L'ÉGLISE A-T-ELLE UN AVENIR ?
Qu'est-ce que
l'Église?
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Dans le Nouveau Testament, la réalité
désignée par ce mot " église" n'a
rien "d'ecclésiastique" , si j'ose dire . Le
mot est laïque, dans le langage courant, parlant du
"peuple ( " laos", en grec). En effet l'"ecclesia" (
en grec ) est une assemblée du peuple qui se
réunit sur invitation ou sur
convocation.
Ce mot "ecclesia" est
formé du verbe grec qui signifie "
appeler, convoquer..",
précédé de la
préposition " ek" qui veut dire " hors
de, du milieu de...." Donc : les citoyens de
l'assemblée ecclésiale sont les
gens appelés du milieu de la
foule.
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Ce n'est pas un rassemblement qui se produit par
hasard. Ainsi lorsque le Nouveau Testament emploie ce mot
" église" il parle de l'assemblée locale
des disciples de Jésus, assemblée
convoquée par le Seigneur ressuscité
désireux de rencontrer les siens en unité
de communion fraternelle.
Les mots "congrégation" et " synagogue" sont
à peu près synonymes mais c'est le mot "
assemblée" que je propose de bien
garder présent à l'esprit en lisant les
pages de cet exposé très succinct.
Certes il est essentiel d'ajouter vite ceci:
L'église dans le Nouveau Testament vient
d'être définie comme la réunion
régulière des chrétiens d'une
localité ou d'un grand quartier d'une
métropole ( par exemple Rome ou Corinthe ou
Alexandrie...). Le nombre de participants est alors
restreint puisque les Actes des Apôtres et les
Lettres indiquent toujours, comme lieu de la
réunion soit une maison soit une " chambre haute"
à l'étage d'une maison, soit un local
loué à un propriétaire. Statut
précaire , en somme!
Mais les textes emploient aussi le mot "
église" dans un sens bien plus large (
méritant en français la majuscule pour la
première lettre !). L'Église est, dans
ce cas, l'Assemblée mondiale et
universelle qui transcende infiniment la petite
assemblée locale. Ce grand Ensemble ( ce " grand
Israël de Dieu" ) déborde les cadres de
l'espace et du temps puisqu'en font partie des
défunts aussi bien que des vivants et que son
rassemblement physique au complet est présentement
impossible. Cette " Église", au singulier, est le
peuple messianique du Christ Jésus, son "
Corps".
N.B. Le pluriel ( les
églises) fait référence
à la multiplicité des
assemblées locales et non à une
pluralité de dénominations dont
chacune aurait sa propre assemblée: A
Ephèse, par exemple, il n'y avait pas
juxtaposées, une église
catholique, une église protestante et
c. !!
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On se moquerait donc de moi, avec raison, si je disais
que, d'après le Nouveau Testament cette
Église universelle est la somme, l'addition de
toutes les "églises " dénominationnelles
actuelles ( Église catholique romaine +
Église orthodoxe russe +Église d'Angleterre
+ Église luthérienne de Suède +
Église réformée de France +
Église évangélique libre
+Église méthodiste + Église
salutiste + et c...et c..= le Corps de Christ ) !!
Étrange somme en effet ! De même on croirait
que je plaisante si je soutenais l'idée que tel
groupe minuscule, recruté par un " berger" auto
proclamé, possède en lui même la
plénitude de "l'Église de Jésus
Christ", sous prétexte que Jésus a dit:
"là où 2 ou 3 sont réunis en mon
nom, je suis au milieu d'eux".
Mais je ne plaisante pas du tout si j'ose affirmer que
chacun de ces Ensembles, nommés " Église "
depuis de longs siècles, n'est aux yeux du Chef de
l'Église ( Jésus) qu'une
secte, au sens courant et péjoratif
de ce mot, c'est à dire un organisme
séparateur. On le comprend, si
l'unité inaltérable de l'Église
indivisible du Messie Jésus est contenue et
impliquée nécessairement dans les diverses
désignations employées par le Nouveau
Testament on le comprendra aisément à la
simple énumération des diverses expressions
qui, dans le Nouveau Testament désignent
l'Église: Elle est " le peuple de
Dieu", " la nation sainte",
"le royaume sacerdotal", " le
corps du christ", " le troupeau du Messie
Jésus", " l'épouse sans
tâche" " la Jérusalem
nouvelle"," le vrai temple",
la " communauté" eschatologique (
des derniers temps) du Saint Esprit et c... N'oublions
pas d'ajouter d'autres passages dans lesquels, si le mot
" Église" ne figure pas, la réalité
en est décrite avec une profondeur remarquable. Je
ne veux citer que le chapitre 15 de l'évangile de
Jean où l'allégorie de la
vigne développée par Jésus
souligne à la fois l'union de chaque sarment avec
le cep et l'unicité exclusive de cette vigne (
Israël) dont Jésus dit: " la
vigne, c'est MOI ".
Par conséquent, deux conséquences
majeures doivent être tirées des
définitions que le Nouveau Testament nous donne de
l'Église ( au singulier: l'assemblée locale
et toujours au singulier mais au niveau universel: le
Corps du Christ ressuscité qui prépare et
hâte son Avènement).
1° L'Eglise-Une existe. Elle
est la réalité créée par la
mort et la glorification du Messie
d'Israël. Personne ne peut créer cette
unité qui existe déjà. Aucun "
oecuménisme" ne saurait sans trahir Jésus
envisager de " faire l'Eglise-une" !
Par contre, pratiquer le refus des divisions et des "
dénominations" qui dénaturent l'Eglise-une
est la tâche de chaque chrétien.
2° En effet ( deuxième
conséquence ), entre l'unique Ensemble universel
et éternel du Corps du Christ et chaque
église locale où vit ce Corps, rien ne peut
justifier l'existence de corps
ecclésiastiques intermédiaires (
internationaux ou nationaux, hiérarchisés
et institués juridiquement, en juxtaposition et en
compétition les uns avec les autres), ce qu'on ose
désigner par le même mot, le mot " Eglise".
Hérésie commune que ce pluriel de ces six
ou sept " Églises locales" de ma petite ville,
donnant l'image d'un Jésus aux six ou sept
Epouses!
Il est donc extrêmement regrettable que chaque
dénomination chrétienne, en chaque lieu de
la planète, persiste à se désigner
officiellement comme " Eglise locale".
En effet l'Eglise locale, c'est à dire
l'Eglise-Une de Jésus localisée à
Mazamet, par exemple, ne peut absolument pas être
autre chose que l'ensemble de tous ceux qui
croient en Jésus, sans discriminations ni
divisions. C'est ainsi que le Seigneur voit les choses,
et c'est ainsi qu'il les veut, même si l'Histoire
en a décidé autrement et même si les
héritiers actuels de cette tare
héréditaire en sont les prisonniers,
souvent inconscients.
On se trouve ainsi en présence de plusieurs
filiales ou succursales d'institutions nationales (
E.R.F. Eglise Réformée de France par
exemple) ou internationales ( Armée du Salut,
Eglise Romaine, Témoins de Jéhovah....)
qui, chacune pour sa part, morcellent, démembrent,
divisent et dispersent le Corps du Christ. La
tentation est grande, d'objecter à cela: "
Pourquoi ne pas nommer " Eglise", par exemple, la
paroisse " réformée" de Mazamet, comme cela
s'est toujours fait? Pourquoi voir un problème
dans le fait que, dans un rayon d'un ou deux
kilomètres, on peut voir coexister cinq ou six
"églises locales" de confession
particulière, chacune s'affichant comme Eglise "
de Jésus Christ"? N'est-ce pas une querelle
de mots? N'est-ce pas "couper les cheveux en quatre"?
L'essentiel n'est-il pas de vivre en bons rapports de
voisinage?"
Et bien non! Je refuse que le fait devienne le
droit. Je refuse que ce qui existe soit
considéré comme étant ce qui doit
être. Je refuse d'admettre que la juxtaposition
locale "des " Églises
séparées soient considérée
comme normale par les autorités
ecclésiastiques, ( tout en répétant
par ailleurs que "la division des chrétiens est un
scandale" ...) J'ose redire que toute "
dénomination " ecclésiale est un
péché, et un péché
institué, établi, légalisé,
légitimé par le Pouvoir politique et
justifié par les clercs. Et, en cette affaire il
me semble très grave de jouer sur les mots en se
servant du terme " Eglise" selon le Nouveau Testament
pour parler de notre "dénomination"
qui est une " dénaturation" de cette
Eglise. Pour le dire j'en appelle à
l'autorité de l'apôtre Paul s'opposant
violemment à la dislocation de l'Eglise locale par
les dénominations naissants et
menaçantes:
" A
l'assemblée de Dieu qui est à
Corinthe: J'ai appris qu'il y a des
rivalités parmi vous. Je
m'explique; chacun de vous parle ainsi: "
_Moi j'appartiens à Paul"_ " Moi
j'appartiens à Apollos"_ Moi à
Céphas "_ " Moi à Christ" ! Le
Christ est-il divisé? Est-ce Paul qui
a été crucifié pour
vous? Est-ce au nom de Paul que vous avez
été baptisés?
... Puisqu'il y
a parmi vous des rivalités et des
querelles, n'êtes-vous pas charnels et
ne vous conduisez pas de façon toute
humaine? Quand l'un déclare: " moi
j'appartiens à Paul" et l'autre " moi
à Apollos", n'agissez-vous pas de
manière toute humaine? Qu'est-ce
donc qu'Apollos? Qu'est-ce que Paul? Des
serviteurs par qui vous avez
été amenés à la
foi; chacun a agi selon les dons que le
Seigneur lui a
accordés...
C'est
ensemble que nous travaillons
à l'oeuvre de Dieu, et c'est vous qui
êtes le champ que Dieu
cultive, la maison qu'il
construit.... C'est vous qui êtes
le temple de Dieu et en vous en
vous que l'Esprit habite. ....Par
conséquent tout est à vous:
Paul, Apollos, ou Céphas, tout vous
appartient, à vous ! Et c'est à
Christ que vous appartenez, et Christ
appartient à Dieu...
Ne prenez donc pas
le parti d'un serviteur contre un autre
serviteur."
( 1° Lettre aux Corinthiens,
chapitres,2,3, et 4.)
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N.B. Apollos, juif
d'Alexandrie, missionnaire et
prédicateur, savant et
éloquent. Céphas est
l'Apôtre "Pierre", Simon fils de
Jonas..
Les chrétiens de cette "Eglise
locale" se mettent à se regrouper en "
appartenances " rivales et esquissent leur
division en " dénominations" ( autour
de " noms", d'identités
rivales juxtaposées)= Paul
réagit.
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Chrétiens d'aujourd'hui: ne sommes-nous pas
charnels, n'agissons-nous pas de façon toute
humaine en perpétuant nos dénominations "
d'Églises" et en maintenant nos " appartenances"
identitaires autres que la seule et unique appartenance
au Christ Jésus?
Les serviteurs actuels de l'Évangile ne
doivent-ils pas défaire ce qu'ont fait,
après la mort des apôtres fondateurs, leurs
lointains prédécesseurs?
Ou bien est-ce trop
tard?
E. Drewermann
" Jésus n'a jamais voulu des
médiateurs de Dieu
fonctionnarisés".
( Entretien Jacques Gaillot et
E. Drewermann dans Golias N° 99 (
nov. dec. 2004 page 25 et SS
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suite : 9120-avenir.htm