Question:
Oser
dire que le sionisme et l'Etat juif sont " contre
Dieu", n'est-ce pas outrancier et
faux?
Réponse:
Je respecte infiniment, certes, tous ces juifs
religieux et orthodoxe et leur amour passionné
pour la Thora et pour leur Seigneur qui est aussi le mien.
Je respecte aussi la foi et le zèle de mes
nombreux frères en Christ qui soutiennent l'Etat
juif et voudraient reconstruire le Temple de
Jérusalem, s'appuyant sur des compréhension
érronées des textes et des
prophéties bibliques. Mais je maintiens que,
au plan politique, ils sont en violente
contradiction avec la politique divine et qu'ils blessent
actuellement le coeur du Seigneur en agissant
politiquement contre lui.
Question: Pour toi, en
somme, ils sont tous enlisés dans une politique
humaine et charnelle?
Réponse : Exactement ! Comme à la
fin de la période des Juges ( où les fils
d'Israël réclamaient l'instauration de la
royauté pour " être
comme les autres peuples" 1 Samuel 8. 5 ),
l'Israël contemporain a fait le choix catastrophique
d'être en politique "
comme les autres
nations" et de se livrer à des
chefs, des " César" antichristiques. Qu'ils soient
d'un parti ou d'un autre ne change rien au fait que ces
Autorités sont en place pour assurer par les
armes la vie d'Israël.
Question: Ton
jugement, c'est normal, veut se fonder uniquement sur la
théologie biblique. Mais, tout de même,
ne manque-t-il pas terriblement de recul et de
l'objectivité que seule donnerait une
sérieuse approche historique?
Réponse: Oui, c'est vrai, i l faudrait
maintenant laisser parler l'Histoire et, par exemple,
décrire" l'histoire des juifs en France " (
éditions Privat ). Mais il faudrait le faire
en tirant " la morale de l'Histoire" à la
lumière de l'Evangile ( et pas seulement
du point de vue des " sciences humaines", notamment
de l'Histoire).
Question: Dis tout de
-même un mot à ce sujet.
Réponse : Bien volontiers, en me
contentant de quelques brèves remarques:
** La catastrophe de l'an 70 (
destruction du temple) puis de l'an 135 (
ruine de Jérusalem ) a anéanti toute
politique juive " possible puisque, désormais, les
juifs étaient sous la domination et la
férule des nations.
** Il ont donc été obligés de se
replier sur la " religion" , je veux dire
sur la sphère de la théocratie divine qui
leur restait permise et accessible. Alors que, jusque
là, la théocratie de Yahvé sur son
peuple s'exerçait dans le domaine du politique
autant que dans celui du religieux.
** Dés la fin du second siècle, faute de
temple et de prêtres, c'est sur la Bible et sur les
rabbins que se construit cette " religion
civile" qu'on nomme toujours aujourd'hui la "
religion juive", en face de la " religion
chrétienne" ( judaïsme et christianisme )
** Les juifs disséminés au milieu des
peuples oscillent et hésitent constamment entre
deux attitudes spirituelles: soit
s'assimiler aux " païens" et se fondre
dans leur culture, soit s'enfermer dans
leur ghetto religieux et se crisper sur leur
identité traditionnelle.
**Dés la fin du Moyen Age et surtout à
partir du " siècle des lumières " ( 18
° siècle ) ils sont de plus en plus
désireux, en occident, de s'intégrer
dans la " modernité" rationaliste et
à devenir souvent les champions des " Valeurs"
nouvelles ( Spinoza, Freud, Einstein, etc.....). En
Europe, leurs élites intellectuelles deviennent de
plus en plus agnostique et s'éloignent de la foi
vivante en Yahvé.
** Si, du point de vue de la Tora, cette dérive
religieuse doit être qualifiée d'apostasie,
on doit en conclure que le point culminant de cette
apostasie est atteint avec Th. Herzl,
à la fin du 19 ° siècle.
Cet écrivain hongrois, juif né à
Budapest en 1864, fut le promoteur du sionisme, tout en
étant athée. Peut-être est-ce cet
athéisme qui favorisa en lui le glissement vers
l'idéologie politique commune à toutes les
nations. Cette foi en l'Etat, appliquée à
Israël, lui parut la solution du problème juif
et inspira son ouvrage fondamental publié en 1895
: " l'Etat juif". Il en résulta, peu après,
la réunion du premier Congrés mondial du
sionisme et le développement de la pensée
sioniste au 20° siècle.
** Dés lors, comment définir du point de
vue biblique la création en Palestine de l'Etat
Juif en 1948 sinon comme la réalisation
politique suprême du vieux rêve
impie: " Nous voulons
être comme toutes les nations qui
vivent autour de nous "! " ?
Du point de vue d'Adonaï ( le Seigneur )
n'est-ce pas la trahison de l'Alliance sainte? Ce "
retour en politique " au lendemain de la Choah
perpétrée par un peuple " chrétien"
, ne doit-il pas inévitablement
générer une série infinie
d'injustices, de crimes, de mensonges, de larmes et de
sang? D'autant plus que le " réveil " actuel de
l'Islam et de ses politiques, elles aussi antichristiques
et diaboliques, mondialisent une terreur sans
équilibre possible!
** Heureusement que le Dieu qui a "
élu" Israël aime aussi et
sauvera tous les " fils d'Ismaël" ....
Par ce " Fils unique" inséparable du Père
qui est aux cieux ! ( Genèse 16. 20
à 27 ). Aussi vrai que, dans sa " colère"
il est libre de livrer à leurs inéluctables
conséquences les logiques mortelles et infernales
des Nécessités et des Fatalités
politiques, militaires, financières et
idéologiques, aussi vrai il est libre, dans son
Amour, de mettre d'un seul coup le point final
à la Nuit et à la Mort par la
soudaine arrivée " d'en Haut" de ce soleil
levant qui " fera
miséricorde à tous" (
Romains 11 . 32 )
** Tel est le proche avenir de
Jérusalem: la venue" d'en-haut ( de Dieu) de la
jérusalem nouvelle se substituant à la "
Jérusalem d'en bas" ( toujours " esclave", selon
l'apôtre Paul: ( Galates 4 . 24 à 31 )
Tel est l'ultime dénouement de la
tragédie du peuple d'Israël et la consolation
pour toujours de tous les Juifs, haïs par tous les
hommes.
Tel va être le triomphe de la politique divine
par l'avènement final du Christ Jésus: La
souveraineté du "Fils de l'Homme "
s'exerçant en forme de Pardon
immérité sur tous les habitants de la
Terre, les vivants et les morts.
Tel va être le parfait accomplissement des
promesses prophétiques du livre de Daniel ( 4
à 7 ) et du livre de l'Apocalypse ( 13 à 20
) annonçant le jugement dernier et la destruction
éternelle des Grandes Puissances mondiales et des
Blocs impériaux et impérialistes qui
règnent et qui dominent.
Alléluia, Seigneur, pour cet Evangile de
Jésus !
Georges SIGUIER 1920--2016
(Pasteur, Église réformée de France)