Etre un
Dieu sans pouvoir
Telle est la
théocratie
terrestre ( mode de gouvernement
où un dieu exerce son pouvoir ) du Dieu des
juifs, le Dieu biblique qui s'affirme lui-même le
créateur des cieux et de la terre, l'unique
seigneur et souverain de l'Histoire, le Père
tout-puissant.
( credo des Églises
)
A l'inverse, la recherche et la
possession du Pouvoir par le chrétien et par les
Églises est carrément l'apostasie ( abandon
de la foi authentique ) c'est à dire la perversion
du christianisme. Albert Jacquard voit juste
lorsqu'il écrit:
" Il était certes
nécessaire, au temps de Paul, de devenir
réaliste; une structure, une Église
était peut-être nécessaire. Mais
le danger était grand de mettre cette structure au
service de l'efficacité plus qu'au service de la
lucidité. L'histoire de l'Église
romaine montre qu'elle a souvent succombé à
la tentation de préserver son pouvoir, quitte
à desservir la vérité dont elle se
dit porteuse. L'aboutissement a été la
prise du pouvoir temporel par l'Église grâce
à la conversion de l'empereur Constantin en
325. Mais, ainsi que le fait remarquer le
théologien Jean Cardonnel: " quand le pouvoir
devient chrétien, ce n'est pas le pouvoir qui se
christianise, c'est le christianisme qui prend tous les
plis du pouvoir" . les exemples , hélas sont
nombreux. pour n'en citer que deux parmi les plus
récents et les plus inacceptables, rappelons pour
le 19° siècle le " catéchisme
napoléonien" diffusé par l'Église de
France avec l'accord de Rome, et pour le 20°
siècle le silence du pape Pie XII face à la
tragédie du peuple juif, dernière
concrétisation historique du concept monstrueux de
" peuple déicide". Non, il est impossible de
présenter l'Église comme
saint. Mêler la " foi" en Dieu et la croyance
en l'Église est, de toute façon, une
confusion des genres qui ne peut que camoufler une
imposture."
( Albert Jacquard, " Dieu?"
éditions Stock-Bayard 2003, pages 114 et 115
).
Une autre étude sera
nécessaire pour faire une approche historique de
cette imposture : " le livre noir de la
chrétienté"
Mais restons-en pour l'instant
à la question que pose inévitablement le
titre de ce paragraphe; " Etre un dieu sans pouvoir" ?
Comment ce Seigneur, ce Père tout-puissant,
créateur unique de la terre et des cieux, peut-il
" être" un Dieu sans pouvoir ?
S'il est sans pouvoir n'est-il pas
évident qu'il n'est pas tout-puissant ?
L'Évangile sait répondre: il a plu
à Dieu d'être sur la
terre un Dieu sans pouvoir. Ce "
tout-puissant" est tellement Amour qu'il
veut renoncer à son
pouvoir, pour être un Dieu sans
Pouvoir. Il le peut, il le veut, il le
fait. Il le fait en
Jésus son 'Fils unique".
Georges SIGUIER 1920--2016
(Pasteur, Église réformée de France)