le
Corps du Christ, le saint Israël du Messie et la
nation sainte composée de juifs et de non-juifs:
elle connaît et elle pratique la politique de son
Chef. La seconde, qui tient captive la
première depuis dix-sept siècles au moins
est ce système ecclésiastique qui
mélange, amalgame et confond la politique des
Pouvoirs humains et la politique du Seigneur. A tel point
que le civisme " chrétien" enseigné et
pratiqué n'a de chrétien que le
nom. Il se perpétue de siècle en
siècle et s'est mondialisé depuis que le
César Constantin le Grand a mis l'Eglise
pagano-chrétienne " dans sa poche" et ..... " dans
son lit".
Prostitution et apostasie que cette mixture ! Le
remède ? L'éthique de sainteté
de Jésus.
Georges SIGUIER 1920--2016
(Pasteur, Église réformée de France)