4°- De Pépin
le Bref à
Napoléon .
-Pépin le
Bref,
roi des Francs,
fait cadeau au pape Étienne II de vastes
territoires en Italie. ( 756 )
C'est le début de
l'État pontifical: 754. Un an auparavant,
comme par hasard, on avait découvert un soi-disant
" acte de donation de Constantin" qui accordait de grands
privilège à l' évêque de
Rome. Or cet écrit n'était qu'un faux
!
Comment un serviteur
de l'Évangile du Christ peut-il et ose-t-il
être un chef d'État?
- L'appel à la
Croisade ( 1095 )
est, pour la
première fois;, lancé à Clermont (
Auvergne ) par le pape Urbain II.. Il exhorte
tous les chevaliers à unir leurs forces pour aller
délivrer Jérusalem et les lieux saints du
joug des musulmans.
" Dieu le veut !"
Jaillit de toutes les poitrine. Au terme de
l'expédition, en 1099, voici ce que raconte
l'auteur de " l'Histoire anonyme de la première
croisade":
" Tous les
défenseurs de la ville s'enfuirent des murs
à travers la cité et les nôtres les
pourchassèrent en les tuants et les sabrant
jusqu'au Temple de Salomon, où il y eut un
tel carnage que les nôtres marchaient avec du sang
jusqu'aux chevilles.... Puis les nôtres
allèrent adorer le Sépulcre de notre
Sauveur Jésus"
Telle est la guerre
sainte des pagano-chrétiens d'Occident:
l'assassinat de masse accompagné de
l'adoration.!
- la croisade contre
l'Église Cathare et les
"Albigeois"
(
1209-1244) eut pour
point de départ et pour prétexte,
l'assassinat du Légat du pape dans le Lauragais.
Le pape Innocent III lance un appel à la
croisade contre l'hérésie et contre le
comte de Toulouse dont les riches terres
s'étendent de la Guyenne à la Provence. On
croirait entendre Urbain II:
"En avant donc,
chevaliers du Christ ! Nous vous promettons la
rémission de vos péchés.
Appliquez-vous à détruire
l'hérésie par tous les moyens que Dieu vous
inspirera, avec plus d'assurance encore que contre les
Sarrasins. pour ce qui est du comte de Toulouse,
chassez-le, lui et ses complices.
Dépouillez-les de leurs terres, afin que des
habitants catholiques y soient substitués aux
hérétiques
éliminés...."
C'est cela, la
"Chrétienté", cette magnifique
collaboration du Pouvoir ecclésiastique et du
Pouvoir temporel ! Et c'est ainsi que, peu à peu,
s'est faite la Nation française et sa grandeur: la
croix cousue sur les toges des militaires
!
- Jeanne d'Arc ( 1412-1431
),
Chef de guerre contre
les Anglais, elle fit sacrer à Reims le roi de
France Charles VII. Condamnée au bûcher par
un évêque, elle fut plus tard
canonisée. Objet d'un culte national lors de
la guerre de 1914-1918.
Mais comment donc
être à la fois chef de guerre et
vénérée sans problème comme
l'icône de la France chrétienne et
l'héroïne chrétienne exemplaire? !
C'est de la chrétienté et de ses confusions
qu'elle est la figure emblématique.
- Martin Luther ( 1483-1546
),
est le
réformateur allemand qui inspira et conduisit le
grand renouveau spirituel de l'Église au
début du 16° siècle. mais le
succès de la Réforme ne mit nullement un
terme au système de
Chrétienté. Ces nouvelles
Églises se mirent sous la dépendance des
Princes, participèrent aux guerres
politico-religieuses et inaugurèrent de nouvelles
versions, modernisées et protestantes, de
l'alliance du sabre et du goupillon. Guillaume II,
le prussien luthérien de 1914-1918, n'était
pas en ce domaine sans affinités avec Hitler
!
Comment a-t-il
été possible que Luther ait a la fois
tellement réformé la vie ecclésiale
et conservé l'idéologie du Moyen-Age dans
le domaine politique? Les luthériens actuels ont
honte des propos antisémites de Luther et des
encouragements qu'il a donnés aux Princes
lorsqu'ils ont sauvagement réprimé la
révolte des paysans.
- Jean Calvin ( 1509-1564
)
a été
un des principaux réformateurs dans les pays de
langue française. Les réformés
( ou presbytériens ) sont les héritiers de
ce réveil spirituel du 16° siècle.A
Genève, Calvin a voulu organiser la cité en
République théocratique
où, par le biais des magistrats protestants, la
Bible aurait dirigé toute la vie sociale,
politique, morale et culturelle de la
société. Or ce rêve-là et ce
genre de projet est exactement l'erreur séculaire
de la Chrétienté, aussi bien dans
l'Église latine que dans l'Église grecque (
orthodoxe ): superposer et identifier l'une à
l'autre la société civile et
l'Église est le contraire de ce que veut
Jésus, c'est à dire
"
faire des disciples dans toutes les
nations" et nullement
imposer le " christianisme" à tous les individus
qui composent une collectivité naturelle ( peuple,
nation, patrie, empire,et c...)
Dés lors
comment comprendre qu'un théologien comme jean
Calvin ait pu, en même temps, conserver un " esprit
de chrétienté" au point de livrer au
bûcher un soi-disant " hérétique ",
Michel Servet, déjà pourchassé par
l'inquisition ?!
- Le cardinal de Richelieu (
1585-1642 ) a
été, en France un important homme
d'État, créateur de l'absolutisme royal et
vainqueur du Parti Protestant qui tentait de former un
État dans l'État. C'est lui qui obtint
la reddition de deux places fortes protestantes, La
Rochelle et Montauban.
Mais comment donc,
sans être schizophrène, concilier dans sa
conscience le rôle de chef des armées ( au
sommet du Pouvoir politique ) et le rôle d'un
cardinal ( au sommet de la hiérarchie catholique )
? ! Idem pour Mazarin ( 1602_1661 )
- Le sacre de
l'Empereur. Le 2
décembre 1804,
à Notre Dame de paris, eut lieu le sacre solennel
de napoléon I°, par les soins du pape Pie
VII, venu de Rome. La messe se déroula avec
une pompe digne des plus grands roi de France.
L'Empereur, quasi-divinisé, occupait le
centre de la scène, devant un
arrière-plan de robes ecclésiastiques et
d'uniformes militaires
rutilants... L'épée, le sceptre,
le globe et la main de justice furent bénis par le
pape qui les remis à Napoléon.... Puis
l'Empereur prit lui-même la couronne sur l'autel et
se la posa sur la tête.... Après quoi
il plaça un diadème sur le front de
Joséphine agenouillée sur les marches de
l'autel, cependant que les choeurs entonnaient le " Vivat
Augustus in aeternum" ... ( Daniel Rops " histoire de
l'Église tome IX page 132 )
L'épiscopat
vassalisé accepta le catéchisme
impérial que Napoléon voulait imposer dans
tout l'Empire.
Dans les
précisions sur le 4° commandement, ce
catéchisme disait à propos de
l'obéissance due à César:
" Notre
Empereur est devenu l'Oint du Seigneur par la
consécration qu'il a reçue du Souverain
Pontife, chef de l'Église universelle".
Ainsi, c'est toujours
l'appel à l'obéissance que César et
Jésus règnent ensemble. pourtant cela
ne marche que par le consentement massif des consciences
individuelles séduites par un enseignement
mensonger.
Comment une telle
séduction est-elle possible? Et comment le vrai
Jésus ressuscité peut-il supporter pendant
tant de siècles la continuelle
répétition d'une pareille insulte contre
lui? !
Georges SIGUIER 1920--2016
(Pasteur, Église réformée de France)