Vive
Jérusalem
"
Un grand signe parut dans le ciel:
une femme,
vêtue du soleil, la lune sous ses
pieds, et sur sa tête une couronne de
douze étoiles....
( Sion )
.Elle mit au monde
un garçon..... ( Le
Messie)
" Un autre signe
apparut dans le ciel:
C'était un
grand dragon rouge-feu, il avait sept
têtes et dix cornes, et sur ses
têtes sept
diadèmes..........
( le
Diable )
Il se posta devant
la femme, pour dévorer l'enfant
dés sa naissance." (
l'affrontement )
( Apocalypse 12
)
|
La singularité du civisme
chrétien.
"Une éthique de sainteté" (
Jacques Ellul )
Le civisme chrétien est spécial et il
est spécifique, unique en son genre. Et cela du
fait même de la singularité de
l'Évangile qui en est la source: Jésus
ressuscité et élevé par Dieu au
Pouvoir du Règne éternel, Seigneur et
Sauveur du monde, déclaré hors-la-loi par
les Puissances religieuses et politiques, en train de
venir pour le dénouement inouï de l'Histoire,
Sauveur personnel de chacun qui croit en lui, quoi de
plus singulier, unique, exceptionnel, spécial et
paradoxal? Et, en même temps, selon le sens du mot
" singulier", quoi de plus étrange, bizarre et
étonnant?
En quelques lignes, avant de décrire le civisme
enseigné par Jésus, permettez-moi de
souligner fortement cette singularité; nous la
retrouverons partout dans les pages suivantes.
En premier lieu il faut insister sur le
caractère " eschatologique" du
civisme chrétien Le mot grec " eschaton"
désigne, dans le Nouveau Testament, le terme de
l'Histoire, la fin de ce monde actuel, l'avènement
du Règne divin sur une terre refaite à neuf
pour une humanité sauvée du
péché, du mal et de la mort.
L'annonce que " le Royaume de Dieu est proche !"
crée un civisme d'espérance, d'attente et
d'anticipation totalement différent des civismes
humains ordinaires fondés sur des croyances
religieuses, des idéologies politiques ou des
sagesses philosophiques.
Quand le chrétien sépare ses convictions
politiques de cette Espérance-là, il
sépare " ce que Dieu a uni" et il banalise le
saint civisme de Jésus. Lorsque, à
l'inverse, le chrétien s'évade hors du
monde et fuit dans un attentisme et un abstentionnisme en
apparence a-politiques, il sépare aussi ce que
Jésus met ensemble: l'anticipation du Règne
qui vient et le service de la cité humaine
présente.
On ne peut pas " attendre et hâter le Jour du
Seigneur" sans pratiquer à la fois et en
même temps la foi, l'espérance et
l'Amour." " Vous qui
attendez et qui hâtez la venue du jour de Dieu..."
( II Pierre 3. 12
). " Maintenant ces
trois-là demeurent: la foi, l'espérance et
l'amour, mais l'amour est le plus grand"( I
Corinthiens 13. 13 )
En second lieu, au risque de faire
sursauter le lecteur, je dirai que le civisme du
chrétien a ceci d'original qu'il se soumet
à une théocratie, mais une
drôle de théocratie, celle d'Adonaï
Yahvé, le Dieu d'Israël.
Le mot " théocratie" fait horreur car il fait
immédiatement penser soit au système
religieux du Temple de Jérusalem dont la caste
sacerdotale a condamné Jésus, soit au
système politico-religieux de la
chrétienté, catholique et protestante en
Europe pendant des siècles, soit à la "
charia" islamique avec ses bienfaits ( ! ) bien connus en
Iran, en Afghanistan etc....
Or, en réalité, les vertus civiques du
chétien sont le fruit de son appartenance à
l'incompréhensible gouvernement mondial du Dieu
des Juifs, le Dieu et Père du Seigneur
Jésus. Par sa foi et son baptême, le
chrétien a été introduit dans le
Royaume théocratique de YHWH et dans la soumission
à son autorité souveraine ( " YHWH" seul
est Dieu" ! ) répète la
Parole. Telle est sa "
citoyenneté" essentielle.
Mais voici la surprise incroyable: après avoir,
pendant des siècles, exercé en Israël
une théocratie banale à la façon des
autres peuples, Dieu a inauguré et établi
en Jésus-le- Messie une théocratie peu
banale et unique ( " sainte" ) qui perdurera dans la
terre nouvelle du Royaume. C'est le renoncement
divin à une théocratie de Pouvoir, de Loi
et de coercition judiciaire ( la loi de Moïse ) pour
confier et remettre à Jésus le soin de
faire définitivement régner la
théocratie de l'Amour, de la Grâce et du
Salut.
Donc si les chrétiens de la
chrétienté et si les juifs, ignorant leur
Roi, se mettent à rebâtir l'ancien
régime avec sa violence, ils ne sont plus dans le
camp du Dieu vivant mais dans le camp des dieux
ordinaires de nos cités humaines. Or ces
dieux-là ont soif de sang !
En troisième lieu un
civisme authentique chrétien sera un écho
de la politique très " laïque"
du Seigneur lui-même. Dire que Dieu est laïque
et que son Messie est laïque, voilà de quoi
surprendre. Et pourtant l'Évangile
témoigne de la laïcité de la politique
de Dieu en faveur de la société humaine
toute entière, et de la même
laïcité au plan ecclésial.
Pour l'Église, le Christ est "
anticlérical" si j'ose dire, et
adversaire de toute hiérarchie de Chefs et de la
ruineuse distinction entre un " laïcat" et un "
clergé". Et pour le monde entier, sa
création, la Bible révèle un Dieu
qui ne s'impose pas mais se propose, un
Dieu qui se cache pour laisser de l'autonomie aux choses
créés, un Dieu qui se met en retrait pour
donner aux peuples et aux individus toute liberté
pour que chacun " suive sa propre
voie" ( Actes 14. 16 et 17. 24 à 28 ), bref
un Dieu tolérant, respectueux de la liberté
humaine, soucieux de fraternité et
d'égalité, défenseur des droits de
l'homme et notamment des petits et des faibles... Quoi de
plus " laïque" que cette totale
précarité de Dieu en son Fils
crucifié par " amour " civique" pour tout homme
!
Par conséquent quel péché
lorsque l'Église de Jésus devient une
religion dominatrice, hégémonique et
cléricale, et unit sa soif de Pouvoir au nom de
celui qui a renoncé à tout pouvoir et
à tout droit! Et quel péché aussi
lorsque les " fils de l'Alliance", les enfants
d'Israël selon la chair, le peuple qui reste
toujours le peuple élu, se constitue en
État fort et exerce ses " droits" sur le pays de
Jésus et son " droit" à se défendre
!
Ce fut toujours par " grâce" et non par " droit"
qu'ils habitèrent sur cette terre dont
Adonaï, le Seigneur, est le seul
propriétaire. Mais bientôt, ils
reconnaîtront tous leur Messie libérateur
qui proclame: " Heureux les
non-violent car ils hériteront la
terre" ( Matthieu 5. 4 ): au lieu de
conquérir l'espace vital, c'est gratuitement
qu'ils le recevront, eux tous ces non-violents, ces
inoffensifs, ces sans-défenses, ces " petits" qui
n'ont pas la volonté de puissance, ces "
sans-droits dominés et exploités qui
attendent tout de leur Sauveur.
Le quatrième point à
souligner pour caractériser le civisme
chrétien découle normalement de ce qu'est
le civisme de ce " Roi" auquel le chrétien a
prêté serment d'obéissance: Le
civisme du chrétien, s'il se veut fidèle au
Maître, sera une position d'objection de
conscience à tout service armé
prescrit par la nation, à tout exercice d'un
pouvoir qui gère et réalise cette
défense par les armes, à toute "
sacralisation" religieuse de la Collectivité ou du
Parti ou du Pouvoir ou de l'Argent ou de la
République ou des Valeurs démocratiques,
que sais-je encore.
Ni serment au Führer ni coopération
à la Révolution culturelle de Mao ni
participation active et volontaire à
l'exploitation des pauvres par les lois sacrés du
Marché etc....
Le disciple de Jésus est citoyen du monde,
partout chez lui mais à l'aise nulle part, faisant
le choix d'une pauvreté volontaire et ami de tous
les peuples, nullement " au dessus de la
mêlée" ni " hors du coup" mais
témoin en liberté et " martyr" dont la mort
ne tue personne.
**** Un dernier aspect de ce singulier civisme
de responsabilité, d'engagement et de conviction
peut encore être signalé: La pratique
fidèle et persévérante de cette
morale-là n'est pas à la portée de
la seule volonté humaine livrée à
elle-même.. Il y faut la constante assistance
du Saint Esprit. Et pour que cet Esprit de
Jésus nous aide, il nous faut vivre chaque jour
dans la communion personnelle et l'union intime avec le
Maître vivant. Il faut que celui-ci nous
guide, nous inspire et nous rende forts pour obéir
à sa voix. Loin d'être un civisme
réservé à une élite de "purs"
ou de " piteux" c'est celui des grands pécheurs
sauvés " par pure grâce". Et la force de
leurs " vertus civiques" n'est autre que leur quotidienne
prière, la prière politique et civique qui
lutte contre tous les faux dieux, toutes les idoles.
Selon Apocalypse 13
Satan a deux "
bêtes" à sa
disposition:
* la première est le "
bras séculier", le
bras armé qui force, combat,
domine, asservit et tue;
*La deuxième est la
parole " spirituelle" qui
réussit à faire admirer et
aimer la première en
l'accréditant, par la
séduction, le mensonge, le
sophisme, l'idéologie et la fausse
prophétie.
|
Citations
" Il y a un pacte vingt
fois séculaire entre la grandeur de la
France et la liberté du monde ". (
! )
Charles de Gaulle 1941. Paroles
gravées sur une stèle dans un
jardinet public, à la Lauze ( Mazamet
)
|
"
Et je vis une deuxième bête, qui
sortait de la terre: elle
parlait... elle
égarait.... elle
séduisait.... elle
forçait....."
( Apocalypse 13. 11 à 17
)
|
" Il y a pire que le bourreau:
c'est le valet".
Mirabeau
|
" Les quatre cavaliers de
l'Apocalypse ( 6. 1 à 11 et 19. 11
à 21 )
" Plaine sans horizon sous un ciel
de basalte, enfin sont rassemblés
trois cavaliers sans halte, et fuient par le
néant.....Vous tous qui si souvent
avez connu leur haine et tremblé de
leur pas, frêles chatons de
frêne, Voici, voici l'aube qui vient,
portée par le Premier, le cavalier
d'aurore, enfin connu de tous, qui vient
ouvrir et clore les portes noires du Destin,
en remettant sa gloire aux mains du
mendiant."
( Final de l'oratorio de Jacques
Ellul.)
|
Georges SIGUIER 1920--2016
(Pasteur, Église réformée de France)