Ici, je ne prendrai pas le mot "
humaniste" au sens de cette morale qui veut le bien des
individus, qui cherche à les rendre moins
inhumains, plus sociables, mieux éduqués,
plus libres, plus raisonnables,mieux formés
à l'esprit critique et aux savoirs etc... Rien de
plus noble que cet humanisme-là. Comment le
chrétien ne servirait-il pas cela? Non, ici,
j'entends par " humanisme " cette philosophie
rationaliste qui est le culte de l'Homme,
la foi en l'Humanité, la religion de
" l'Homme Dieu", la croyance en l'humain
comme valeur absolue. ( voir Luc Ferry: " l'Homme-Dieu"
et Auguste Comte: " La religion de l'humanité"
).
Je pourrais faire le procès de cette
idolâtrie-là: l'Histoire se charge de le faire en
ce temps où meurent les idéologies humaines
et après ce 20° siècle où le
nazisme, par exemple, nous a prouvé la barbarie
qui se cache derrière l'humanisme raffiné
des occidentaux que nous sommes!
De cet humanisme philosophique, qui met Dieu "
hors-jeu", je retiendrai ici seulement son aveuglement
congénital quant à Dieu,
précisément: il est par nature, absolument
incompétent pour comprendre le " mystère
d'Israël" et notamment la politique du Dieu
d'Israël en faveur de son peuple
bien-aimé.
A plus forte raison le " scandale" qui constitue la
crucifixion du Christ pour la raison humaine ( voir 1
Corinthiens 2 ) et la " folie" de l'annonce du
Règne de Dieu resteront-ils hors de portée
de quiconque ( même un " chrétien"! ) croit
en l'Homme et met sa confiance dans
l'Humanité!
La " chair", c'est à dire l'être dans sa
faiblesse et son péché, ne peut que dire: "
Ma vie à moi vaut bien que toi tu meures." C'est
l'idéologie politique commune. Mais la
théocratie de Dieu et la politique de son Messie
Jésus disent exactement le contraire: " Ta vie
à toi vaut bien que moi je
meure". C'est la croix. Telle est
la politique de Dieu, tel est l'humanisme de
Jésus de Nazareth et de ses
fidèles.
La Théocratie sur
Israël.
Souvenons-nous que le mot " Israël"
a plusieurs sens. A l'origine, bien sûr, c'est le
nom nouveau que Dieu lui-même donne à Jacob
( Genèse 32. 29 ) fils d'Isaac et petit fils
d'Abraham. Dés lors, ce même mot
désigne le peuple issu de Jacob. Ce peuple,
auparavant, était nommé " les
Hébreux". Actuellement, on continue d'employer la
désignation " les juifs" pour parler de ce
peuple. Mais le mot " Israélien" ne peut
s'appliquer qu'au citoyen de l'État d'Israël,
créé après la guerre 39-45.
Or le mot " Israël" désigne non seulement
la population mais aussi le pays, la terre, ce petit
espace géographique nommé à
l'origine " Canaan" puis, depuis l'occupation romaine, "
Palestine" ( terme tiré du mot " Philistin".) Les
Is raëlites croyants savent que, par la
volonté de leur Seigneur ( Adonaï
Yahvé ), le peuple et son pays sont
inséparables, intimement liés l'un à
l'autre, et cela d'autant plus que Jérusalem (
Sion ) a bénéficié aussi des
promesses irrévocables de Dieu au point que la
Bible a fini par identifier à "
Sion" l'ensemble du peuple
d'Israël.
La raison de ce choix, de cette particularité
et de cette identité politico-religieuse est
précisément la théocratie de ce dieu
unique en son genre qui, au départ, a posé
sa main souveraine, sur ce sémite de
Mésopotamie nommé Abraham. Contre tous les
" seigneurs" divins de ce Proche-Orient, ce
Seigneur-là a exercé sur Abram ( " Abram"
est devenu " Abraham" Genèse 17. 5 ) son
autorité théocratique, souveraine mais
nullement despotique, en lui donnant un ordre et en lui
faisant une triple promesse.
L'ordre était clair: "
Quitte ton pays, ta patrie et la
maison de ton père et mets-toi en route vers le
pays que je te montrerai...." ( Genèse 12.
1 - 5, 2.)
La triple promesse, répétée
à Isaac puis à Jacob ( Israël )
était précise:
1 ° Je ferai naître de vous un
peuple innombrable.
2 ° Je donnerai en héritage à ce
peuple le pays de Canaan.
3 ° Je ferai de ce peuple et de cette terre la
source de ma bénédiction pour
toutes les populations de la terre
entière.....
à condition que, par votre foi, vous
m'obéissiez et que vous ne vous conduisiez pas
comme les autres nations! ( Genèse 22. 15- 18
)
Cette vocation et cette alliance fondamentales ont
été ensuite, au cours des siècles,
confirmées et précisées par
l'alliance au Sinaï ( en Moïse ) puis par
l'alliance royale avec David et sa dynastie, enfin par
les promesses messianiques et eschatologique
annoncées par les prophètes.
Mais, en Jésus le Messie et par
lui, toutes ces promesses trouvent leur incroyable
accomplissement et leur dépassement
inouï.
Georges SIGUIER 1920--2016
(Pasteur, Église réformée de France)