De quoi s'agit-il? Le mot
était autrefois d'un usage courant. Le mot "
christianisme" en est proche.
Ces deux termes, bien sûr, viennent du mot
Christ.
Le mot est défini par nos dictionnaires de la
façon suivante:" Ensemble des peuples
chrétiens, et des pays où le christianisme
domine" ( Petit Robert) . " Ensemble de tous
les pays et de tous les peuples chrétiens". (
Larousse ). C'est en ce sens qu'on parle de
"chrétienté occidentale" puisque c'est en
Europe puis en Amérique que ce type de
société a été, pendant des
siècles, et dominant...et
dominateur. Mais le mot a été
souvent employé comme synonyme du mot "
Église chrétienne", notamment par le
réformateur allemand Luther.
Les divers emplois du mot nous mettent
déjà sur la piste de la grave
déformation qui a perverti la communauté
mondiale de Jésus depuis les tous premiers
siècles.
Je résumerai cette déformation de la
façon suivante: l'Église ( la sainte
assemblée messianique) a voulu investir toute la
société civile et placer celle-ci sous sa
domination,elle a voulu y occuper tout l'espace (
pensée, culture, éducation, art, morale,
politique et c...) et elle y a en partie
réussi. Ce faisant elle croyait bien faire, "
évangélisant" tout homme et " sanctifiant"
le tout de l'homme,son esprit, son âme et son
corps, sa vie, sa mort, son salut... L'Église, en
grande partie, le croit toujours aujourd'hui. Or cette
confusion et cet amalgame entre Église et ce monde
se traduit toujours, en fait par la "paganisation" et la
" mondialisation" de l'Église de Dieu.
Une "société chrétienne" ne peut
être qu'une caricature de la vraie
communauté des " fils du Royaume", une
subversion. Telle est la chose qui est
désignée par le mot
"chrétienté".
Pour aller un peu plus loin, permettez-moi de tenter
une définition qui nous aidera à comprendre
le double caractère, religieux et politique de la
chrétienté. A mon avis il y a lieu de
distinguer deux choses: d'une part l'histoire,
d'autre part la théologie.
D'abord l'histoire: la
chrétienté, surtout à partir du
4° siècle, a été une
réalité européenne, qui a pris
naissance peu à peu, s'est
développée lentement, a eu
différents visages et s'est imposée
partout, y compris dans les deux Amériques
à partir du 16° siècle.Elle a eu une
histoire, et tous nos livres d'histoire nous en font le
récit. Et cette histoire continue,dans le monde
entier. Elle n'est pas morte, la
chrétienté, en dépit de la loi
française de 1905 sur la séparation de
l'Eglise et de l'Etat !
Ensuite la théologie: au point de
départ trés ancien et à la base
permanente de la construction historique, il y a une "
théologie", c'est à dire un système
de pensée, une idéologie à la fois
religieuse et politique, une compréhension
biblique et dogmatique sur laquelle repose tout
l'édifice. Le plus parfait exemple de cette
idéologie "chrétienne" est l'ensemble des
dogmes de l'Eglise catholique romaine( ou " Eglise
latine" distincte de l'Eglise orthodoxe grecque).
Là, il y a même un "Droit canon" qui fait
loi sur cette "chrétienté" trés
élaborée.
Mais le système de chrétienté se
trouve à la base de toutes les églises
protestantes et Evangéliques, il est inscrit dans
leurs constitutions et leurs règles comme dans leur
" théologie politique". D'où une
étrange " unité" inconsciente dans
l'hérésie commune
invétérée: le Christ et "
César" doivent être servis et obéis
conjointement , ensemble !
N'est-ce pas le point précis où il
faut crier " Stop!" ?