Importantes distinctions
Le
Politique:
En employant le masculin singulier de ce substantif,
je parle d'un domaine de la réalité humaine
collective, de la sphère des relations
entre individus ou groupes dans la " cité
terrestre". De la même façon on dit,
le " social", le "
pénal", le " religieux". et c
...Le politique et le social
notamment, constituent une dimension de la condition
humaine dans laquelle chaque être humain se trouve
qu'il le veuille ou non. Chacun vit dans ce monde et dans
la cité des hommes: non pas au ciel, non pas dans
les nuages, mais dans le
politique. Seule la mort nous fait sortir de ce
monde-là, qui est à la fois global et
local.
Donc tout chrétien, tout juif, tout citoyen du
monde, tout apatride, tout ermite vit et agit avec, par
et pour la réalité du politique dont il est
nécessairement partie prenante. Toute
évasion n'est qu'illusoire.
La
Politique
:
au contraire, est " l'art et la pratique du
gouvernement des sociétés humaines
( État, Nation )" . ( Dico Petit Robert ). C'est "
l'organisation et l'exercice du Pouvoir dans une
société organisée". Jean Jacques
Rousseau écrivait: " Le principe de la vie
politique est dans l'autorité
souveraine". Faire de la politique consiste
donc à exercer les pouvoirs
souverains ou à chercher à
les exercer, par exemple en militant dans un parti ou en
fomentant un coup d'État. L'homme politique,
la femme politique est la personne qui se livre à
cette activité et qui peut-être en fait sa
profession. C'est un acte politique qu'accomplit le
citoyen français lorsqu'en ce mois de juin 2004,
il dépose dans l'urne son bulletin de vote pour
les élections européennes: il fait de
la politique. Il y a soixante ans, les
soldats parachutés sur les côtes normandes
faisaient de la politique.
Or, Jésus a fait de la politique ...en
proclamant l'arrivée du " Royaume de Dieu" et en
se laissant crucifier. Oui, c'est sûr ! Mais
voilà: c'était la politique de son "
Père ", le Seigneur d'Israël, qu'il faisait
et mettait en oeuvre, victorieusement.
Le propre du pouvoir
politique .
Le propre de la politique, nous
venons de le voir, c'est le Pouvoir,
à exercer ou à prendre. Ce Pouvoir, dans
nos pays, chaque chrétien tient à
l'exercer, en tant que " citoyen", même si, de loin
en loin, son bulletin de vote ne pèse qu'un tout
petit millionième de poids politique, le
chrétien " normal" tient à exprimer ainsi
sa volonté d'exercer le Pouvoir souverain. Le
peuple est le Souverain. C'est par ce biais, par exemple,
qu'il confie au Chef de l'État français le
soin de préparer et d'employer la force
armée nationale, y compris et surtout la force de
frappe nucléaire capable d'exterminer des milliers
d'innocents en quelques instants.
Chaque chrétien formé au civisme de la
cité humaine ( Babel, Babylone...) joue ainsi le
rôle d'un " César" ( l'Empereur qui se veut
Dieu ). Certes, c'est un minuscule César !
Mais l'intention y est, et la disponibilité pour
le crime et la terreur y est aussi. Volonté
unanime d'exercer le Pouvoir politique souverain pour que
la Nation ( ou l'Europe! ) soit une Puissance, une "
grande Puissance qui compte " sur la scène du
grand Chaos international livré aux
Démons.
Or Jésus, notre Chef, a
refusé le Pouvoir politique ! Il s'y est
totalement et radicalement dérobé ! Il est
mort de ce Refus. Mais son Dieu approuve,
bénit et fait sien ce grand Refus! Tout au long
des Évangiles les instructions que Jésus
donne à ses disciples nous poussent à
l'amour des ennemis, par le renoncement à toute
violence meurtrière et à toute
volonté de puissance dominatrice. Ces instructions
civiques détournent les citoyens de la cité
à venir ( le " Royaume" ) de la politique
asservissante des Grands de ce monde. Elle les
tournent vers la Politique de Dieu pour qu'ils s'y
conforment dés maintenant, en
ce monde et en sa faveur.
Est-ce de la folie aux yeux de ce monde ? Oui, bien
sûr !
L'idéologie
commune.
Tout ce qui précède nous permet de
déceler le principe essentiel et le fondement
idéologique communs à toutes les politiques
de toutes les sociétés humaines. Depuis la
" horde primitive" jusqu'à notre actuelle "
communauté internationale", c'est la même
idéologie universelle ( d'ailleurs de nature
subrepticement religieuse: la vie du groupe est "
sacrée " ! ). C'est toujours le même
principe fondamental que je tente ici d'énoncer de
la façon suivante:
Tout groupement stable d'êtres
humains a pour volonté essentielle
commune de persévérer dans son
existence collective et de défendre sa
vie contre tout ce qui la menace. Son
principe moral fondamental est donc d'assurer
la sécurité et le bien commun
de la collectivité par tous les moyens
appropriés, y compris la force des
armes. La politique de toute
société humaine, quelle qu'elle
soit, repose donc sur cette
idéologie. Elle se met en oeuvre
à partir de cette nécessaire et
implacable logique. Quiconque y fait
objection est un traître et est
forcément exclu de la
communauté.
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Seule la politique du Dieu d'Israël et
l'éthique subversive de son serviteur Jésus
ont brisé cette logique-là et cette "
Nécessité" inexorable. Du même coup
était dévoilé le caractère "
diabolique" de ces principes et de ces systèmes de
" valeurs" politiques. Il y a donc antinomie
insurmontable entre la politique des hommes et celle du
Christ. Nier cette antinomie est l'oeuvre "
Antichristique" par excellence du " Satan", le "
père du mensonge".
Georges SIGUIER 1920--2016
(Pasteur, Église réformée de France)